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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 4
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Burty, Philippe: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0401

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CORRESPONDANCE DE TOURS.

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de style, mais encore un ami délicat de l'art moderne, a recueilli pendant quinze ans
tout ce qu'a fait Raffet, tout ce qui a été reproduit d'après ce grand maître de là
vignette et de la lithographie. Mais loin d'imiter tant d'amateurs qui semblent n'em-
plir leurs cartons que de feuilles de papier plus ou moins bien imprimées, il s'est
passionné pour l'âme elle-même de ce qu'il recherchait avec tant de patience et de
soins. Retiré à peu de distance de Tours, dans un nid charmant de verdure, il a cata-
logué cet œuvre considérable avec l'érudition d'un bénédictin et le goût vivant d'un
artiste, et il a fait un beau livre qui va paraître tout à l'heure, orné de quatre eaux-
fortes inédites de Raffet et d'un portrait du maître, tiré à petit nombre, et bourré de
renseignements intéressants. Nul doute que ce livre qui complète, sans la faire oublier,
la touchante étude de M. Auguste Bry sur la vie de Raffet, n'aide beaucoup à la
popularité de ce maître. On n'apprécie généralement pas à leur juste mesure la fécondité,
la conscience, l'intelligence et le sentiment qu'il possédait du soldat contemporain.

Je devrais m'arrèler ici, monsieur, mais comme ce que je dois vous dire encore
n'atteint que cette impersonnalité qui s'appelle Édililé, je ne me crois pas ingrat envers
les Tourangeaux qui m'ont personnellement offert une si cordiale hospitalité. Autant
les individus pris isolément sont bien disposés pour les arts, autant la Ville semble
paresseuse à leur égard. Tours ne possède pas de théâtre ou à peu près. Le musée,
dont les tableaux offrent un grand intérêt et qui, comme importance, doit passer immé-
diatement après celui de Nantes, est un édifice des plus impropres à cette destination.
Les toiles disparaissent sous la crasse; les bordures — quand il y en a — sont ron-
gées par le temps; les salles sont à peine éclairées. Une visite dans cet établissement
est navrante, lorsque surtout on se rappelle l'installation nouvelle du musée de Nantes
et les soins que lui donne son intelligent conservateur.

Parmi les monuments remarquables du vieux Tours, on peut citer en première ligne
la belle fontaine en marbre blanc exécutée, dans les premières années du xvie siècle,
par deux célèbres sculpteurs tourangeaux, les frères Juste, pour le malheureux surin-
tendant des finances Jacques de Beaune, baron de Semblançay, pendu à Montfaucon en
1327. — Cette fontaine, que Jacques de Beaune avait fait établir sur la petite place où
était situé son hôtel, fut enlevée en '1778 par ordre de l'intendant de la province, et
déposée dans la cour de l'ancien hôtel du gouvernement. Cinquante ans après, en 1828,
elle fut transportée sur la place du marché, et y est restée depuis cette époque. Par
malheur, les mutilations auxquelles le petit chef-d'œuvre de la Renaissance est inces-
samment exposé, et le défaut des soins nécessaires donnent tout lieu de craindre que
l'on n'ait bientôt à en déplorer la perte. Il est à souhaiter que des mesures sérieuses
soient prises pour sa conservation.

On voit sur cette même place du Marché un charmant portail de la fin du xve siècle,
figurant un pignon dans sa partie supérieure et ornée de petites fenêtres ogivales
remarquables par la finesse des sculptures. Cet édifice, qui était l'une des entrées prin-
cipales du cloître de Saint-Martin, dut sa conservation à la suppression de la rue à
l'extrémité de laquelle il avait été bâti. Tours possédait autrefois un grand nombre de
portails du même genre, entrées des habitations des puissances ecclésiastiques et sei-
gneuriales qui se partageaient, ou plutôt se disputaient l'administration de la ville. Us
ont été successivement détruits.

Les maisons, groupées autour de la célèbre basilique de Saint-Martin, détruite en
1797, dont on a malencontreusement proposé récemment la problématique réédification
et dont le savant archiviste du département, M. de Grandmaison, prépare patiemment
 
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