DOI Heft:
Nr. 19 (30 Novembre)
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.25681#0173
ET DE LA CURIOSITÉ
1S1
trations (Rodogunc, gravée par Mme de Pompadour et
revenue de l’atelier du père de Gounod).
La pièce capitale est une « préparation » par La
Tour, qu’on appelle à Saint-Quentin Delatour : un
superbe dessin pastellisé pour le portrait du peintre
Dumont-le-Romain jouant de la guitare, qui parut au
Salon de 1742, et différent du portrait du Louvre qui
montre l’artiste en train de peindre, qui date de
1748 (1). En février 1897, cette préparation passait
à la vente Edmond de Goncourt, sous le n° 157 ; en
juin 1914, à la vente du marquis de Biron, sous le
n° 38: dans son beau cadre Régence, un nouveau suc-
cès l’attend.
Après Greuze et son lavis intitulé la Privation sen-
sible, voici Fragonard, audacieux illustrateur des Contes
de La Fontaine et représenté sous les principaux aspects
de sa verve inventive et féconde : Coresus et Callirhoë,
projet du tableau du Louvre, l'Enlèvement des Sabines, .
aussi distant de Poussin que de David, un Intérieur de
cuisine et des paysages d’Italie qu’il faut rapprocher de
deux brillantes sanguines romaines du ruiniste par
excellence, Hubert Robert.
Attiré vers la nature par ses conventions mêmes, le
xvum siècle a plus volontiers cultivé le paysage que ne
l’a cru Fromentin : l’admirateur des Maîtres d’autiefois
ne semblait pas connaître Moreau l’Aîné ( 1740-1806),
que nomment ici deux exquises gouaches où le décor
élégant s’inspire déjà de la campagne familière. Et,
près des grands noms, voici presque tous les « petits-
maîtres 3) que rassemblait une exposition récente: en
face de l’adroite fantaisie du Lyonnais Jean Pillement,
deux vues de Paris de J.-B. Maréchal ( l’École militaire
et le Palais du Louvre aperçu d’une arche du Pont-Neut)
témoignent en faveur de l’exactitude ; à défaut de
Lespinasse, voici Pernet, Moitte et Pierre Antoine
Demachy (1723-1807), le maître de Moreau l’Aîné.
Voici la gent trotte-menu des illustrateurs et vignet-
tistes: Eisen, Gravelot, Marillier, Quéverdo, Choffard,
Desrais, Freudeberg, dessinateur de costumes en 1775,
et d’abord Cochin le fds, portraitiste de M. de Marigny,
puis Moreau le Jeune et les Saint-Aubin, sans négliger
Caresme, Hilaire, J.-B. Huet et ses pastorales, ni
Lépicié, N.-B. Leprince, Taunay, Duplessis-Bertaux,
Mallet, qui fait pressentir le style Empire avec une
scène de roman : le Déjeuner du matin dans un décor
de ruines antiques.
Et que de noms parmi les dessinateurs de figures:
Jeaurat, toujours divers et mal connu, Portail, encore
plus mystérieux, le Marseillais M. B. Ollivier(1712-
1784), Carmontelle et son portrait de ATle de Sartine,
Peters et son portrait de Collé(1773); Heinsius, Ves-
tier, le physionomiste dijonnais Claude Hoin (1750-
1817), dont il faudrait comparer le portrait gouaché
de MmK Dugazon, dans Nina ou la Folle par amour de
Dalayrac ( 1787) avec le tableau de Mme Vigée-Lebrun.
Non loin de cette aimable artiste, présente ici même
dans une sanguine familiale, enfin voici l’admirable
Prud’hon, réaliste aussi loyal en sa vigoureuse Etude
(1) V. le Catalogue des pastels de M.-Q. de La Tour, par
Elie Fleury et Gaston Brière (Paris, Bulloz, 1920), et
l’Illustration, du 4 juin 1921, n° 4083, pp. 525-526, où
subsiste une regrettable coquille (Salon de 1742, au lieu de
Salon de 1742).
d’après Marguerite, son modèle familier, que poétique
évocateur de l’Assomption de la Vierge, réplique du
dessin du Louvre pour le tableau du Salon de 1819.
L’amateur de Rouen n’avait pas oublié ses compa-
triotes : le décorateur Houel (1733-1813), le miniatu-
riste Lemoine (175 1-1824X1) et Géricault, qui repré-
sente en compagnie d’un Meissonierle dessin moderne.
Sa collection de miniatures avait acquis de Frédéric
Villot un portrait de femme, le seul peint en émail et
signé par Hall le Suédois. Et c’est encore le xvme siècle
que glorifie la sculpture avec le ravissant Mausolée de
Ninette, par Clodion, la Vestale debout, de Marin, la
maquette de Pajou pour un Monument d’Henri IV et
deux magistrales terres-cuites de J.-J. Caffieri : les
bustes de Pierre Corneille (1773) et de Molière (1783),
l’un d’après Le Brun, l’autre d’après Mignard.
