40
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Employments par Tomkins, The Moralist par Nutter d’après Smith,
Reflection et Temptation, par Ward d’après Ramberg, etc. En somme,
les Anglais se sont montrés très forts dans ce mode de graver et il
y aurait injustice à ne pas leur réserver une belle place dans une
collection d’estampes.
Arrivons enfin à 1 ’aquatinte ou gravure au lavis et, par là, au
moyen le plus pratique, à la base la plus solide et la plus transpa-
rente à la fois que la gravure en couleurs ait trouvée pour servir à la
confection de ses chefs-d’œuvre.
La manière de procéder est toute différente de celles que nous
venons d’étudier. Le graveur trace d’abord le trait de son sujet sur
cuivre et le fait légèrement mordre à l’eau-forte. Il recouvre de
nouveau la planche de vernis et lave au pinceau, avec une encre
grasse, les parties qu’il veut ombrer. L’essence dissout le vernis. On
répand alors de la résine pulvérisée ou du sable fin sur le cuivre
légèrement chauffé et l’on verse dessus l’acide qui mord les inter-
valles laissés libres, en une multitude de points imperceptibles.
L’épreuve que l’on obtient donne des tons unis et mats qui imitent, à
s’y méprendre, les teintes du lavis.
Chaque graveur eut, d’ailleurs, ses recettes, mais celle-ci fut
trouvée par Leprince qui en fit un secret. C’est après lui, seulement,
que MUo Leprince, sa nièce, la vendit à l’Académie de peinture,
moyennant une rente de 1,200 livres. Jean Leprince, né à Metz,
en 1734, remarquable peintre de genre, fut aussi très habile graveur
à l’eau-forte; à son retour de Russie, il voulut mettre en œuvre les
documents qu’il en rapportait et c’est sans doute en cherchant un
moyen expéditif de traduire ses dessins à l’encre de Chine, d’habille-
ments russes, moscovites et finlandais, qu’il trouva son procédé.
Signalons parmi ses meilleures pièces au lavis, datées de 1768
à 1771 :1a Danse russe, la Récréation champêtre, la Musicienne, la Jardi-
nière, le Poêle, la Lampe polonaise et un grand nombre de scènes des
pays septentrionaux. Dans le nombre, une pastorale fort agréable,
O fortunatos nimium...
Les figures curieuses du Roué vertueux, roman bizarre de Coqueley
de Chaussepierre, très bien exécutées, d’ailleurs, sont excentriques
dans leur aspect macabre. Le dernier ouvrage de Leprince, dans le
genre du lavis, est sa jolie suite de cinq pièces pour les Sens datée
de 1774. Peu d’années après, Leprince, qui avait été fort viveur,
mourait d’épuisement.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Employments par Tomkins, The Moralist par Nutter d’après Smith,
Reflection et Temptation, par Ward d’après Ramberg, etc. En somme,
les Anglais se sont montrés très forts dans ce mode de graver et il
y aurait injustice à ne pas leur réserver une belle place dans une
collection d’estampes.
Arrivons enfin à 1 ’aquatinte ou gravure au lavis et, par là, au
moyen le plus pratique, à la base la plus solide et la plus transpa-
rente à la fois que la gravure en couleurs ait trouvée pour servir à la
confection de ses chefs-d’œuvre.
La manière de procéder est toute différente de celles que nous
venons d’étudier. Le graveur trace d’abord le trait de son sujet sur
cuivre et le fait légèrement mordre à l’eau-forte. Il recouvre de
nouveau la planche de vernis et lave au pinceau, avec une encre
grasse, les parties qu’il veut ombrer. L’essence dissout le vernis. On
répand alors de la résine pulvérisée ou du sable fin sur le cuivre
légèrement chauffé et l’on verse dessus l’acide qui mord les inter-
valles laissés libres, en une multitude de points imperceptibles.
L’épreuve que l’on obtient donne des tons unis et mats qui imitent, à
s’y méprendre, les teintes du lavis.
Chaque graveur eut, d’ailleurs, ses recettes, mais celle-ci fut
trouvée par Leprince qui en fit un secret. C’est après lui, seulement,
que MUo Leprince, sa nièce, la vendit à l’Académie de peinture,
moyennant une rente de 1,200 livres. Jean Leprince, né à Metz,
en 1734, remarquable peintre de genre, fut aussi très habile graveur
à l’eau-forte; à son retour de Russie, il voulut mettre en œuvre les
documents qu’il en rapportait et c’est sans doute en cherchant un
moyen expéditif de traduire ses dessins à l’encre de Chine, d’habille-
ments russes, moscovites et finlandais, qu’il trouva son procédé.
Signalons parmi ses meilleures pièces au lavis, datées de 1768
à 1771 :1a Danse russe, la Récréation champêtre, la Musicienne, la Jardi-
nière, le Poêle, la Lampe polonaise et un grand nombre de scènes des
pays septentrionaux. Dans le nombre, une pastorale fort agréable,
O fortunatos nimium...
Les figures curieuses du Roué vertueux, roman bizarre de Coqueley
de Chaussepierre, très bien exécutées, d’ailleurs, sont excentriques
dans leur aspect macabre. Le dernier ouvrage de Leprince, dans le
genre du lavis, est sa jolie suite de cinq pièces pour les Sens datée
de 1774. Peu d’années après, Leprince, qui avait été fort viveur,
mourait d’épuisement.