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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Mantz, Paul: Watteau, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0018

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10

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Pour expliquer comment Watteau, élevé dans le culte de l’ardoise
et de la tuile, a pu de bonne heure tourner sa pensée vers la peinture,
on est tenté de rechercher s’il n’a pas subi quelque influence et si un
dangereux exemple ne lui a point été donné par un membre de sa
famille. On l’a cru dès qu’on a appris par le dépouillement des
archives municipales que, pendant les dernières années du xvnesiècle,
il y a eu à Valenciennes un Julien Watteau qui était peintre. Mais le
personnage est aujourd’hui connu et on entrevoit la vérité. Le nom
de Watteau, modifié de toutes les façons par la fantaisie des scribes,
est très fréquent dans la région, et tous les actes de l’état civil ayant
été scrupuleusement interrogés à propos d'un procès jugé le 23 juil-
let 1884, par le tribunal civil de Valenciennes l, il a été impossible
de retrouver un lien de famille entre le peintre obscur Julien
Watteau et l’artiste triomphant qui a jeté sur ce nom le rayon d'une
gloire éternelle2. Comme aucune œuvre de Julien Watteau n’a été
conservée, il faut se garder de le condamner à tout hasard. On a la
preuve qu’il était peintre de figures. Né en 1672, et élève de Gaspard
Mignon, il eut à soutenir un procès contre la corporation des maîtres
de Valenciennes en 1691 et il ne fut reçu dans la compagnie qu’en
1693. Marié en 1712, il mourut en 1718. Quant à ses travaux, la
trace en est perdue. L’auteur de la Biographie vaknciennoise, Hécart,
connaisseur douteux, assure avoir vu de lui de beaux dessins à la
plume, et, dans le chœur de l’église des Récollets, un tableau repré-
sentant la Mort de saint François. Julien Watteau a formé plusieurs
apprentis, ce qui semble dire que ses concitoyens le tenaient en
quelque estime. Mais, ainsi que nous l’avons indiqué, il ne paraît
pas, malgré l’identité du nom, avoir appartenu à la famille d’Antoine,
et bien que les deux homonymes aient pu se rencontrer dans les rues
de Valenciennes, Julien n’a exercé aucune influence sur celui qui
devait si vite le faire oublier. Antoine Watteau fut l’élève d’un autre
maître.

Nous ne dirons pas que pour se faire ouvrir la porte d’un atelier,
il n’avait que l’embarras du choix; mais nous rappellerons, contrai-

1. Ce jugement, qui permet d’établir la descendance des Watteau. issus d’Antoine
Roch, frère du couvreur Philippe et oncle du peintre des fêles galantes, a été
imprimé dans le procès-verbal de la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts, 1883,
p. 171. Il résulte des actes de l'état civil que le nom de la famille doit s’écrire
Wateau.

2. Sur Julien Watteau, voir la précieuse notice de M. Paul Foucart, Réunion
des Sociétés des Beaux-Arts, -1888, p. 299.
 
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