112
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE,
novateurs affirmaient que ihomme par sa seule justice pouvait se rendre agréable à Dieu;
et qu une conduite humainement irréprochable suffisait pleinement au salut, sans qu'il fût
besoin de recourir aux sacrements, mais surtout au baptême L'évêque Gérard leur oppose
l'exemple du centurion romain, dont toutes les bonnes œuvres ont eu besoin d'être cou-
ronnées par la foi et par les sacrements ^ de l Eglise.
Quant à l histoirc assez peu authenthique du philosophe Craton, qui paraît ici à la suite
de scènes données par l'Écriture, rien, que je sache, dans les écrits du xif siècle, ne m'autorise
à la regarder comme ayant fait partie de la polémique contre les nouveaux Manichéens.
Mais je serais très-porté à croire qu'on a eu recours à ce fait pour répondre aux Mani-
chéens qui disaient qu'inutile à l'honnête homme, le baptême était impuissant pour le pécheur \
Après avoir donc montré le juste Corneille qui se soumet à la régénération chrétienne par
l'ordre de Dieu, il convenait de faire voir le philosophe orgueilleux qui puise dans le même sa-
crement l'abnégation et l'humilité de l'Évangile. Ainsi seulement, la leçon devenait complète \
Dans la main de saint Jean l'Evangéliste est un livre ou se lisait autrefois la formule du
baptême. Aujourd'hui on ne peut plus y distinguer que les mots :
EGO TE BAPTI.PATRIS.AMEN.
En toute autre circonstance, la forme prescrite par Notre-Seigneur ^ pouvait sembler indi-
quée suffisamment parla représentation du baptême de Jésus-Christ, où les trois personnes
divines apparaissent consacrant, pour ainsi dire, la fonction que l'eau devait recevoir dans
l'Eglise. C'est aussi à quoi l'on s'est borné dans l'ornementation de plusieurs cuves baptis-
* Spiciieg. /. cû. p. ^!.
^ Spiciieg., è en. p. 9, sq. : " Notandum est quia im-
possibüe est qucmquam ad perfcctum justitiae sine rege-
ncrantis aquae tnysterio aspirarc; Inaxime quum opéra
justitiae hanegratiam Gorneiio caesariensi dure non potuc-
runt donec eum cum omni faniiiia sua saiutari unda
Petrus innovavit, super quos Spiritus Sanctus antebaptis-
inum inaudito praceuntis gratiac exemple cccidit; ut hac
manifesta Dci virtutc animatus Petrus regnum Dei genti-
bus aperiret, quem cum ccteris discipuiis ne in viam
Centium abirct, Dominus ante monuerat.
« . Unde coiiigitur quia quamiibet juste et inno-
center quis videatur viverc, saivari tamen absque divini
i'ontis lavacro non possit. Etc , etc. >< Cf. ibid. , p. 57,
sqq.; 61.
Ekbert de Schœnau VIII adv. Catliar., 7; ap.
Gailand, XIV, A65) s'appuie sur te même fait pour repro-
cher aux Cathares les cérémonies profanes par lesquelles
ils prétendaient remplacer le baptême. «... Quod ergo
aliud baptisma requiris, o inlidciis Cathare? Si uno Dco
potes essecontentus, unutn quoquetibi baptisma sulïiciat...
Taie tibi baptisma sulïiciat quale sancti apostoü adminis-
traverunt bis qui baptizati sunt ab eis. Si ignoras quali
baptismatc baptizaverint, loge scripturam Lucae evange-
listae quac intitulatur ActM^ cui non minus
creditur quam evaugelio quod scriptum est ab eo. Lege,
inquam, in co loco ubi deconvcrsione Cornelii et amicorum
ejusscribit, etc. o
Les paroles inscrites sur le cartouche que tient la main
gauche de saint Pierre (Æyc proAf-
èciT Dernn), sont tirées des Actas upétrM (XI, 17),
et semblent rappeler à dessein l'intervention divine dans
la conversion de Corneille ; comme pour donner une plus
grande autorité à l'action de saint Pierre c[ui n'agit que
par l'ordre immédiat du Ciel.
^ Spiciieg., è cû., p. d. Ser-
vata bac justitia nullum opus esse baptismi; praevaricata
vet o ista , baptismum ad nullam proficere salutem. "
^ Spiciieg., è p. 10 : «Verumutcumqueoriginalis
culpae aut propriae actionis reatu teneatur (<pA.s) adstrictus,
tamen fonte renatus, mundus et totius peccati sorde pur-
gatusadeo innovatur, ut qui lilius eliaboli in fonte descen-
derat, Filius Dei renatus ascendat; qui lilius praevarica
tionis descettderat, lilius rcconciliationis ascendat. Et ut
cuncta colligam, qualem primum homincm ex virginea
terrae massa linxit Sapientia creantis, talem etiam hune ex
purilicato fontis utero producit clcmentia Redemptoris. M
' Matth. XXVIII, 19.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE,
novateurs affirmaient que ihomme par sa seule justice pouvait se rendre agréable à Dieu;
et qu une conduite humainement irréprochable suffisait pleinement au salut, sans qu'il fût
besoin de recourir aux sacrements, mais surtout au baptême L'évêque Gérard leur oppose
l'exemple du centurion romain, dont toutes les bonnes œuvres ont eu besoin d'être cou-
ronnées par la foi et par les sacrements ^ de l Eglise.