Entre tant d’objets de haute curiosité, statuettes de
Tanagra, lécythes antiques, vieilles faïences, cuivres
et bois sculptés, émaux limousins, du xmc siècle et
plaques byzantines, s’impose ici comme en 1889, à la
« rétrospective » de l’Art français au Trocadéro, l’un
des plus délicieux groupes d’ivoire sculptés par le
pieux . génie de l’Ile-de-France au xivp siècle : une
Vierge couronnée et voilée, tenant l’Enfant Jésus
(n° 196), qu’il faut rapprocher d’un petit groupe en
marbre blanc de la même époque (n° 230).
Nous revenons au xvmc siècle avec une grande
pendule Louis XV, deux magnifiques pièces d’orfè-
vrerie, dont un Candélabre dessiné par Messonnier,
quelques beaux meubles et la Collation, tapisserie de
Beauvais de la suite des Fêtes italiennes d’après Boucher,
qu’entourent un tapis persan, plusieurs petits panneaux
et deux vigoureuses tentures flamandes des premières
années du xvie siècle.
Les 21, 22 et 23 décembre, à l’hôtel Drouot, sera
dispersée la seconde partie de la collection, qui com-
prend des objets d’art : bijoux anciens, bronzes,
émaux, et toute une série de céramique ancienne où
M. Gaston Le Breton montrait particulièrement son
érudition.
Raymond Bouyer
Atelier Henri-Edmond Cros
Vente de tableaux faite à la salle 1, le 28 octobre,
par Mu Henri Baudoin, assisté de MM. J. et G. Ber-
nheim-jeune.
Peintures. — 4. Etude à la fossette : 830. — 6.
Paysage à Saint-Clair : 430. — 10. Paysage près de la
mer (Saint-Clair) : 333. — 13. La plage du Brusq,
près Toulon : 400. — 21. Baigneuse, 430. — 22.
Plage de la Vignasse (Cabassou), 1892 : 720. — 23.
Haleurs de filets de pêche : 430. — 24. Calanque des
Antibois: 603. - 23. Nuages rougees : 820. — 26.
Femme cueillant des fleurs dans un jardin : 1.100. •—
27. Groupe de figures décoratives dans un paysage :
2.300. 28. Etude: 1.400. — 29. Pointe de la
Galère (Cabassou) : 1.100. — 30. Pêcheur provençal :
1.120. — 31. Les Baigneuses : 1.630. — 38. Plage
de Saint-Clair : 320. — 44. Projet d’un tableau
(1) V. Le Portrait de Mme Le Hayer reproduit dans la
Gazette, 1914, t. II, p. 31.
1S1
trations (Rodogunc, gravée par Mme de Pompadour et
revenue de l’atelier du père de Gounod).
La pièce capitale est une « préparation » par La
Tour, qu’on appelle à Saint-Quentin Delatour : un
superbe dessin pastellisé pour le portrait du peintre
Dumont-le-Romain jouant de la guitare, qui parut au
Salon de 1742, et différent du portrait du Louvre qui
montre l’artiste en train de peindre, qui date de
1748 (1). En février 1897, cette préparation passait
à la vente Edmond de Goncourt, sous le n° 157 ; en
juin 1914, à la vente du marquis de Biron, sous le
n° 38: dans son beau cadre Régence, un nouveau suc-
cès l’attend.
Après Greuze et son lavis intitulé la Privation sen-
sible, voici Fragonard, audacieux illustrateur des Contes
de La Fontaine et représenté sous les principaux aspects
de sa verve inventive et féconde : Coresus et Callirhoë,
projet du tableau du Louvre, l'Enlèvement des Sabines, .
aussi distant de Poussin que de David, un Intérieur de
cuisine et des paysages d’Italie qu’il faut rapprocher de
deux brillantes sanguines romaines du ruiniste par
excellence, Hubert Robert.
Attiré vers la nature par ses conventions mêmes, le
xvum siècle a plus volontiers cultivé le paysage que ne
l’a cru Fromentin : l’admirateur des Maîtres d’autiefois
ne semblait pas connaître Moreau l’Aîné ( 1740-1806),
que nomment ici deux exquises gouaches où le décor
élégant s’inspire déjà de la campagne familière. Et,
près des grands noms, voici presque tous les « petits-
maîtres 3) que rassemblait une exposition récente: en
face de l’adroite fantaisie du Lyonnais Jean Pillement,
deux vues de Paris de J.-B. Maréchal ( l’École militaire
et le Palais du Louvre aperçu d’une arche du Pont-Neut)
témoignent en faveur de l’exactitude ; à défaut de
Lespinasse, voici Pernet, Moitte et Pierre Antoine
Demachy (1723-1807), le maître de Moreau l’Aîné.
