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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Exposition de Londres, [3]: peinture et sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0386

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36G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

il fallait accepter oyalement l'invitation qui nous était faite et exposer les
plus belles pages du mouvement moderne depuis 1825, peut-être même
depuis Géricault. Loin de là, peu soucieux de nos gloires, nous avons
caché notre or, pour montrer notre menue monnaie. Croira-t-on que
M. Delacroix, qui, je suppose, tient quelque place dans l'histoire de l'art
contemporain, n'est représenté à Londres que par son ébauche de la Mort
de l'évoque de Liège?... Pour Âry Scheffer, suffisait-il de prendre Saint
Augustin cl Sainte Monique? Certes, la Source de M. Ingres est un mor-
ceau rare; mais n'eût-il pas été intéressant de grouper auprès de la jeune
nymphe quelques portraits du maître et deux ou trois de ses grandes
compositions, le Martyre de saint Symphorien par exemple, et le Vœu
de Louis XIII? Quant à Paul Delaroche, qui est d'ailleurs fort connu en
Angleterre, grâce aux collections du duc de Sutherland et de lord Elles-
mere, nous avons six tableaux de lui : c'est assez. Mais, moins heureux
que celui que Y Art-Journal appelle The great Delaroche, M. Horace
Yernet est vraiment en droit de se plaindre, car la Bataille de l'Aima et
deux portraits de maréchaux sont des témoignages très-imparfaits de son
talent. Enfin, Decamps a été presque complètement sacrifié : nous n'avons
de sa main que deux cadres difficiles à découvrir. Quant aux paysa-
gistes, qui pouvaient, si leurs tableaux avaient été bien choisis, écraser
l'école anglaise, on a oublié Jules Dupré.

L'exposition française est donc incomplète, et au premier aspect elle
déconcerte un peu le visiteur. Que si cependant on y regarde de plus près,
on retrouve dans les galeries qui lui sont consacrées bien des œuvres ho-
norables, bien des tableaux spirituels ou charmants. A côté de laSource,
dont il est inutile de reparler ici, se placent, pour la gravité de l'aspect
et la sévérité du sentiment, les portraits de M. Hippolyte Flandrin,
notamment la Jeune fdlc à l'œillet, qui fut un des succès du Salon
de 1859, et qui appartient aujourd'hui à M. le marquis Maison. Le por-
trait de l'Empereur, récemment exposé, est aussi une page digne de toute
l'attention de la critique. Bien que cette peinture, par l'insuffisance du
coloris et l'effacement volontaire de tout relief, appartienne plus au do-
maine de l'abstraction qu'à celui de l'art pittoresque proprement dit, elle
s'impose au regard par sa solennité, sa sobriété et la puissance d'idéali-
sation qu'elle révèle chez l'artiste.

Parmi les œuvres de style, une des meilleures est assurément la 67o-
rificalion de saint Louis de M. Gabanel, grande page sévère et dont la
composition symétrique fait songer aux maîtres des époques privilégiées.
Quelques autres tableaux empruntés au musée clu Luxembourg sont aussi
bons à revoir. Le Saint François d'Assise est le chef-d'œuvre de Léon
 
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