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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 2
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Burty, Philippe: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0201

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CORRESPONDANCE D'ORLÉANS.

189

d'un pied ferme dans cette voie. Elle interroge les registres de ses gloires indigènes.
Elle vient d'élever au jurisconsulte Pothier une statue qui est due à M. Vital Dubray.
Mais on a tant abusé depuis quelques années de ces hommages en bronze!

Il lui reste à reconstituer les archives artistiques. Etienne Delaulne, l'orfèvre de
Henri IL, est né, selon toute probabilité, en 1518 ou 1319, dans ses murs; déjà la
ville a acquis, avec la collection iconologique de M. Leber, une partie de l'œuvre de
ce gracieux et savant ancêtre du burin français. Cet hiver encore, M. Ch. deLangalerie
a enrichi sa collection d'un dessin à la plume, sur vélin, qui est un des chefs-d'oeuvre
du maître. L'encadrement qui le circonscrit est plein de liberté et de grâce. Ce dessin
montre une représentation théâtrale antique telle qu'on se l'imaginait au xvie siècle. La
scène se déroule dans un monument semi-circulaire. Les acteurs sont en scène et s'es-
criment de la parole. Le public est assis sur des gradins opposés au théâtre et dispo-
sés en demi-cercle. Quel rôle jouent ces deux femmes coiffées de hennins, vêtues de
robes à jupe traînante? Peut-être récitent-elles une scène de l'Andrienne? Les souf-
fleurs, le livre à la main, sont courbés derrière chacune d'elles, et, par une licence qui
fait peu d'honneur aux régisseurs de l'époque, derrière un groupe de philosophes à
barbe longue, la Folie agite les grelots de sa marotte et de son bonnet â cornes.

Le musée d'Orléans a reçu récemment de la maison de l'empereur un paysage ultra-
historique par M. Paul Flandrin, la Fuite en Égypte, et le modèle ayant servi aux
tapisseries des Gobelins pour exécuter le portrait à mi-jambes d'Androuel Ducerceau,
qui orne la galerie d'Apollon, au Louvre.

Il me resterait encore, monsieur, à vous parler de la fatalité qui s'attache aux mo-
numents de la Pucelle. A une statue déplorable de la Restauration qui montrait l'hé-
roïne coiffée d'un tourteau à plumes d'autruche, a succédé une Jeanne d'Arc à cheval
par M. Foyatier, qui est vraiment affligeante. Fort heureusement, les bas-reliefs qui
entourent le socle distraient le regnrd et l'amusent. Mais ces bas-reliefs, primitivement
confiés à 31. Foyatier et exécutés après de longs débats par M. Vital Dubray, ont déjà
fait couler des flots d'encre, et Dieu me garde de rentrer dans un procès à peine assoupi.
Je n'aurais d'ailleurs à constater que la bonne volonté des édiles, et je ne crains point
d'y revenir encore, ne fût-ce que pour les soutenir de notre sympathie dans les luttes
qu'ils ont livrées contre les difficultés réelles de la position et contre les mauvaises
volontés des esprits fermés aux jouissances de l'art.

PHILIPPE Bunxr.
 
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