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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 6
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0369

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MOUVEMENT DES ARTS ET M LA CURIOSITÉ

LE MASQUE ORIGINAL DE J.-J. ROUSSEAU

MOULÉ PAR HOUDON

t

On s'est beaucoup préoccupé, dans ces dernières semaines, d'un masque moulé,
dit-on, par Houdon lui-môme sur le visage de J.-J. Rousseau. Cette empreinte, si inté-
ressante à tous les titres, fut mise sur table à 1,500 fr. Les enchères se firent longtemps
attendre, et partirent d'une somme des plus modestes pour s'arrêter à 600 et quelques
francs. Il est regrettable, si ce masque est bien véritablement original et si le moule a
été brisé sans qu'il en ait été tiré d'autres épreuves, qu'une de nos collections publiques
n'ait pas fait l'acquisition d'un aussi précieux morceau. Le masque d'un grand homme
vaut bien peut-être telle pantoufle qu'on expose à la vénération publique dans le musée
dit des Souverains.

Mais nous nous rappelions avoir vu, de ce masque, un autre exemplaire au
Jardin des Plantes, et nous l'avons retrouvé hier, près de celui de Voltaire, dans les
vitrines du musée d'anthropologie, fondé et mis en ordre par M. Serres avec une intel-
ligence si remarquable. Or, cet exemplaire ressemble infiniment plus que l'autre
aux portraits authentiques de J.-J. Rousseau. Tout au plus, pour admettre le premier,
pourrions-nous croire qu'il aurait été moulé quelques heures seulement après sa mort,
et, bien que M. de Girardin eût fait prévenir Houdon aussitôt que le philosophe fut
expiré, il n'est pas supposable que le sculpteur put arriver immédiatement. Il ne vint,
je crois, que le lendemain, « accompagné d'habiles mouleurs italiens. » Le plâtre du
Jardin des Plantes rappelle d'une façon frappante les détails ostéologiques de la belle
esquisse par Latour que possède M. Eudoxe Marcilîe. Les pommettes sont larges, le
menton carré, le nez long, mince, mais fortement déprimé à droite par les convulsions
suprêmes; le front, droit et large, porte visiblement sur la bosse frontale gauche la
trace d'une cicatrice, d'un trou, peut-être, qui aurait été assez adroitement rempli par
le mouleur avant l'opération. Celui que l'on a vendu présentait un visage plus gras et
dans l'ensemble duquel nous avons eu peine à reconnaître les traits si connus de l'er-
mite d'Ermenonville.

Cette question est des plus intéressantes, et nous serions heureux de la voir vider à
fond par des autorités compétentes. Il faudrait surtout connaître l'origine du plâtre du
Muséum.

En 1819, Houdon, déjà bien vieux et bien affaibli, écrivait ou peut-être signait seu-
lement une lettre à M. Petitain, qui travaillait alors à une édition nouvelle des œuvres
 
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