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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 2
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Mouvement des arts e de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0202

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

VENTE DU COMTE DE PEMBROKE
3 0 juin 18 62

Les ventes d'été sont rares, grâce au ciel. Ce n'est pas que l'hôtel Drouot ferme ses
portes, mais les salles réservées d'ordinaire aux tableaux et à la haute curiosité y sont
envahies l'été par toutes sortes de marchandises immondes et par un public qui ne le
cède en rien aux marchandises. Notre ami, M. Burty, ne pouvait mieux prendre son
temps pour aller respirer un air plus pur. Les lecteurs de la Gazelle voudront bien
cette fois nous accepter comme pis-aller.

Aussi bien, n'est-ce pas à l'hôtel Drouot qu'a eu lieu la vente du comte Pembroke,
mais dans un véritable hôtel tout parfumé d'élégances aristocratiques, au milieu de
salons tapissés d'Aubusson et tendus de soieries de Lyon, sous des lambris dorés qui
n'avaient jamais vu une société composée d'éléments aussi divers. Outre les marchands
de fondation, les meilleurs amateurs de Paris s'étaient donné rendez-vous là, et quel-
ques notabilités du vrai monde y coudoyaient un nombre remarquable d'étrangers,
surtout d'Anglais de l'un et l'autre sexe. Il ne manquait à tout ce monde que d'être
vêtu de velours et de soie, d'habits à paillettes et de culottes courtes, pour se trouver
de pair avec la collection vendue : quarante tableaux sans plus, et tous du xvnrsiècle.
Ce n'étaient que Lancret, Pater, Boucher, Natoire, Vanloo... On aurait pu se croire
transporté en 1785, si nos lugubres vêtements noirs n'avaient juré avec cette folle pein-
ture, et surtout si le catalogue avait été rédigé par un de ces experts du bon temps.
Remy, Joullaîn, Paillet ou Lebrun.

C'est principalement lorsqu'il s'agit de sujets de fantaisie que l'indication des
dimensions devient nécessaire, pour peu que l'on veuille retrouver dans le passé les
titres de noblesse d'un tableau. Comment décider, par exemple, si la Réunion dans le
parc, de Pater, qui appartenait au comte de Pembroke, est le Bal champêtre de la
vente Langraff (1784, — 22 pouces sur 30, vendu 3,700 livres), ou celui de la vente
Nogaret (1782, — 22 pouces sur 29, vendu 1,500 liv.), ou les Plaisirs du bal de la
vente de Selle (1761,-24 pouces sur 30, vendu 1,051 liv.)? On sait que Pater a repro-
duit plus d'une fois cette imitation d'un tableau de Watteau, gravé par Laurent Cars.
Celle de la collection Pembroke en était peut-être le morceau capital, par la chaleur et
l'harmonie de la couleur, la fermeté de l'exécution, le charme des détails et de l'en-
semble. Aussi l'a-t-on vue monter jusqu'à 30,800 fr. Moins importants comme dimen-
sion, mais plus précieux, plus piquants d'effet et surtout plus personnels, trois autres
tableaux de Pater ont atteint, — l'un, les Plaisirs champêtres, 13,700 fr., — l'autre,
le Repos dans le parc, 12,600 fr., — et le troisième, Réunion dans le parc, 3,150 fr.
L'énoncé seul de ces titres dit assez tout ce qu'ils ont de vague, et combien il importe-
rait de pouvoir désigner par leurs dimensions exactes ces tableaux si faciles à confondre
d'ailleurs.
 
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