96
CHRONIQUE DE'S ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Société d’Archéologie s’émurent du danger. Saisies
de la question par M. Des Marez, archiviste de la
ville, elles déclarèrent souhaitable de conserver ces ves-
tiges du passé d’autant plus précieux pour Bruxelles,
que la fureur des démolitions avait peu à peu sup-
primé toutes les autres belles constructions conven-
tuelles, si nombreuses autrefois. Un article documenté
fut publié par M. Des Marez dans la revue Techné
(28 décembre 191 1) et une campagne habilement
commencée, bien conduite, et vigoureusement sou-
tenue par l’opinion publique parvint, fait sans précé-
dent, à avoir raison de trois ministères, la Guerre,
l’Intérieur, les Travaux publics, qui avaient pris pos-
session des dépendances de l’abbaye. Il fut décidé que.
la paroisse Saint-Philippe de Néri se transporterait à
La Cambre, où la chapelle, le cloître, et les bâtiments
abbatiaux transformés en presbytère, trouveraient une
utilisation parfaite; de plus toute construction ayant
quelque intérêt artistique serait, ainsi que les jardins,
conservée. Une société, les « Amis de La Cambre.»
était fondée et aidait puissamment à l’obtention de ces
importants résultats.
Jamais du reste, sollicitude artistique ne s’était
plus justement appliquée. Comme nous l’avons dit,
l’ensemble des bâtiments qui constituaient la célèbre
abbaye est encore debout ; des réparations seront
nécessaires, mais aucune reconstitution n’est à envi-
sager, et il suffira de conserver ce que les siècles
•passés nous ont légué. C’est avant tout, la belle
église abbatiale du xve élevée au moment où fut
remplacée la primitive abbaye du xme et qui dans un
dessin du xvie de Hans Bol figure déjà dans son état
actuel, avec sa longue nef très simple éclairée par
une série de fenêtres ogivales. Puis le palais abbatial
construit en 1760 dans un style classique calme et
noble, et qui clôt si bien de sa sévère ordonnance la
grande cour d’honneur ; les autres faces, sont formées
par des bâtiments datant probablement du xve, mais
plus ou moins remaniés au xvme siècle. — Attenant
à l’église un cloître reconstruit au xvne après les
troubles religieux et que la gravure de Sanderus dans
la .« Chorogiaphia sacra » nous montre, avec les buis
taillés et les pelouses rectilignes qui garnissaient sa
cour; à côté, un réfectoire, puis d’autres dépendances.
Enfin, et c’est là un des charmes particuliers de cet
ensemble, de beaux j.ardins entourent encore l’abbaye ;
on y trouve l’étang et le vivier, des terrasses étagées
auxquelles conduisent de larges escaliers Louis XIV,
et que précède une porte monumentale datant du
xvme siècle : tout ceci, ouvert dans quelques mois
au public, deviendra une des plus pittoresques pro-
menades de Bruxelles.
Cette lutte pour la conservation de La Cambre est
caractéristique de l’amour que nos amis Belges, si
pratiques, si actifs cependant, portent aux souvenirs
du passé. 11 y a là un exemple pour toutes les villes
qui, possédant des reliques anciennes, désirent avec
juste [raison s’assainir ou s’étendre. L’abbaye de La
Cambre, au milieu de l’un des quartiers les plus mo-
dernes de Bruxelles, restera l’évocation très belle et
très complète de l'un de ces grands domaines qui
jouèrent un rôle prépondérant dans la première civili-
sation des Pays-Bas. — Le plus lointain passé s’unit
ainsi au présent pour l’embellir encore, l’expliquer
bien souvent.
Édouard Michel
NÉCROLOGIE
' Le 12 juin est mort, à Paris, où il était né,
M. Edouard Loviot, ancien prix de Rome d’archi-
tecture(i 874), chevalierde la Légion d’honneur, auteur
de la grande salle des fêtes installée dans la Galerie des
Machines à l’Exposition universelle de 1900, qui lui
valut la médaille d’honneur au Salon de 1899 ; — vers
la même date, à Paris, la baronne Alix d’Anethan,
artiste peintre ; elle avait été l’élève de Puvis de Cha-
vannes, et son atelier fut le centre d’un groupe d’ar-
tistes, parmi lesquels Degas et Stevens ; — vers le
22 juin, à Paris, où il était né en 1855, le peintre
militaire E^-Jean Delahaye, membre de la Société
des Artistes français, titulaire d’une médaille d’argent
à l’Exposition universelle de 1889; — à Bou-Saada
(Algérie), à l’âge de 64 ans, le peintre Antoine
Druet.