Voici la gent trotte-menu des illustrateurs et vignet-
tistes: Eisen, Gravelot, Marillier, Quéverdo, Choffard,
Desrais, Freudeberg, dessinateur de costumes en 1775,
et d’abord Cochin le fds, portraitiste de M. de Marigny,
puis Moreau le Jeune et les Saint-Aubin, sans négliger
Caresme, Hilaire, J.-B. Huet et ses pastorales, ni
Lépicié, N.-B. Leprince, Taunay, Duplessis-Bertaux,
Mallet, qui fait pressentir le style Empire avec une
scène de roman : le Déjeuner du matin dans un décor
de ruines antiques.
Et que de noms parmi les dessinateurs de figures:
Jeaurat, toujours divers et mal connu, Portail, encore
plus mystérieux, le Marseillais M. B. Ollivier(1712-
1784), Carmontelle et son portrait de ATle de Sartine,
Peters et son portrait de Collé(1773); Heinsius, Ves-
tier, le physionomiste dijonnais Claude Hoin (1750-
1817), dont il faudrait comparer le portrait gouaché
de MmK Dugazon, dans Nina ou la Folle par amour de
Dalayrac ( 1787) avec le tableau de Mme Vigée-Lebrun.
Non loin de cette aimable artiste, présente ici même
dans une sanguine familiale, enfin voici l’admirable
Prud’hon, réaliste aussi loyal en sa vigoureuse Etude
(1) V. le Catalogue des pastels de M.-Q. de La Tour, par
Elie Fleury et Gaston Brière (Paris, Bulloz, 1920), et
l’Illustration, du 4 juin 1921, n° 4083, pp. 525-526, où
subsiste une regrettable coquille (Salon de 1742, au lieu de
Salon de 1742).
d’après Marguerite, son modèle familier, que poétique
évocateur de l’Assomption de la Vierge, réplique du
dessin du Louvre pour le tableau du Salon de 1819.
L’amateur de Rouen n’avait pas oublié ses compa-
triotes : le décorateur Houel (1733-1813), le miniatu-
riste Lemoine (175 1-1824X1) et Géricault, qui repré-
sente en compagnie d’un Meissonierle dessin moderne.
Sa collection de miniatures avait acquis de Frédéric
Villot un portrait de femme, le seul peint en émail et
signé par Hall le Suédois. Et c’est encore le xvme siècle
que glorifie la sculpture avec le ravissant Mausolée de
Ninette, par Clodion, la Vestale debout, de Marin, la
maquette de Pajou pour un Monument d’Henri IV et
deux magistrales terres-cuites de J.-J. Caffieri : les
bustes de Pierre Corneille (1773) et de Molière (1783),
l’un d’après Le Brun, l’autre d’après Mignard.
Entre tant d’objets de haute curiosité, statuettes de
Tanagra, lécythes antiques, vieilles faïences, cuivres
et bois sculptés, émaux limousins, du xmc siècle et
plaques byzantines, s’impose ici comme en 1889, à la
« rétrospective » de l’Art français au Trocadéro, l’un
des plus délicieux groupes d’ivoire sculptés par le
pieux . génie de l’Ile-de-France au xivp siècle : une
Vierge couronnée et voilée, tenant l’Enfant Jésus
(n° 196), qu’il faut rapprocher d’un petit groupe en
marbre blanc de la même époque (n° 230).
Nous revenons au xvmc siècle avec une grande
pendule Louis XV, deux magnifiques pièces d’orfè-
vrerie, dont un Candélabre dessiné par Messonnier,
quelques beaux meubles et la Collation, tapisserie de
Beauvais de la suite des Fêtes italiennes d’après Boucher,
qu’entourent un tapis persan, plusieurs petits panneaux
et deux vigoureuses tentures flamandes des premières
années du xvie siècle.
Les 21, 22 et 23 décembre, à l’hôtel Drouot, sera
dispersée la seconde partie de la collection, qui com-
prend des objets d’art : bijoux anciens, bronzes,
émaux, et toute une série de céramique ancienne où
M. Gaston Le Breton montrait particulièrement son
érudition.
Raymond Bouyer
Atelier Henri-Edmond Cros
Vente de tableaux faite à la salle 1, le 28 octobre,
par Mu Henri Baudoin, assisté de MM. J. et G. Ber-
nheim-jeune.
Peintures. — 4. Etude à la fossette : 830. — 6.
Paysage à Saint-Clair : 430. — 10. Paysage près de la
mer (Saint-Clair) : 333. — 13. La plage du Brusq,
près Toulon : 400. — 21. Baigneuse, 430. — 22.
Plage de la Vignasse (Cabassou), 1892 : 720. — 23.
Haleurs de filets de pêche : 430. — 24. Calanque des
Antibois: 603. - 23. Nuages rougees : 820. — 26.
Femme cueillant des fleurs dans un jardin : 1.100. •—
27. Groupe de figures décoratives dans un paysage :
2.300. 28. Etude: 1.400. — 29. Pointe de la
Galère (Cabassou) : 1.100. — 30. Pêcheur provençal :
1.120. — 31. Les Baigneuses : 1.630. — 38. Plage
de Saint-Clair : 320. — 44. Projet d’un tableau
(1) V. Le Portrait de Mme Le Hayer reproduit dans la
Gazette, 1914, t. II, p. 31.