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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 5
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Darcel, Alfred: Les arts industriels à l'Exposition de Londres, [2], La bijouterie et la joaillerie
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0460

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

signaler à quels excès ils se sont laissés aller, en nous entraînant à leur
suite. Des formes simples et élémentaires que l'ornement doit égayer, et
qui conviennent surtout aux bijoux de ville, on est passé aux formes
sèches et sans ornements, ce qui a conduit fatalement à l'imitation de la
serrurerie. Ainsi nous avons vu des bracelets copiés sur les colliers des
tuyaux qui conduisent le gaz et avec des vis en guise de fermoir ; des
épingles simulant un immense clou de maréchal, et des fers ou des sabots
de cheval en guise de broches de femme. C'est parmi les gens du sport que
cette belle mode s'est d'abord répandue ; puis elle a gagné de proche en
proche. Que de sportsmen platoniques ne possède-t-on pas des deux
côtés du détroit ? Braves garçons, qui n'ont jamais enfourché un cheval
de leur vie et qui veulent se donner le ton des gens de loisir en emprun-
tant aux palefreniers leur tenue et leur jargon! Puis, le mauvais goût de
la vraie industrie parisienne s'en mêlant, ■— nous voulons parler de celle
qui fabrique « l'article de Paris, » — nous avons vu ce que chacun peut
apercevoir aujourd'hui à toutes les vitrines des quartiers élégants. La
quincaillerie, la taillanderie, la serrurerie et toutes les industries y ont
envoyé des modèles de leurs produits, modèles réalisés en or, en argent
et en émail. On dirait qu'un décret a ordonné a chaque citoyen de porter
en guise de bijou un des ustensiles de sa profession ou une marque de ses
goûts dominants. Il y a d'abord les insignes du sport, depuis le clou jus-
qu'à la lanterne de voiture ; ceux du jardinage, y compris l'arrosoir ;
les fleurets et les revolvers pour les bretteurs ; un cordage enroulé pour
les canotiers. Il est même possible d'indiquer à quel journal on est
abonné, en portant une épingle où ledit journal, plié sous bande, est
représenté en miniature. On peut enfin afficher sa nationalité en arbo-
rant à sa cravate le timbre-poste de son pays. Plus bas encore nous
trouvons les bijoux... indiscrets ; ceux-ci consistent en un écriteau por-
tant une annonce à double entente ; le demi-monde peut s'en servir
comme d'affiche.

Mais quittons ces infamies et ces aberrations, où nos ouvriers montrent
une grande adresse d'exécution, pour nous occuper de l'art plus sérieux,
de celui où la forme vient encore enrichir la matière.

Le bijou, ainsi qu'on appelle tout ornement de toilette où les métaux
précieux dominent, ornés ou non de pierres ou d'émaux, a passé par les
mêmes vicissitudes que l'orfèvrerie. Sous l'Empire et sous la Restauration
on imitait à peu près les formes antiques, qu'on connaissait alors fort
mal, et, concurremment avec les camées et les intailles montés assez
lourdement, on employait des filigranes et des grènetis d'une admirable
exécution. Plus tard, lors de la réaction romantique, si l'on essaya d'in-
 
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