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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 3
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Galichon, Émile: De la création d'un nouveau musée
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0236

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GAZETTE DES BEAUX-ART S.

aujourd'hui bien des pages admirables de maîtres qui manquent au
Louvre, et le musée de Kensington, autre création toute récente, possède
déjà des collections estimées douze millions, et dont les pièces, circulant
de ville en ville, vont porter clans quatre-vingts écoles, fréquentées par
quatre-vingt-dix mille élèves, l'exemple, l'instruction et le goût.

Ces institutions nouvelles et les développements extraordinaires appor-
tés à celles qui végétaient hier sont les résultats de l'exposition de 1851
qui, en faisant ressortir notre suprématie dans les productions où l'art
s'allie à l'industrie, livra aussi le secret de notre force. Les lords du comité
du Conseil privé pour le commerce et le très-regrettable prince Albert
comprirent combien il est préférable pour une nation de l'emporter sur les
autres par la perfection de ses produits, plutôt que par une fabrication à
bon marché qui n'offre à un travail excessif qu'un salaire minime, et livre
un peuple aux angoisses terribles des crises commerciales. Ils deman-
dèrent l'établissement d'un département des arts et des sciences appli-
qués à l'industrie, et, dès la première année, le budget de ce département
s'éleva à près de deux millions de francs. En regard de ces efforts pro-
digieux, que fait la France? Rien. Confiante dans l'excellence de son
goût, dédaigneuse de celui de ses rivaux, elle reste simple spectatrice!

Ne rions point cependant de ces tentatives hardies. Le peuple qui a
formé des Reynolds, des Gainsborough, des Wilkie, et plusieurs autres ar-
tistes que nous ne connaissons pas assez, peut aussi façonner des ouvriers
capables de rivaliser avec les nôtres et même de les surpasser. « Jusqu'à
présent, dit M. le comte de Laborde, nous n'avons eu à lutter que contre
des efforts individuels, et nous sommes déjà atteints sur quelques points
dans les arts, battus complètement par les poteries de Minton, menacés
par l'orfèvrerie d'Elkington et par plusieurs autres industries. Quand un
peuple a les grandes facultés, et par-dessus tout cette qualité de persé-
vérance qui ne connaît aucun obstacle, vous avez tout à redouter. Les
Anglais, quoi que vous en pensiez, ont les dispositions artistes les plus
rares à un degré éminent... » Cette opinion, formulée en 1856 par le rap-
porteur de la commission de l'Exposition de 1851, n'est point seulement
personnelle. Les Chambres de commerce ont depuis longtemps répandu
l'alarme. Elles ont averti nos fabricants que les draps des Anglais sont
partout préférés en Amérique, parce que nos voisins ornent mieux leurs
pièces que nous n'ornons les nôtres. Lyon s'est ému des progrès réalisés
par nos rivaux dans la soierie, et cette ville, pour venir en aide à ses fabri-
ques, a résolu, entre autres choses, de fonder un musée d'art industriel.
Mais de tous ses projets il n'est résulté qu'un excellent rapport de M. Na-
tals Rondot, chargé par la Chambre de commerce de visiter l'Angleterre
 
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