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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 5
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Mantz, Paul: École des Beaux-Arts, les concours - les envois de Rome
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478

GAZETTE DES BEAUX-ART S.

pas échappé qu'un palais à construire en Algérie doit nécessairement se rapprocher par
son style des monuments arabes qui couvrent le sol du pays. Cette idée, qui se pré-
sente naturellement à tous les bons esprits, et qui paraissait devoir faire préférer leurs
compositions, leur a au contraire été fatale. Il se pourrait donc, ainsi que l'écrivent les
élèves de la section d'architecture, que l'Académie eût mal jugé le concours. Nos sou-
venirs nous permettent d'ajouter que ce regrettable malentendu ne se produit pas pour
la première fois.

Et, cependant, il est de toute évidence que le jury d'examen a un intérêt véritable
à distribuer équitablement les récompenses, car son indulgence a envoyé à Rome
depuis dix ans bien des écoliers qui n'étaient pas dignes de cet honneur, si l'on en
juge par la médiocrité des ouvrages qu'ils y exécutent. L'exposition des tableaux et
des statues qui nous arrivent chaque année de notre colonie italienne est bien faite
pour lasser la patience du public, qui se rend par habitude à cette fête mélancolique,
et qui en revient désenchanté. Voyez un peu les envois de 1862! On avait pu espérer
un instant que M. Didier serait un paysagiste; son Horace enfant est absolumeut nul.
Rien à dire non plus du Berger Faustulus, de M. Michel, et de la Dalila de M. Dl-
mann. M. Sellier a envoyé une copie d'un fragment des Sibylles, de Raphaël, à l'église
Santa Maria délia Pace. M. Sellier, nous avons déjà eu occasion de le dire, nous inquiète
au dernier degré. Il a imaginé un procédé de peinture au pointillé, qui ne lui réussit
nullement; le modelé et le dessin intérieur se perdent sous l'effort de son pinceau
amolli. Sa copie des Sibylles, prodigieuse d'inexactitude, est veule et inconsistante. A
qui M. Sellier espère-t-il faire croire que Raphaël ressemble à l'Albane?

Le tableau de M. Clément, la Mort de César, n'est pas achevé. Il serait donc pré-
maturé de juger aujourd'hui celte peinture, que nous reverrons sans doute au Salon,
et qui s'y montrera dans des conditions meilleures. Quant à présent, et malgré la vio-
lence de certaines attitudes académiques, le tableau de M. Clément est extrêmement
froid. L'idée de concentrer la lumière sur la statue de Pompée, au pied de laquelle
on égorge César, est d'une mesquinerie qui a frappé tout le monde. Les robes blan-
ches des sénateurs agglomérés constituent, dans la coloration de l'ensemble, une domi-
nante d'un gris sale tout à fait monotone et fâcheuse... Mais cette peinture, nous l'avons
dit, n'est pas terminée, et notre critique doit attendre quelques mois encore, sans
oublier d'ailleurs que M. Clément est l'auteur de cette Femme romaine qui réussit si
bien au Salon de '1861.

M. Henner, qui jusqu'à présent avait peint avec une grande mollesse, a su affermir
son pinceau, tout en serrant la ligne de plus près. Son Baigneur endormi est char-
mant. L'enfant, dont la pâle nudité se réchauffe çà et là de tons doucement ambrés, est
étendu sur des draperies où les blancs se mêlent aux bruns vigoureux, et il dort sous
l'ombre légère d'un figuier aux larges feuilles. Cette figure est très-bien comprise pour
la couleur et pour la lumière: le modelé d'ailleurs est ferme dans sa diuceur, le dessin
est vrai sans être inélégant. Par cet heureux tableau, M. Henner se fait pardonner
bien des fautes.

Les graveurs, MM. Dubouchet et Miciol ont envoyé des dessins nombreux, mais
très-faibles. M. Gaillard, dont le noviciat vient de s'achever, a exposé une grauire
ébauchée d'après la Vénus de Titien, et des aquarelles très-intéressantes d'après des
peintures décoratives de Pompéi.

Les envois des sculpteurs nous ont paru singulièrement insignifiants. Le Corybante,
de M. Cugnot, présente quelques détails bien traités; mais il est disgracieux dans son
 
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