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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 3
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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: L' enseignement des arts, [2]: il y a quelque chose à faire
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0266

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250

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Les corps irresponsables ont en toujours et dans tous les temps des
armes sûres à opposer à ceux qui manifestent quelques velléités d'in-
dépendance. Ils combattent par le silence et F inertie; ils ne discutent
pas, ils ferment les portes, et ils peuvent en fermer beaucoup, car partout
ils ont un pied. Ils resserrent chaque jour le cercle clans lequel le réfrac-
taire espère se mouvoir, ils minent ses appuis les plus fermes, font le
vide autour de lui, et pour l'achever, lorsque l'air et la terre lui man-
quent, ils plaignent hautement ce qu'ils appellent ses erreurs, couron-
nant ainsi l'ostracisme par l'humiliation. Jadis on amenait, par des pro-
cédés analogues, les gens trop curieux et indociles jusqu'aux fagots,
toujours, bien entendu, en respectant la forme, comme dit Btïd'oison ;
aujourd'hui on ne brûle plus les gens, même en effigie., mais on fait ce
qu'on peut, dans la république des arts, pour les étouffer un peu.

Aucune loi de l'État, aucun règlement, aucun arrêté même n'imposent
aux artistes l'absence d'enseignement et les opinions de l'École des beaux-
arts; mais cependant combien est-il de jeunes gens qui osent s'affranchir
de ces opinions et chercher un enseignement quelque part? Combien
est-il de pères de famille qui veuillent soustraire leurs enfants au patro-
nage académique établi sur l'ignorance ou l'indifférence de tous en ma-
tière d'art, n'enseignant rien pour qu'on ne puisse discuter son enseigne-
ment, et tenant la main sur toutes les portes pour les fermer à quiconque
ne s'est pas livré corps et âme à l'esprit du corps?

Il n'y aurait peut-être que demi-mal à tout cela si les sections de
l'Académie des beaux-arts, marchant d'accord pour maintenir leur supré-
matie dans la république des arts, savaient établir, entre les diverses
branches des études plastiques, la confraternité, la communion d'idées,
nécessaires à la production désœuvrés d'art. L'architecte, le sculpteur et
le peintre travaillent isolément, et si parfois ils se réunissent pour dîner,
ce sont les gens les plus étrangers les uns aux autres lorsqu'il s'agit d'éle-
ver un monument et de le décorer. Non-seulement ils ignorent récipro-
quement les principes de leurs arts, mais on peut assurer, sans rien
exagérer, qu'ils les dédaignent. Les peintres et les statuaires considèrent
l'architecte comme un homme à idées trop positives pour comprendre les
ressources d'un ordre élevé que fournissent leurs arts; le statuaire pense
que le peintre ne fait pas valoir son œuvre, le peintre est gêné par le voi-
sinage d'un bas-relief; quant à l'architecte, il prépare aux deux premiers
des places que ceux-ci trouvent mauvaises, il s'inquiète médiocrement
des jours, des effets, et si la peinture ou la sculpture sont en désaccord
complet avec l'ensemble, il décline toute responsabilité en renvoyant les
critiques à ses collaborateurs. Mieux encore, le peintre d'histoire n'étant
 
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