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Houssaye, Henry: Torse de femme du musée de Vienne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0183
— 177 —
TORSE DE FEMME DU MUSÉE DE VIENNE.
(Planche 31.)
Les Romains avaient donne aux provinces méridionales de l’Italie,
l’Apulie, la Lucanie, le Bruttium, le beau nom de Grande-Grèce. La
Provence et toute la vallée du Rhône , depuis Vienne jusqu’à la mer,
ne mériteraient-elles point d’être appelées la Petite-Grèce (1)? La Grèce
par ses colonisations préside aux origines historiques de cette contrée.
Ce sont les paysages de la Grèce étendant sous un ciel d’un bleu très-
vif, dans une atmosphère lumineuse dont la limpidité rapproche les
distances, leurs bois d’oliviers, leurs plaines fauves et pulvérulentes ,
leurs chaînes de montagnes sculpturales, leurs horizons de soleil. Les
villes abondent en ruines antiques, temples, arènes, théâtres, voies
funéraires, arcs de triomphes. Les musées sont pleins d’inscriptions et
de marbres des artistes gréco-romains. A Arles, comme à Mégare, on
rencontre des statues vivantes. La Provence donne bien véritablement
une vision de la Grèce.
Au premier rang des plus beaux antiques que renferment les musées
du midi de la France , il faut placer l’admirable torse de femme de
Vienne, l’ancienne cité des Allobroges, que Martial appelait « la belle
Vienne (2). » C’était une statue assise , de proportion colossale, qui a
été terriblement mutilée. La tête et le bras droit manquent, le sein
droit est brisé ainsi que le bras gauche, dont il ne reste qu’une partie
de l’arrière-bras perdu dans la draperie ; les jambes sont coupées à
mi-cuisses. Le torse est couvert du double chiton ionien à manches,
noué autour des hanches par une ceinture. On reconnaît à première
vue la texture grenue et pailletée du marbre Pentélique; mais plus
que la matière même dont elle est laite, le caractère grandiose et la
magistrale exécution de cette statue prouvent que c’est l’œuvre d’un
sculpteur athénien de la grande époque. Il faut n’avoir connu que par
(1) La Table de Peutinger désigne par le nom
de Grecia le territoire autour de Marseille.
(2) Fertur habere meos, si vera est fama, libellos
Inter delicias pulchra Vienna suas.
Martial.. Ep., Il, 28.
24
Gazette Archéologique.
__ Année — N° 6 — Novembre 1878.
TORSE DE FEMME DU MUSÉE DE VIENNE.
(Planche 31.)
Les Romains avaient donne aux provinces méridionales de l’Italie,
l’Apulie, la Lucanie, le Bruttium, le beau nom de Grande-Grèce. La
Provence et toute la vallée du Rhône , depuis Vienne jusqu’à la mer,
ne mériteraient-elles point d’être appelées la Petite-Grèce (1)? La Grèce
par ses colonisations préside aux origines historiques de cette contrée.
Ce sont les paysages de la Grèce étendant sous un ciel d’un bleu très-
vif, dans une atmosphère lumineuse dont la limpidité rapproche les
distances, leurs bois d’oliviers, leurs plaines fauves et pulvérulentes ,
leurs chaînes de montagnes sculpturales, leurs horizons de soleil. Les
villes abondent en ruines antiques, temples, arènes, théâtres, voies
funéraires, arcs de triomphes. Les musées sont pleins d’inscriptions et
de marbres des artistes gréco-romains. A Arles, comme à Mégare, on
rencontre des statues vivantes. La Provence donne bien véritablement
une vision de la Grèce.
Au premier rang des plus beaux antiques que renferment les musées
du midi de la France , il faut placer l’admirable torse de femme de
Vienne, l’ancienne cité des Allobroges, que Martial appelait « la belle
Vienne (2). » C’était une statue assise , de proportion colossale, qui a
été terriblement mutilée. La tête et le bras droit manquent, le sein
droit est brisé ainsi que le bras gauche, dont il ne reste qu’une partie
de l’arrière-bras perdu dans la draperie ; les jambes sont coupées à
mi-cuisses. Le torse est couvert du double chiton ionien à manches,
noué autour des hanches par une ceinture. On reconnaît à première
vue la texture grenue et pailletée du marbre Pentélique; mais plus
que la matière même dont elle est laite, le caractère grandiose et la
magistrale exécution de cette statue prouvent que c’est l’œuvre d’un
sculpteur athénien de la grande époque. Il faut n’avoir connu que par
(1) La Table de Peutinger désigne par le nom
de Grecia le territoire autour de Marseille.
(2) Fertur habere meos, si vera est fama, libellos
Inter delicias pulchra Vienna suas.
Martial.. Ep., Il, 28.
24
Gazette Archéologique.
__ Année — N° 6 — Novembre 1878.