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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 2
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Humbert, Edouard: Jean-Étienne Liotard et ses oeuvres, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0110

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GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

dessus des bêtes que la seule faculté de nous communiquer nos
pensées par le langage ; c’est la source de toute nos connaissances
bonnes ou mauvaises; surtout le reste je cherche à penser comme
les animaux qui n’ont ni mauvaises habitudes, ni préjugés.

« J’ai des idées très singulières ; voici les principales :

« Nous devrions, pour vivre longtemps, être nus, et marcher à
l’ordinaire à quatre pieds ; peut-être sommes-nous de la classe des ani-
maux qui ne doivent point boire, qui ne doivent pas dormir, mais se
reposer ; il y a beaucoup d’animaux qui se reposent, mais ne dorment
pas. Je ne crois à aucun remède, à moins qu’il ne soit nourriture.
Un médecin est un aveugle qui peint, et l’aveugle peut devenir meil-
leur peintre ; la médecine est une des sciences la plus incertaine.
Toute nourriture cuite est moins saine, et plus elle cuit, et moins
elle nourrit.

« Je ne crois à aucun on-dit sans examen. Je crois que la loi
naturelle est la loi du plus fort ou du plus adroit. Tout homme qui
veut vivre en société doit agir selon cette loi de ne faire à autrui que
ce que nous voudrions qu’on nous fit.

« J’ai de plus à vous communiquer des idées, sur la peinture,
singulières. Les principes les plus essentiels sont des axiomes. J’ai
à vous faire voir des tableaux d’un nouveau genre de peinture, et où
la peinture est poussée à son plus haut période, et des idées relatives
à vous communiquer.

« Je pensais vous aller voir avec M. Wilques; mais j’entrevois,
par un article de votre lettre à M. de Nivernois 1, que vous ne vous
souciez pas de le voir. A mon égard, j’aime mieux, Monsieur, vous
aller voir seul. A^ous me renvoyez cet honneur au mois d’octobre;
j'eusse été bien charmé que ce fût dans ce mois, mais patience, je
porterai ce qu’il me faut, et vous prierai de me donner quelques
moments pour avoir votre ressemblance.

« J’ai appris que vous vous étiez un peu amusé de la peinture ou
du dessin: je serais charmé de pouvoir vous aider à mieux faire.

« J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime et la considération
possible, Monsieur,

« Votre très humble et très obéissant serviteur,

« J.-E. Liotard.

« Genève, ce 2 septembre 1765.

« A Monsieur,

« Monsieur J.-Jacques Rousseau. »

1. Lisez : d’Yvernois.
 
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