Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
168

CHRONIQUE DES ARTS

nement par l’auteur lui-même aux lecteurs de la Gazette
avec de nouveaux documents.

T. R.

M. Maignan. — Régionalisme d’esthétique

sociale ; mission des Beaux-Arts. — Paris,

E. de Boccard. 1920. In-12. 127 p.

Écrit avant guerre, ce « rapport » adressé à la direc-
tion des Beaux-Arts envisage l’organisation d’un
régionalisme artistique assez différentde ce que certains
défenseurs des anciennes traditions désignent sous ce
nom. Ayant proclamé la décadence de nos provinces
et de nos arts et critiqué le régionalisme « de clocher »,
l’auteur propose la création d’une manufacture de la
construction régionale où seraient exécutés les projets
contenus dans un « album du régionalisme français et
des colonies françaises ». M. Maignan voulait naguère
résoudre par l’esthétique la question sociale ; aujour-
d’hui, il rêve pour notre démocratie d’institutions ana-
logues aux abbayes médiévales et aux manufactures de
la monarchie. Il tente même de nous donner par
l’image une idée de la « ville aux temples coupolés
de fer et de verre où se célébrerait le triomphe quotidien
de l’Etre sur la Matière ». Espérons, pour l’honneur
de nos descendants, que surgiront d’album en manu-
facture d’autres réalisations plus susceptibles de balan-
cer le renom des Gobelins et du Mont-Saint-Michel.

. - Charles Du Bus

-«es——S=38£=§-—o»-

NÉCROLOGIE

Vers le 14 décembre est mort à Menton le comte
Robert de Montesquiou-Fezensac, né à Paris en
185$ ; dans ses recueils d’essais il consacra maintes
pages à célébrer les artistes ou les formes d’art vers
lesquels le portaient les prédilections de son esprit
raffiné et parfois précieux : Hokousaï, Gai lé, Boldini,
Mme Ida Rubinstein, etc. Il a publié dans notre Gazette
des études sur Carriès (1894), les trois Vernet
(1898), Alfred Stevens (1900) et Monticelli (1901) ; —
le 16 décembre à Alger, l’illustre compositeur de
musique Charles-Camille Saint-Saëns, membre de
l’Institut, depuis 1881, grand croix de la Légion
d’honneur. Né à Paris d’une famille normande, le 9
octobre 1835, il fut dès sa jeunesse (il se fit entendre
au public à 11 ans) une sorte de prodige que firent
rapidement connaître de nombreux succès d’exécutant,
puis de compositeur; entré au Conservatoire, il con-
courut en vain, deux fois, pour le prix de Rome;
organiste à Saint-Merri, puis à la Madeleine (1853-
1877), il se produisait en même temps dans les concerts
et acquit vite la réputation d’un virtuose accompli.
Mais il allait bientôt se faire connaître comme compo-
siteur : en 1867, au concours de l’Exposition Univer-
selle, il obtenait le prix avec sa cantate Prométhe'e
enchaîné; à partir de 1871 où il donne une Marche héroï-
que à la mémoire d’Henri Régnault, il accumule les com-
positions instrumentales et vocales detoute espèce: mor-
ceaux symphoniques comme Le Rouet d’Omphale (1871),

Phaéton (1873), Danse macabre, chef-d’œuvre de musi-
que descriptive (1874), La Jeunesse d’HercuIe (1877),
Suite algérienne (1880), ou grandes œuvres vocales
comme le psaume Cœli enarrant, une messe de Requiem
(1873), Le Déluge (1873), La Lyre et la Harpe (1879),
Hymne à Victor Hugo, pour orchestre et chœurs (1881)
et plus tard (1900), Le Feu céleste. Le théâtre l’avait
aussi attiré : il y donna : La Princesse jaune, représentée
â l’Opéra-Comique en 1872, Samson et Dalila, -sa
meilleure œuvre en ce genre, jouée d’abord à Weimar
(1877), puis à Rouen et enfin à Paris (1892), Le
Timbre d’argent (Théâtre Lyrique, 1877, Etienne Marcel
(Lyon, 1879) ; à l’Opéra de Paris : Hemy VIII (1883),
Ascanio ( 1 890), Frédégonde (1893), les Barbares (1901);
à l’Opéra-Comique : Proserpine (1887), Phiynéj 1893),
Javotte, ballet (1899), L’Ancêtre. On lui doit de la musi-
que de scène et des chœurs pour Antigone, Déjanire; Le
Malade imaginaire. Mais, c’est dans la musique sym-
phonique et la musique de chambre qu’il a donné toute
sa mesure, et particulièrement dans sa Symphonie en ut
mineur ( 1887), avec orgue, « une des rares », a écrit
M. P. Lalo, « qu’on puisse citer après Beethoven ».
Cette production fait admirer à défaut d’une inspi-
ration très personnelle et d’une émotion profonde une
facilité prodigieuse servie par une 'technique et une
habileté de mise en œuvre, qui permirent à l’artiste de
réussir dans les genres les plus divers. On lui doit en
outre de nombreux écrits: Harmonie et mélodie (1885),
Charles Gounod et le a Don Juan » de Mozart, Portraits
et souvenirs, Notes sur les décors de théâtre dans F antiquité
(1887), etc., et des articles de critique souvent d’une
âpreté assez vive; — le 19 décembre, à Paris,
M. Louis Gonse, membre du Conseil supérieur des
Beaux-Arts, vice-président du Conseil des musées
nationaux et de la Commission des monuments histo-
riques, et longtemps rédacteur en chef de la Gazette
des Beaux-Arts (1873-1893) où il a publié notamment
des articles sur Les musées de Lille (1872 à 1878), les
Salons de 1874 à 1877, les Expositions universelles
de 1878 et 1889, La Galerie Schneider (1876), les
graveurs Claude MellanÇ 1888), Jules Jacquemart (1873-
1876) et une importante étude sur Eugène Fromentin,,
peintre et écrivain (1878-1880). On lui doit divers
ouvrages sur L’Art japonais (1883), L’Art gothique
(1890), La Sculpture française depuis le XIVe siècle
( 189 3 ) et Les chefs-d’œuvres des Musées de France ( 1900-
1904) — vers le 19, à 80 ans, le collectionneur
rouennais, Edouard Pelay, membre de toutes les
sociétés historiques locales, où il faisait autorité, auteur
de nombreuses notices sur le pays normand, et qui
avait réuni la documentation la plus complète sur les
Corneille ; — vers le 26, à Locarno, à 70 ans, le
compositeur suisse Hans Huber, pendant de longues
années, directeur de l’école de musique de Bâle.

Dernièrement sont morts également : le peintre
d’histoire et- de genre Julien Kronberg, né le 1 1
décembre 1830 a Karlskrona(Suède), décédé à l’âge de
soixante-onze ans ; — l’aquarelliste anglais Alexandre
Macdonald, professeur à l’Ecole de dessin d’Oxford
fondée par Ruskin, où ce dernier l’avait appelé ; — un
autre aquarelliste anglais Alfred William Rich, né
en 1836, élève d’Alphonse Legros et professeur à la
Slade School.
 
Annotationen