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Nr. 1
DOI article:Michel, André: La décoration de l'hôtel de ville de Paris
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0064
LA DÉCORATION DE L’HOTEL DE VILLE DE PARIS. 53
on a trop vu, hélas ! aux derniers salons, ces peintures vertueuses et
municipales destinées à la décoration des mairies de banlieues. Elles
sont à l’art ce que l’éloquence de monsieur le maire est à la litté-
rature;... mais Bouvard et Pécuchet, présidents du comité électoral,
les approuvent, et ils ont la majorité... Pourtant, quand il s'est agi
de l'Hôtel de Ville, le conseil municipal lui-même a reculé devant
les conséquences inévitables du système suivi jusqu’à ce jour, et il a
décidé que, pour cette circonstance solennelle, on aurait recours
d’abord à la commande directe, quitte à réserver pour le concours
libre, « afin de tout concilier », une partie des salles à décorer. —
C’est ainsi que, d’après le projet de la commission, les plafonds de la
salle à manger seront donnés au concours, tandis que les dessus
des portes de la même salle sont confiés à des artistes choisis direc-
tement ; — que deux des salons latéraux d’introduction aux deux
extrémités de la salle des Fêtes seront également réservés aux
concurrents, tandis que les deux salons voisins sont attribués
à MM. Poil et Puvis de Chavannes; — enfin, que le salon d’angle
sur la place de l’Hôtel de Ville, le plafond de la bibliothèque du
conseil municipal, la salle de la commission du budget et la galerie
latérale sur la place Lobau feront aussi l’objet d’un concours. —
Et c’est ainsi que M. le rapporteur de la commission, a pu écrire ce
paragraphe éloquent sans doute mais qui ne fera pas oublier le décret
des Florentins : « La part de la décoration picturale de l’Hôtel de
Ville qui sera mise au concours aura, comme vous le voyez, une
indéniable importance. Elle offrira un sérieux attrait aux artistes
désireux de concourir à l’ornement de notre édifice municipal et
permettra aux jeunes talents de se manifester dans les conditions
les plus favorables. Votre commission a, en effet, considéré comme un
devoir de comprendre, dans les surfaces que les concurrents seront
appelés à décorer des plafonds, des panneaux verticaux de grandes
dimensions, des coupoles, quelquefois des salles entières se prêtant à
un développement décoratif complet, ■— en résumé tout un ensemble
d’emplacements qui laisseront libre carrière à l’invention et aux
sentiments particuliers à chaque artiste. » — Ainsi soit-il.
11 nous reste à résumer la discussion et les propositions de la
commission relatives aux commandes directes. Le «tyran », dont nous
parlions tout à l’heure, aurait vraisemblablement fait venir quelques
peintres, — en petit nombre, et, après la production et le choix de
quelques esquisses, leur aurait livré le nouveau palais. — Une com-
mission, organe d’un conseil élu, ne pouvait agir de la sorte. Comme
on a trop vu, hélas ! aux derniers salons, ces peintures vertueuses et
municipales destinées à la décoration des mairies de banlieues. Elles
sont à l’art ce que l’éloquence de monsieur le maire est à la litté-
rature;... mais Bouvard et Pécuchet, présidents du comité électoral,
les approuvent, et ils ont la majorité... Pourtant, quand il s'est agi
de l'Hôtel de Ville, le conseil municipal lui-même a reculé devant
les conséquences inévitables du système suivi jusqu’à ce jour, et il a
décidé que, pour cette circonstance solennelle, on aurait recours
d’abord à la commande directe, quitte à réserver pour le concours
libre, « afin de tout concilier », une partie des salles à décorer. —
C’est ainsi que, d’après le projet de la commission, les plafonds de la
salle à manger seront donnés au concours, tandis que les dessus
des portes de la même salle sont confiés à des artistes choisis direc-
tement ; — que deux des salons latéraux d’introduction aux deux
extrémités de la salle des Fêtes seront également réservés aux
concurrents, tandis que les deux salons voisins sont attribués
à MM. Poil et Puvis de Chavannes; — enfin, que le salon d’angle
sur la place de l’Hôtel de Ville, le plafond de la bibliothèque du
conseil municipal, la salle de la commission du budget et la galerie
latérale sur la place Lobau feront aussi l’objet d’un concours. —
Et c’est ainsi que M. le rapporteur de la commission, a pu écrire ce
paragraphe éloquent sans doute mais qui ne fera pas oublier le décret
des Florentins : « La part de la décoration picturale de l’Hôtel de
Ville qui sera mise au concours aura, comme vous le voyez, une
indéniable importance. Elle offrira un sérieux attrait aux artistes
désireux de concourir à l’ornement de notre édifice municipal et
permettra aux jeunes talents de se manifester dans les conditions
les plus favorables. Votre commission a, en effet, considéré comme un
devoir de comprendre, dans les surfaces que les concurrents seront
appelés à décorer des plafonds, des panneaux verticaux de grandes
dimensions, des coupoles, quelquefois des salles entières se prêtant à
un développement décoratif complet, ■— en résumé tout un ensemble
d’emplacements qui laisseront libre carrière à l’invention et aux
sentiments particuliers à chaque artiste. » — Ainsi soit-il.
11 nous reste à résumer la discussion et les propositions de la
commission relatives aux commandes directes. Le «tyran », dont nous
parlions tout à l’heure, aurait vraisemblablement fait venir quelques
peintres, — en petit nombre, et, après la production et le choix de
quelques esquisses, leur aurait livré le nouveau palais. — Une com-
mission, organe d’un conseil élu, ne pouvait agir de la sorte. Comme