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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 1
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Molinier, Émile: Le trésor de Saint-Marc à Venise, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0059

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48

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de pièces importantes à signaler, que le reliquaire de la colonne de la
flagellation. C’est un reliquaire topique en ce sens que l’artiste a
représenté le Christ à la colonne entre deux bourreaux et a enchâssé
la relique sur la colonne elle-même ; ce groupe, de grandes dimensions,
date de 1375 et il peut servir de terme de comparaison pour fixer
l’époque de quelques autres monuments d’origine italienne, ivoire ou
orfèvrerie, qui se trouvent dans diverses collections. En descendant
jusqu’au xvie siècle, il faudrait citer le reliquaire d’Irène Ducas, femme
d’Alexis Comnène, croix d’un galbe excellent en argent doré; le
reliquaire de la pourpre du Christ destiné à renfermer une relique
donnée en 1463 à la confrérie de la Charité par le cardinal Bessarion.
Le baiser de paix en or et en argent, orné d’une énorme perle baroque,
légué en 1546 par le cardinal Marino Grimani, n’est guère recom-
mandable par sa forme assez lourde et ne se sauve que par sa très
grande richesse. Un autre baiser de paix, donné par Grégoire XIV
(fl- 1591), est meilleur de composition, mais je n’aime ni les tortues qui
lui servent de pied, ni ses colonnettes à fût imbriqué comme des troncs
de palmiers; le groupe de l’enfant Jésus accompagné de deux anges
qui termine le monument ne mérite pas non plus de bien vifs éloges.

IX

Je ne trouve pas que le trésor de Saint-Marc possède une série
d’étoffes à la hauteur du reste et sur ce point il ne saurait soutenir la
comparaison avec les trésors des grandes églises d’Allemagne, si bien
pourvues en tissus précieux qu’ils ont pu fournir à tous les musées,
sans s’appauvrir sensiblement, des séries très complètes pour l’his-
toire de l’industrie textile au moyen âge. Des chasubles du xviie siècle,
pour riches qu’elles soient, ne méritent pas d’arrêter longtemps le
visiteur; j’en dirai presque autant des guipures vénitiennes que je
ne puis à proprement parler me décider à ranger parmi les objets
d’art.

On peut assurer que Venise s’est fournie de tapisseries presque
exclusivement à l’étranger, soit en Flandre, soit à Florence ; cet art
n’y a jamais pris une grande expansion1. C’est à l’art flamand
qu’appartient une série de tapisseries de laine, de petites dimensions,
représentant des scènes de la Passion ; elles ont été tissées spéciale-
ment pour Saint-Marc, peut-être sur des modèles italiens, ainsi que

i. Voy. Müntz, La Tapisserie, p. 238, 239.
 
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