DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Feillet, Alphonse: Un artiste inconnu du Château d'Anet
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0221
UN ARTISTE INCONNU
DU CHATEAU D'ANET
La vieille fable de Saturne dévorant ses enfants a cessé d'être
vraie, ou du moins les victimes qui échappent à son avidité destructive
sont chaque jour plus nombreuses; l'obscurité dans laquelle certains
noms étaient comme ensevelis se dissipe peu à peu, et tel artiste dont na-
guère on ignorait même l'existence, reparaît aujourd'hui avec tous ses
titres à l'estime publique. Jean Foucquet, le peintre d'Agnès Sorel, est un
récent et remarquable exemple des résurrections qu'opère de nos jours la
critique érudite. Grâce aux travaux de MM. Léon de Laborde et Vallet de
Yiriville, etc., il a retrouvé sa biographie, une grande partie de son
œuvre, et Fart français un glorieux représentant, dans une époque reculée
et longtemps réputée barbare. Puisqu'une question posée est aujourd'hui
à moitié résolue, dans l'intérêt de l'histoire de la peinture adressons-en
une à nos modernes OEdipes.
Aux noms des De L'Orme, des Goujon , des Palissy, des Pilon qui ont
créé ou embelli le château d'Anet, ne faut-il pas encore en ajouter un
autre? Ce nouvel artiste ne serait rien moins qu'un célèbre prélat, un des
écrivains que la renommée a élevés le plus haut dans le xvic siècle, en un
mot, Pontus de Thyard. Ces titres d'homme d'église et d'écrivain ne sau-
raient à cette époque créer contre lui une impossibilité virtuelle : Léon X
sous la tiare était lui-même, pour ainsi dire, un véritable artiste, et les
Michel-Ange, les Léonard de Vinci, les Benvenuto Cellini et tant d'autres
maniaient aussi bien la plume que le burin ou le pinceau dans ce grand
siècle de l'activité humaine, cette magique époque qu'on appelle la Re-
naissance.
L'illustre évêque de Châlon-sur-Saône, Pontus de Thyard 1 est connu
1. Un archéologue bourguignon, déjà honorablement connu par des travaux sur la
famille de Thyard et sur la ville de Verdun, le docteur Abel Jeandet, prépare en ce
DU CHATEAU D'ANET
La vieille fable de Saturne dévorant ses enfants a cessé d'être
vraie, ou du moins les victimes qui échappent à son avidité destructive
sont chaque jour plus nombreuses; l'obscurité dans laquelle certains
noms étaient comme ensevelis se dissipe peu à peu, et tel artiste dont na-
guère on ignorait même l'existence, reparaît aujourd'hui avec tous ses
titres à l'estime publique. Jean Foucquet, le peintre d'Agnès Sorel, est un
récent et remarquable exemple des résurrections qu'opère de nos jours la
critique érudite. Grâce aux travaux de MM. Léon de Laborde et Vallet de
Yiriville, etc., il a retrouvé sa biographie, une grande partie de son
œuvre, et Fart français un glorieux représentant, dans une époque reculée
et longtemps réputée barbare. Puisqu'une question posée est aujourd'hui
à moitié résolue, dans l'intérêt de l'histoire de la peinture adressons-en
une à nos modernes OEdipes.
Aux noms des De L'Orme, des Goujon , des Palissy, des Pilon qui ont
créé ou embelli le château d'Anet, ne faut-il pas encore en ajouter un
autre? Ce nouvel artiste ne serait rien moins qu'un célèbre prélat, un des
écrivains que la renommée a élevés le plus haut dans le xvic siècle, en un
mot, Pontus de Thyard. Ces titres d'homme d'église et d'écrivain ne sau-
raient à cette époque créer contre lui une impossibilité virtuelle : Léon X
sous la tiare était lui-même, pour ainsi dire, un véritable artiste, et les
Michel-Ange, les Léonard de Vinci, les Benvenuto Cellini et tant d'autres
maniaient aussi bien la plume que le burin ou le pinceau dans ce grand
siècle de l'activité humaine, cette magique époque qu'on appelle la Re-
naissance.
L'illustre évêque de Châlon-sur-Saône, Pontus de Thyard 1 est connu
1. Un archéologue bourguignon, déjà honorablement connu par des travaux sur la
famille de Thyard et sur la ville de Verdun, le docteur Abel Jeandet, prépare en ce