-—j»-
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de peintures de MM. Adrion, Dori-
gnac, Foujita, Heuzé, Kerraadec, Langevin,
Limbourg, Makowski, Marcel Lenoir, galerie
Chéron, 56, rue La Boëtie, jusqu’au 3 juillet.
Exposition de peintures de M. M. Niekerk, 18,
quai d’Orléans, jusqu’au 4 juillet.
Exposition d’un groupe de Peintres anglais mo-
dernes, galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'au 8
juillet.
Exposition du 31e concours de composition déco-
rative et industrielle, au Musée des Arts décora-
tifs, 107, rue de Rivoli, jusqu’au 20 juillet.
Exposition du Théâtre romantique, Musée
Victor-Hugo, place des Vosges, jusqu’en octobre.
Exposition d'œuvres des Maîtres de l’Ecole de
1830 et de l’Impressionisme, galerie Barbazanges,
109, rue du faubourg Saint-Honoré.
Exposition de peintures à l’eau de M. Fichet,
galerie Manuel, 27, faubourg Montmartre.
Province
Langres: 16e Exposition des Beaux-Arts et des
arts décoratifs, jusqu’au 17 juillet.
Clermont-Ferrand : Exposition des Beaux-Arts,
à l’Hôtel de ville, en juillet.
Strasbourg: Exposition des dessinateurs alsa-
ciens du XIXe siècle, salle d’exposition des musées
municipaux, Pont du Corbeau, ;usqu au 19 juillet.
L’Administrateur-Gérant: Ch. Petit.
Chartres.
Imprimerie Durand, rue Fulbert.
CHRONIQUE DE'S ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Société d’Archéologie s’émurent du danger. Saisies
de la question par M. Des Marez, archiviste de la
ville, elles déclarèrent souhaitable de conserver ces ves-
tiges du passé d’autant plus précieux pour Bruxelles,
que la fureur des démolitions avait peu à peu sup-
primé toutes les autres belles constructions conven-
tuelles, si nombreuses autrefois. Un article documenté
fut publié par M. Des Marez dans la revue Techné
(28 décembre 191 1) et une campagne habilement
commencée, bien conduite, et vigoureusement sou-
tenue par l’opinion publique parvint, fait sans précé-
dent, à avoir raison de trois ministères, la Guerre,
l’Intérieur, les Travaux publics, qui avaient pris pos-
session des dépendances de l’abbaye. Il fut décidé que.
la paroisse Saint-Philippe de Néri se transporterait à
La Cambre, où la chapelle, le cloître, et les bâtiments
abbatiaux transformés en presbytère, trouveraient une
utilisation parfaite; de plus toute construction ayant
quelque intérêt artistique serait, ainsi que les jardins,
conservée. Une société, les « Amis de La Cambre.»
était fondée et aidait puissamment à l’obtention de ces
importants résultats.
Jamais du reste, sollicitude artistique ne s’était
plus justement appliquée. Comme nous l’avons dit,
l’ensemble des bâtiments qui constituaient la célèbre
abbaye est encore debout ; des réparations seront
nécessaires, mais aucune reconstitution n’est à envi-
sager, et il suffira de conserver ce que les siècles
•passés nous ont légué. C’est avant tout, la belle
église abbatiale du xve élevée au moment où fut
remplacée la primitive abbaye du xme et qui dans un
dessin du xvie de Hans Bol figure déjà dans son état
actuel, avec sa longue nef très simple éclairée par
une série de fenêtres ogivales. Puis le palais abbatial
construit en 1760 dans un style classique calme et
noble, et qui clôt si bien de sa sévère ordonnance la
grande cour d’honneur ; les autres faces, sont formées
par des bâtiments datant probablement du xve, mais
plus ou moins remaniés au xvme siècle. — Attenant
à l’église un cloître reconstruit au xvne après les
troubles religieux et que la gravure de Sanderus dans
la .« Chorogiaphia sacra » nous montre, avec les buis
taillés et les pelouses rectilignes qui garnissaient sa
cour; à côté, un réfectoire, puis d’autres dépendances.
