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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 2
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Burty, Philippe: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0197

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Orléans, 20 juillet 1862.

Ma première visite à Orléans a été, mon cher Directeur, pour notre bienveillant
correspondant, M. Charles de Langalerie. C'est en vain que j'ai voulu obtenir pour la
Gazelle des Beaux-Arts une de ces lettres qui nous renseignent si bien sur le mouve-
ment des arts et de la curiosité en province; le directeur du musée de peinture a pré-
tendu, fort à tort selon moi, qu'il ne devait, sous aucun prétexte, sortir de son rôle de
curieux observateur, et me voilà, au grand détriment de nos lecteurs, forcé de le rem-
placer.

C'est que j'ai beaucoup à vous dire, et qu'il vous eût beaucoup mieux expliqué que
moi tous les soins que se donne le chef de ta municipalité orléanaise : homme jeune,
actif, d'une intelligence souple, ouverte aux grands projets, et porté vers l'art par un
goût instinctif que l'on rencontre rarement à ce degré, M. Eugène Vignat a déjà réa-
lisé des progrès considérables, et Dieu sait les obstacles de toute nature qu'il rencontre
à chaque pas! En ce moment, il fait meubler les salles de la mairie, gracieux monu-
ment du xve siècle, récemment remis à neuf, et c'est au goût si certain de M. Viollet-
Le-Duc qu'il a demandé des croquis pour faire exécuter le mobilier.

La mairie d'Orléans possède une belle répétition de la Jeanne d'Arc d'Ingres. Cette
copie a été exécutée sous les yeux mêmes du maître, qui a même apporté quelques mo-
difications à certaines parties importantes, et a peint entièrement de sa main la tête et
les mains de l'héroïne, et celles des personnages de sa suite.

On parle sans cesse — dans les régions politiques — de la décentralisation. A en
juger par les résultats, je crains bien, au moins pour la question de l'art, que l'heure
n'en soit point encore sonnée. Il y a quelques années, une société archéologique avait
cherché à se constituer ici pour acheter en commun les monuments dont la perte eût été
regrettable. Un honorable Orléanais, M. Dupuis, acquit pour une vingtaine de mille
francs une maison de la rue du Tabour, qu'on assure avoir été celle d'Agnès Sorel ;
c'est une adorable habitation du xvie siècle, avec un puits dont on retrouverait le mo-
dèle dans l'œuvre d'Androuet Ducerceau, et une galerie intérieure au plafond formé
de caissons élégants. La société s'est dissoute sans avoir pu réunir les fonds de cette
acquisition. Est-ce bien encourageant?

En attendant que l'initiative des citoyens décharge, comme en Angleterre, les bud-
gets, la municipalité achète pour le compte de la ville. Elle a fait reporter pierre à
pierre, sur une autre maison, la façade de l'ancienne prévôté, autrefois place de l'An-

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