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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 4
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Jacquemart, Albert: Musée Napoléon III, collection Campana, [5], Les majoliques italiennes
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0330

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312

GAZETTE DES BEAUX - ARTS.

les rochers et les terrains sont au contraire d'une vigueur poussée à l'ex-
trême, qui contraste d'autant plus avec les chairs. On peut pourtant
retrouver certaine analogie d'émaux entre cet ouvrage et de rares pièces
attribuées à Urbino.

La Cène, d'après Raphaël, qui couvre le beau plat n° 53/i, est dif-
ficile à déterminer parce qu'elle est tracée sur un berettino qui enlève
une grande partie du caractère de la peinture : mais la perfection du des-
sin, la belle expression des têtes, la fermeté du modelé, ne permettent
de retrouver son auteur que parmi les majolistes de premier ordre.

Quant auxcentres. les délimiter exactement c'est chose presque impos-
sible, de l'aveu des plus grands connaisseurs; chaque fabrique a donné
naissance à des ateliers secondaires, parfois inconnus; les potiers et les
peintres ont voyagé d'un lieu dans un autre et travaillé souvent pour les
différents princes de l'Italie. Les secrets se sont ainsi répandus de proche
en proche, et les usines ont perdu tout caractère de distinction technique.
Pourrait-on espérer quelque secours des nombreux écussons peints sur
les pièces? Peut-être; mais encore ici faudrait-il faire preuve d'une exces-
sive prudence. Le prince qui commandait un service à ses armes pouvait
ne pas s'adresser toujours à la fabrique la plus voisine ; le caprice, le
désir de la nouveauté devaient le porter même à rechercher les ouvrages
des usines éloignées ou des artistes en renom, dans quelque lieu qu'ils
fussent. Parfois, d'ailleurs, les armoiries sont celles du donateur et non
du destinataire; tel est le blason placé sous le plat n° 188, et qu'on
retrouve à Sèvres et dans d'autres collections où se sont dispersées les
pièces de cette crédence.

Quoi qu'il en soit, sous ce rapport comme à tous les autres points de
vue, la collection Campana apporte aux études futures un secours mani-
feste. Certes, dans le brillant ensemble que forme le musée Napoléon III,
les majoliques italiennes n'étaient pas le point le plus attractif pour la
curiosité de la foule. 11 faut avoir pratiqué déjà les études historiques et
sondé les arcanes de la technologie pour apprécier complètement des
œuvres d'un autre âge dont les plus solides qualités, découlent d'une filia-
tion plus ou moins directe des grands maîtres de l'art. Mais lorsque le
temps aura permis de tout décrire, de tout expliquer au public, avide,
quoi qu'on dise, de connaissances variées, lorsqu'une classification mé-
thodique aura groupé ces spécimens nombreux en les faisant valoir l'un
par l'autre, force sera bien de reconnaître que l'acquisition de cette série
particulière dote le pays de richesses toutes nouvelles.

\ LB E l\ T JACQUEMART.
 
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