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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 5
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Darcel, Alfred: Les nouveaux théatres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0493

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LES NOUVEAUX THÉÂTRES

Peu de constructions ont autant préoccupé l'attention publique que les deux théâ-
tres de la place du Châtelet, et il y en a peu qui aient été si défavorablement jugées
alors qu'il était équitable d'attendre que leur achèvement permît de les voir, non pas
telles que l'architecte les avait rêvées, mais telles que les caprices administratifs ont
permis de les réaliser; car, aujourd'hui plus que jamais, on a la prétention d'acquérir
le goût en même temps que la fonction, et de tout savoir sans avoir jamais rien
étudié.

Tels qu'on les voit enfin, après tous les remaniements qu'on leur a fait subir, les
deux théâtres sont, à notre avis, de fort inégale valeur, le théâtre du Cirque étant de
beaucoup supérieur au Théâtre Lyrique. Les deux façades cependant sont semblables
dans leurs divisions principales et dans leurs masses; mais l'une est ouverte, l'autre
est fermée. Quant aux façades latérales, ce sont celles de maisons particulières, un
peu plus lourdes que de raison, et d'une monotonie que ne justifie point la destination
des deux monuments. L'on a voulu cependant, mais après coup, mouvementer un peu
celle du théâtre du Cirque en y accolant quelques pilastres et en faisant saillir quelques
balcons. De plus, la masse des immenses combles cintrés, bien qu'on les ait diminués
en les terminant par des croupes, étant hors de proportion avec ce qui l'entoure,
rompt désagréablement la ligne des maisons du quai. C'est lourd plutôt que grand.

La façade du Théâtre Lyrique se compose de deux pavillons d'angle faisant une
légère saillie sur un corps principal ouvert d'arcs surbaissés au rez-de-chaussée et
d'arcs plein cintre correspondants au premier étage. Une galerie couverte, fermée par
des plates-bandes que supporte une colonnade, règne au-dessus et forme l'altique. En
arrière s'élèvent les combles du théâtre. A chaque extrémité de ces derniers se dresse
un groupe formé de deux enfants assez mal bâtis, avec de grandes jambes maigres qui
se profilent sur le ciel.

Louons l'architecte de n'avoir point menti, dans cette façade, aux principes de la
construction, et d'avoir franchement accusé les méthodes de bâtir employées. Tout
autre eût mis des plates-bandes appareillées supportées par des colonnes; M. Davioud
a osé mettre des arcs surbaissés, ou plutôt des portions d'arc supportées par des piliers.
Au premier étage, ce sont de grands arcs en plein cintre dont l'archivolte continue le
profil des pieds-droits. Malheureusement, on a enlevé toute fermeté à ce profil en sculp-
tant le tore saillantqui en forme le motif principal. Ici, M. Daviouda cru s'inspirer des
exemples fournis par l'architecture romane, mais il a oublié que dans les constructions
de cette époque qui présentent des colonnes ou des tores sculptés, des moulures lisses,
détachées de ceux-ci par de profondes scoties, les encadrent toujours et accentuent le
profil général.

Ce sont bien aussi des architraves formées d'une seule pierre qui reposent sur les
colonnes de la galerie, et, comme elles n'ont à supporter que le poids de la corniche, il
n'y a pas lieu de craindre qu'elles ne puissent résister.

Un balcon en pierre ajourée occupe les entre-colonnements, et, diminuant de toute
 
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