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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 20.1879

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Nr. 4
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Gueullette, Charles: Mademoiselle Constance Mayer et Prud'hon, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22840#0386

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356 GAZETTE DES BEAUX - ARTS.

tenus par des membres de l'Institut; une compagnie d'infanterie formait
la haie. C'est dans cet ordre que le cortège funèbre arriva au cimetière,
où M. de Boisfremont prononça le discours entièrement inédit qu'on va
lire, et dont je dois la communication à son petit-fils, M. G. Power :

(( Restes inanimés du meilleur-et du plus malheureux des hommes!
la terre ne se refermera pas sur vous avant que des amis éplorés ne
vous adressent leurs derniers adieux.

« Reçois du fond de cette tombe le tribut de leurs larmes et de leurs
regrets, celui de la reconnaissance de tous ceux que ta complaisante bonté
guidait dans la carrière des arts; pour lesquels, dérobant à ton art de
précieux moments, tu révélais si généreusement tous les secrets de ta
magie enchanteresse.

« Nous n'entreprendrons pas de faire ton éloge, il est dans la bouche
de tous ceux qui eurent le bonheur de te connaître, il est gravé avec ta
mémoire, en traits ineffaçables, au fond de tous les cœurs généreux, sen-
sibles, faits pour sentir la vertu et les nobles sentiments. Nous n'es-
sayerons pas de peindre la douceur de tes mœurs, la bonté inaltérable
de ton noble caractère, ton héroïque courage au milieu de l'adversité,
des chagrins et des peines, dont a été constamment abreuvé le cours de
ta malheureuse existence.

« Encore bien moins pourrions-nous dire comment la nature, confon-
dant en ta personne tous les dons du génie, t'organisa d'une manière si
complète pour le bel art cpie tu exerçais; comment ton flexible talent
sut si bien allier la force à la grâce, la vérité au sentiment, l'exécution
à la pensée, et posséda, par-dessus tout, le secret merveilleux de toucher
l'âme en charmant les sens.

« La nature, en te formant, sembla t'avoir tout prodigué pour par-
venir à la fortune, au bonheur et à la gloire. Mais une fatalité, s'attachant
à ton existence, a tout détruit pour toi et ne t'a laissé d'espoir consola-
teur que dans l'attente du repos de la mort. A cette heure fatale t'atten-
dait encore l'implacable destin pour assouvir sur toi ses dernières rigueurs.
Une mort lente et douloureuse décomposait ton être pendant que tu
conservais encore tout le sentiment, et t'arracha des bras de tes amis
sans que rien pût ralentir l'affreux ravage de la destruction.

a Celui dont tu as choisi la demeure pour y terminer, dans l'asile de
l'amitié, le triste reste d'une existence qui te pesait, s'acquitte en ce mo-
ment du pénible et dernier devoir que tu réclamas de l'amitié : celui de
déposer ta dépouille mortelle près de cette tombe vers laquelle tendaient
tous tes désirs.
 
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