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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 2
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Humbert, Edouard: Jean-Étienne Liotard et ses oeuvres, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0122

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J E A N - É T1E N NE E10 T A R D.

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son franc-parler : « Croiriez-vous, mon cher compère 1, que j’ai osé
dire à l’Impératrice qu’elle avait oublié de donner une marque de sa
bonté à M. Mussard, syndic, qui porta ma fille Thérèse (sur les fonts
baptismaux) au nom de l’Impératrice. Elle a très bien pris mon dire...
— Que jugez-vous que je doive lui donner? — Je ne voulus rien spé-
cifier. Mais je priai Sa Majesté d’y joindre du vin de Tokay. Je lui ai
bien dit des choses plus fortes, et je crois qu’elle m’a su gré de tout
ce que je lui ai dit. Elle a fait cinq notes sur une carte en ma pré-
sence. J’ai commencé par proposer un moyen d’entretenir l’Aca-
démie sans qu’il lui en coûtât rien; ensuite je lui ai dit que je pour-
rais indiquer les moyens de faire des tableaux sur porcelaine aussi
grands qu’on voudrait par des plaques parfaitement plates et si bien
jointes qu’on ne verrait pas la jointure; ce qui vaudrait mille fois
mieux que la mosaïque. Je dois après-demain m’aboucher avec M. le
comte Colowrath, le premier chef de la manufacture. J’ai parlé
encore médecine, peinture, architecture, musique. Ce que je lui ai
dit de la médecine lui a plu. —Ah! dit-elle, depuis Y an Swietten, je
ne l’estime plus. »

Pour être profondément et sincèrement dévoué à l’Impératrice,
et prêt, s’il l’eût fallu, à tenter l’impossible, Liotard ne négligeait
ni les devoirs paternels, ni ceux de l’amitié. Avec M. Tronchin, il
s’entretenait d’une collection de tableaux à vendre, parmi lesquels
des Téniers, des Gérard Dow, des Snayers, des Breughel, des
Brauwer, et d’autres Flamands excellents. Quant à son fils, il n’épar-
gnait rien à Vienne pour son instruction scientifique et littéraire,
non plus que pour les plaisirs et distractions honnêtes. Souvent l’un
et l’autre se mêlèrent aux mêmes réjouissances et furent témoins
des mêmes spectacles. C’est ainsi qu’on les vit étudier tous les
monuments publics, assister au palais à la fête magnifique de la
Toison d’Or, à l’entrée solennelle du nonce, à une belle représen-
tation de l’Opéra, à un dîner princier, à un bal de cour oû Ton
dansa « beaucoup de menuets et de contredanses anglaises », et
à d’autres divertissements. Cependant, après les solennités de la
semaine sainte de 1778 et la cérémonie du lavement des pieds,
Y itinérant Génevois comprit qu’il ne faut pas abuser du meilleur ac-
cueil et que tout est bien qui finit bien. Sur cette réflexion, Mme Lio-
tard ne tarda pas à être informée du prochain retour à Genève de
son mari et de son fils. L’un et l’autre, reconnaissants des largesses

1. Letlre à Tronchin.
i — 3e VÉRIODE.

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