Quant à l histoirc assez peu authenthique du philosophe Craton, qui paraît ici à la suite
de scènes données par l'Écriture, rien, que je sache, dans les écrits du xif siècle, ne m'autorise
à la regarder comme ayant fait partie de la polémique contre les nouveaux Manichéens.
Mais je serais très-porté à croire qu'on a eu recours à ce fait pour répondre aux Mani-
chéens qui disaient qu'inutile à l'honnête homme, le baptême était impuissant pour le pécheur \
Après avoir donc montré le juste Corneille qui se soumet à la régénération chrétienne par
l'ordre de Dieu, il convenait de faire voir le philosophe orgueilleux qui puise dans le même sa-
crement l'abnégation et l'humilité de l'Évangile. Ainsi seulement, la leçon devenait complète \
Dans la main de saint Jean l'Evangéliste est un livre ou se lisait autrefois la formule du
baptême. Aujourd'hui on ne peut plus y distinguer que les mots :
EGO TE BAPTI.PATRIS.AMEN.
En toute autre circonstance, la forme prescrite par Notre-Seigneur ^ pouvait sembler indi-
quée suffisamment parla représentation du baptême de Jésus-Christ, où les trois personnes
divines apparaissent consacrant, pour ainsi dire, la fonction que l'eau devait recevoir dans
l'Eglise. C'est aussi à quoi l'on s'est borné dans l'ornementation de plusieurs cuves baptis-
* Spiciieg. /. cû. p. ^!.
^ Spiciieg., è en. p. 9, sq. : " Notandum est quia im-
possibüe est qucmquam ad perfcctum justitiae sine rege-
ncrantis aquae tnysterio aspirarc; Inaxime quum opéra
justitiae hanegratiam Gorneiio caesariensi dure non potuc-
runt donec eum cum omni faniiiia sua saiutari unda
Petrus innovavit, super quos Spiritus Sanctus antebaptis-
inum inaudito praceuntis gratiac exemple cccidit; ut hac
manifesta Dci virtutc animatus Petrus regnum Dei genti-
bus aperiret, quem cum ccteris discipuiis ne in viam
Centium abirct, Dominus ante monuerat.
« . Unde coiiigitur quia quamiibet juste et inno-
center quis videatur viverc, saivari tamen absque divini
i'ontis lavacro non possit. Etc , etc. >< Cf. ibid. , p. 57,
sqq.; 61.
Ekbert de Schœnau VIII adv. Catliar., 7; ap.
Gailand, XIV, A65) s'appuie sur te même fait pour repro-
cher aux Cathares les cérémonies profanes par lesquelles
ils prétendaient remplacer le baptême. «... Quod ergo
aliud baptisma requiris, o inlidciis Cathare? Si uno Dco
potes essecontentus, unutn quoquetibi baptisma sulïiciat...
Taie tibi baptisma sulïiciat quale sancti apostoü adminis-
traverunt bis qui baptizati sunt ab eis. Si ignoras quali
baptismatc baptizaverint, loge scripturam Lucae evange-
listae quac intitulatur ActM^ cui non minus
creditur quam evaugelio quod scriptum est ab eo. Lege,
inquam, in co loco ubi deconvcrsione Cornelii et amicorum
ejusscribit, etc. o
Les paroles inscrites sur le cartouche que tient la main
gauche de saint Pierre (Æyc proAf-
èciT Dernn), sont tirées des Actas upétrM (XI, 17),
et semblent rappeler à dessein l'intervention divine dans
la conversion de Corneille ; comme pour donner une plus
grande autorité à l'action de saint Pierre c[ui n'agit que
par l'ordre immédiat du Ciel.
^ Spiciieg., è cû., p. d. Ser-
vata bac justitia nullum opus esse baptismi; praevaricata
vet o ista , baptismum ad nullam proficere salutem. "
^ Spiciieg., è p. 10 : «Verumutcumqueoriginalis
culpae aut propriae actionis reatu teneatur (<pA.s) adstrictus,
tamen fonte renatus, mundus et totius peccati sorde pur-
gatusadeo innovatur, ut qui lilius eliaboli in fonte descen-
derat, Filius Dei renatus ascendat; qui lilius praevarica
tionis descettderat, lilius rcconciliationis ascendat. Et ut
cuncta colligam, qualem primum homincm ex virginea
terrae massa linxit Sapientia creantis, talem etiam hune ex
purilicato fontis utero producit clcmentia Redemptoris. M
' Matth. XXVIII, 19.