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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 1
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Fournier, Edouard: L' art de la reliure en France, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0031

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L'ART DE LA RELIURE EN FRANCE.

■2b

II

Jusqu'à l'époque de la découverte de l'imprimerie, les progrès de l'art
du relieur avaient été assez lents. Il n'avait encore rien qui lui fût propre.
C'était un simple métier qui ne se faisait un art que lorsque les autres
lui venaient en aide pour rehausser et enrichir ses ouvrages. Souvent
même le relieur n'avait qu'une très-faible part de travail dans l'habille-
ment des beaux livres.

11 faisait simplement l'office de liéeur (lieur), c'est-à-dire qu'il se
contentait de joindre et attacher ensemble les différents cahiers par des
ligatures faites sur corde, et toujours fort grossières1; quant au riche
vêtement à donner au volume, c'est l'orfèvre ou l'ouvrier en ivoire qui
en prenait soin.

Les livres magnifiques qui peuvent être encore admirés dans quelques
spécimens, ces riches manuscrits des saintes Ecritures dont, aux premiers
siècles, Cassiodore dessinait de sa main la splendide parure2, et que l'abbé
de Saint-Riquier, Angelramne, historiait lui-même en orfèvrerie3, ces
merveilleux évangêliaires carolingiens, qui se survivent clans l'un des
plus beaux qui aient jamais existé, celui dont Charles le Chauve enrichit
le trésor de Saint-Denis, et qui se trouve aujourd'hui à Munich, n'ont
pas été façonnés et ornés autrement. La reliure proprement dite en est
des plus grossières, mais le reste est d'un prix inestimable. Dansl'Evan-
géliaire de Munich, par exemple, les plats de la couverture sont des
plaques d'or bosselé, ornées de reliefs, mêlées de perles et cle pierreries.
Le même procédé d'ornementation, où le lieur est pour une si petite part
et l'orfèvre pour une si grande, se retrouvait dans ce Livre (les sacrements,
tout enrichi d'or et d'ivoire, dont a parlé Flodoard4, et clans ce manuscrit
carolingien donné par Charles Y à la Sainte-Chapelle, après cpi'il l'eut
fait revêtir d'une couverture d'or du poids de huit marcs environ.

Dans tous ces ouvrages, encore une fois, le relieur n'avait presque
rien à voir; le travail tout entier revenait à l'orfèvre, soit qu'il eût fait,

\. Annuaire de la Bibliothèque royale cle Bruxelles; 1847, in-12, p. 17.

2. Cassiodure, De institut, divin. Scriptur., cap. xxx.

3. Chronic. Cenlulense, cap. xvn, Spicilége de L. d'Achery, t. IV.
>. Histoire de Reims. li\. III, ch. o.

XIII. * <+
 
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