LES ILLUSTRATIONS DES LIVRES DE FERRARE. 155
physique est dominée en lui par la pitié, qui s’exprime sans altérer la
noblesse et le calme des lignes. Deux anges, non dépourvus de grâce
et de naïveté, recueillent dans des calices le sang qui tombe des
plaies du Sauveur. Entre les diverses éminences du Calvaire, on
aperçoit les portes et les remparts à créneaux de Jérusalem. En outre,
on remarque au pied de la croix, outre les instruments de la Passion,
un seau et des dés. Enfin, dans les angles supérieurs sont représentés
le soleil et la lune. Cette gravure, qui doit à un fond noir une partie
de l’effet qu’elle produit, semble avoir été exécutée par quelque
artiste attaché aux traditions de Cosimo Tura. Il y a de l’àpreté dans
le style; la douleur fait grimacer presque tous les personnages et
l’on né constate pas suffisamment chez l’auteur la préoccupation de
la beauté; mais ces défauts sont jusqu’à un certain point compensés
par l’énergie de l’expression et l’intensité du sentiment 1.
Une magnifique bordure, où les arabesques se détachent également
sur un fond noir, encadre la planche dont nous venons de parler.
Aux quatre angles sont représentés (en demi-figures dans le haut, en
figures entières dans le bas) les quatre évangélistes. Parmi les rin-
ceaux qui décorent la bande supérieure, on voit un médaillon renfer-
mant le buste de saint Ambroise. Deux médaillons analogues, avec
les bustes de saint Augustin et de saint Grégoire, se trouvent sur les
bandes latérales, tandis que dans le bas un plus grand médaillon
nous montre un saint tenant de la main droite le modèle d’une église
et de la main gauche un livre ouvert. Le fond noir qui entoure les
figures est pointillé de blanc.
Un nombre assez considérable d’initiales, grandes et petites, avec
des figures ou des ornements sur fond noir pointillé de blanc, enri-
chissent aussi le Missel des Chartreux de Ferrare.
X.
Il était naturel qu’à la cour de Ferrare, dont les festins somptueux
sont restés célèbres, il surgît quelque auteur pour composer un
1. Une gravure représentant le Christ en croix, pleuré par la Vierge et saint Jean,
orne aussi un missel imprimé à Lyon pour les Chartreux en 1517 (f. lxxxi v°,
chiffré par erreur clxxxi) et permet de comparer l’art français et l’art italien aux
prises avec le meme sujet vers la même époque (Bibl. Nat. Rés. Inv. B. 317, in-fol.).
Dans le même missel (f. i r'j se trouve un admirable portrait de Saint Bruno.
physique est dominée en lui par la pitié, qui s’exprime sans altérer la
noblesse et le calme des lignes. Deux anges, non dépourvus de grâce
et de naïveté, recueillent dans des calices le sang qui tombe des
plaies du Sauveur. Entre les diverses éminences du Calvaire, on
aperçoit les portes et les remparts à créneaux de Jérusalem. En outre,
on remarque au pied de la croix, outre les instruments de la Passion,
un seau et des dés. Enfin, dans les angles supérieurs sont représentés
le soleil et la lune. Cette gravure, qui doit à un fond noir une partie
de l’effet qu’elle produit, semble avoir été exécutée par quelque
artiste attaché aux traditions de Cosimo Tura. Il y a de l’àpreté dans
le style; la douleur fait grimacer presque tous les personnages et
l’on né constate pas suffisamment chez l’auteur la préoccupation de
la beauté; mais ces défauts sont jusqu’à un certain point compensés
par l’énergie de l’expression et l’intensité du sentiment 1.
Une magnifique bordure, où les arabesques se détachent également
sur un fond noir, encadre la planche dont nous venons de parler.
Aux quatre angles sont représentés (en demi-figures dans le haut, en
figures entières dans le bas) les quatre évangélistes. Parmi les rin-
ceaux qui décorent la bande supérieure, on voit un médaillon renfer-
mant le buste de saint Ambroise. Deux médaillons analogues, avec
les bustes de saint Augustin et de saint Grégoire, se trouvent sur les
bandes latérales, tandis que dans le bas un plus grand médaillon
nous montre un saint tenant de la main droite le modèle d’une église
et de la main gauche un livre ouvert. Le fond noir qui entoure les
figures est pointillé de blanc.
Un nombre assez considérable d’initiales, grandes et petites, avec
des figures ou des ornements sur fond noir pointillé de blanc, enri-
chissent aussi le Missel des Chartreux de Ferrare.
X.
Il était naturel qu’à la cour de Ferrare, dont les festins somptueux
sont restés célèbres, il surgît quelque auteur pour composer un
1. Une gravure représentant le Christ en croix, pleuré par la Vierge et saint Jean,
orne aussi un missel imprimé à Lyon pour les Chartreux en 1517 (f. lxxxi v°,
chiffré par erreur clxxxi) et permet de comparer l’art français et l’art italien aux
prises avec le meme sujet vers la même époque (Bibl. Nat. Rés. Inv. B. 317, in-fol.).
Dans le même missel (f. i r'j se trouve un admirable portrait de Saint Bruno.