LES ILLUSTRATIONS DES LIVRES DE FERRARE. 151
aimable et souple, a su comprendre la poésie intime de tous les
sujets, de ceux qui se rapportent à la vie monacale comme de ceux
qui touchent à la vie mondaine. Il a représenté d’une main légère et
sans effort les uns et les autres, en y laissant le parfum exquis qui
caractérise les meilleures créations de son époque. Qu'il soit étranger
aux traditions de l’Ecole ferraraise, c’est ce que l’on ne saurait mettre
en doute. Mais quelle origine peut-on lui attribuer? Quand on com-
pare l’illustration des Lettres de saint Jerome avec celles du Décaméron
de Boccace et des Nouvelles de Masuccio, livres imprimés à Venise,
l’un en 1492, l’autre en 1503, et dont les gravures semblent avoir eu
le même auteur, on est frappé par l’identité du style et souvent aussi
P HÊTRE BÉNISSANT QUELQUES RELIGIEUSES A LA FIN DE LA MESSE.
(Gravure tirée des « Epislole de Sancto Hieronymo ». — Ferrare, 1497.)
par l’analogie des têtes. Dans la Naissance de saint Jérôme, par
exemple, ne retrouve-t-on pas les types que présentent les planches
du Masuccio où l’on voit la Boutique d’un cordonnier et Deux moines
garrottés en présence d’un évêque et d’une religieuse 1 ? Il n’est pas
jusqu’aux cheveux qui ne soient traités de la même manière et
ramenés sur le front d’après le même parti pris. Que faut-il donc
conclure? En rapports fréquents avec Venise qui n’était pas loin de
Ferrare, Lorenzo Rossi, pour orner de vignettes les Lettres de Saint
Jérôme, ouvrage imprimé sous les auspices d’Hercule Ier d’Este, et
dédié aussi au doge Augustino Barbadico, au sénat et au peuple
vénitien, aura eu recours à un maître établi à Venise. Mais ce maître,
comme l’a indiqué M. le vicomte H. Delaborde, dans son ouvrage
1. Nous avons reproduit ces planches dans les Illustrations des écrits de Savo-
narole, p. 104.
aimable et souple, a su comprendre la poésie intime de tous les
sujets, de ceux qui se rapportent à la vie monacale comme de ceux
qui touchent à la vie mondaine. Il a représenté d’une main légère et
sans effort les uns et les autres, en y laissant le parfum exquis qui
caractérise les meilleures créations de son époque. Qu'il soit étranger
aux traditions de l’Ecole ferraraise, c’est ce que l’on ne saurait mettre
en doute. Mais quelle origine peut-on lui attribuer? Quand on com-
pare l’illustration des Lettres de saint Jerome avec celles du Décaméron
de Boccace et des Nouvelles de Masuccio, livres imprimés à Venise,
l’un en 1492, l’autre en 1503, et dont les gravures semblent avoir eu
le même auteur, on est frappé par l’identité du style et souvent aussi
P HÊTRE BÉNISSANT QUELQUES RELIGIEUSES A LA FIN DE LA MESSE.
(Gravure tirée des « Epislole de Sancto Hieronymo ». — Ferrare, 1497.)
par l’analogie des têtes. Dans la Naissance de saint Jérôme, par
exemple, ne retrouve-t-on pas les types que présentent les planches
du Masuccio où l’on voit la Boutique d’un cordonnier et Deux moines
garrottés en présence d’un évêque et d’une religieuse 1 ? Il n’est pas
jusqu’aux cheveux qui ne soient traités de la même manière et
ramenés sur le front d’après le même parti pris. Que faut-il donc
conclure? En rapports fréquents avec Venise qui n’était pas loin de
Ferrare, Lorenzo Rossi, pour orner de vignettes les Lettres de Saint
Jérôme, ouvrage imprimé sous les auspices d’Hercule Ier d’Este, et
dédié aussi au doge Augustino Barbadico, au sénat et au peuple
vénitien, aura eu recours à un maître établi à Venise. Mais ce maître,
comme l’a indiqué M. le vicomte H. Delaborde, dans son ouvrage
1. Nous avons reproduit ces planches dans les Illustrations des écrits de Savo-
narole, p. 104.