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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 2
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Humbert, Edouard: Jean-Étienne Liotard et ses oeuvres, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0106

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90

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lui naissaient, des responsabilités nouvelles pesaient sur lui; bref,
il fallait supporter les charges et veiller aux intérêts de la famille.
Mais ces devoirs, si naturels du reste et si doux, il les remplissait
en travailleur infatigable, en artiste d’une juvénile ardeur. L’habi-
tude de l’activité, à tout âge, accroît les forces, et Liotard n’était pas
encore à bout des siennes alors que, près d’être septuagénaire, il
préparait à Mme d’Epinay une seconde immortalité.

Le retour au pays fut esthétiquement inauguré en 1757 et 1758,
par les pastels de M. et Mme François Tronchin, appelés aussi Tronchin
des Délices, ou Tronchin-Fromaget. Ces excellents amis de Liotard
se montrèrent des premiers et des plus empressés à l’accueillir;
tandis que, de son côté, il leur marqua dès lors autant d’estime que
d’attachement et de gratitude reconnaissance. M. François Tronchin
aimait l’art et pouvait en juger; c’était un connaisseur délicat et
fin. De là cette note bien circonstanciée : « M. Tronchin a deux de
mes meilleurs ouvrages. Le premier est son portrait, demi-figure,
considérant un Rembrandt mis sur un chevalet. Il a devant lui une
table sur laquelle on voit un livre, des instruments de mathémati-
ques, et des papiers qui indiquent son goût pour les arts et surtout
pour l’architecture. Ce tableau, et celui de madame son épouse, peinte
en frileuse, tous deux en pastel, ont, je pense, un fini, un éclat, un
effet, une vérité et un relief extraordinaires. » — Ouf! Le brevet
admiratif que s’accorde ici Liotard avec la plus naïve conviction,
d’autres auraient pu le lui donner. Quoi qu’il en soit, outre M. et
Mrae Tronchin des Délices, il eut Davantage de peindre presque tous
les Tronchin, depuis ce fameux procureur général qui fut l’adver-
saire de Rousseau et l’auteur des Lettres de la campagne, jusqu’au
médecin de Voltaire, le célèbre docteur Théodore Tronchin, connu de
tout Paris, de l’Europe même.

En dehors des principaux représentants de cette famille influente
et considérée, un grand nombre de personnages de marque regar-
daient comme un privilège d’être crayonnés par Liotard; tels, par
exemple, en 1760, M. de Thellusson, seigneur de la Gara, et sa seconde
femme, née Julie Ployart, une délicieuse Marseillaise, Galatée digne
d’un nouveau Pygmalion; puis, en 1761, une Hollandaise, de la
maison bien connue des Six, devenue Génevoise par son mariage,
puis encore Mme Charles Bonnet, dont l’image faisait le bonheur du
« sage de Geathod ». — « Pardonnez cette indiscrétion, écrivait
 
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