Enfin, et c’est là un des charmes particuliers de cet
ensemble, de beaux j.ardins entourent encore l’abbaye ;
on y trouve l’étang et le vivier, des terrasses étagées
auxquelles conduisent de larges escaliers Louis XIV,
et que précède une porte monumentale datant du
xvme siècle : tout ceci, ouvert dans quelques mois
au public, deviendra une des plus pittoresques pro-
menades de Bruxelles.
Cette lutte pour la conservation de La Cambre est
caractéristique de l’amour que nos amis Belges, si
pratiques, si actifs cependant, portent aux souvenirs
du passé. 11 y a là un exemple pour toutes les villes
qui, possédant des reliques anciennes, désirent avec
juste [raison s’assainir ou s’étendre. L’abbaye de La
Cambre, au milieu de l’un des quartiers les plus mo-
dernes de Bruxelles, restera l’évocation très belle et
très complète de l'un de ces grands domaines qui
jouèrent un rôle prépondérant dans la première civili-
sation des Pays-Bas. — Le plus lointain passé s’unit
ainsi au présent pour l’embellir encore, l’expliquer
bien souvent.
Édouard Michel
NÉCROLOGIE
' Le 12 juin est mort, à Paris, où il était né,
M. Edouard Loviot, ancien prix de Rome d’archi-
tecture(i 874), chevalierde la Légion d’honneur, auteur
de la grande salle des fêtes installée dans la Galerie des
Machines à l’Exposition universelle de 1900, qui lui
valut la médaille d’honneur au Salon de 1899 ; — vers
la même date, à Paris, la baronne Alix d’Anethan,
artiste peintre ; elle avait été l’élève de Puvis de Cha-
vannes, et son atelier fut le centre d’un groupe d’ar-
tistes, parmi lesquels Degas et Stevens ; — vers le
22 juin, à Paris, où il était né en 1855, le peintre
militaire E^-Jean Delahaye, membre de la Société
des Artistes français, titulaire d’une médaille d’argent
à l’Exposition universelle de 1889; — à Bou-Saada
(Algérie), à l’âge de 64 ans, le peintre Antoine
Druet.
-—j»-
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de peintures de MM. Adrion, Dori-
gnac, Foujita, Heuzé, Kerraadec, Langevin,
Limbourg, Makowski, Marcel Lenoir, galerie
Chéron, 56, rue La Boëtie, jusqu’au 3 juillet.
Exposition de peintures de M. M. Niekerk, 18,
quai d’Orléans, jusqu’au 4 juillet.
Exposition d’un groupe de Peintres anglais mo-
dernes, galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'au 8
juillet.
Exposition du 31e concours de composition déco-
rative et industrielle, au Musée des Arts décora-
tifs, 107, rue de Rivoli, jusqu’au 20 juillet.
Exposition du Théâtre romantique, Musée
Victor-Hugo, place des Vosges, jusqu’en octobre.
Exposition d'œuvres des Maîtres de l’Ecole de
1830 et de l’Impressionisme, galerie Barbazanges,
109, rue du faubourg Saint-Honoré.
Exposition de peintures à l’eau de M. Fichet,
galerie Manuel, 27, faubourg Montmartre.
Province
Langres: 16e Exposition des Beaux-Arts et des
arts décoratifs, jusqu’au 17 juillet.
Clermont-Ferrand : Exposition des Beaux-Arts,
à l’Hôtel de ville, en juillet.
Strasbourg: Exposition des dessinateurs alsa-
ciens du XIXe siècle, salle d’exposition des musées
municipaux, Pont du Corbeau, ;usqu au 19 juillet.
L’Administrateur-Gérant: Ch. Petit.
Chartres.
Imprimerie Durand, rue Fulbert.