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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 2
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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0194

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LE MOUVEMENT DES ARTS EN ALLEMAGNE.

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antique, reléguée, dans le beau monument de Schinckel, au fond des salles du
rez-de-chaussée, ce déparlement existait à peine il y a vingt ans, ou du moins ne
contenait que les amorces des collections futures. On a pu voir ce qu’il est devenu.
Il est l’œuvre personnelle d’un savant plein de goût soutenu par une administra-
tion intelligente.

« Le département de la sculpture des époques chrétiennes de Berlin possède
actuellement une suite de monuments qui permettent de suivre la marche de l’art
en Italie depuis le vie siècle jusqu’au xviie. Scientifiquement et systématiquement
formée d’ouvrages originaux, cette collection remplace avec grand avantage, pour
renseignement, l’album de Sérouxd’Agincourt et l’atlas de Cicognara. Appuyée qu'elle
est par la plus belle réunion qui existe d’œuvres moulées de la Renaissance italienne,
elle a fait du Musée de Berlin le siège prédestiné de l’enseignement de l’histoire
de la sculpture italienne. Car nulle part ailleurs, môme en Italie, on ne trouverait
réuni dans un même local, à portée de l’œil et de la main, un pareil groupement
de tous les éléments nécessaires aux démonstrations d’un maître et à l’éducation
de ses élèves. C’est un incomparable laboratoire. Reconnaissons donc immédiate-
ment l’excellent esprit scientifique et pédagogique qui préside partout en Allemagne
à la formation des musées. On verra bientôt à Berlin, au profit de l’art de la
Renaissance, ce qui se voit déjà à Munich, au bénéfice de l'art antique. On entrera
indifférent ou même ignorant dans une salle garnie de monuments chronologique-
ment et rigoureusement classés, et, pour peu qu’on soit doué de clairvoyance esthé-
tique et d’un certain esprit d’analyse, on sortira de cette salle avec des notions
très sérieuses sur l’art d’un pays et d’une époque. Une visite au musée de
M. Brünn équivaut à des mois de séjour en Grèce. Une visite au Musée de Berlin
peut suppléer, dans une certaine mesure, à de longs voyages à travers les monu-
ments de la Renaissance conservés mais encore dispersés sur le sol italien, ou,
tout au moins, cette visite doit préparer à ces voyages.

« Si important qu’il paraisse aux yeux de l’administration des musées alle-
mands, le but de l’enseignement historique n’est pas le seul qu’elle poursuive.
Cette administration est loin de se désintéresser de la valeur des objets d’art au
point de vue esthétique, et elle l’a prouvé en recueillant un grand nombre d’œuvres
de premier ordre. Les plus grands artistes de la Renaissance italienne sont repré-
sentés dans les galeries du Musée de Berlin.

« Les lecteurs de la Gazette le savent maintenant et je n’ai qu'à leur rappeler
les noms de Donatello, de Verrocchio, de Mino da Fiesole, de Desiderio da Setti-
gnano, de Benedetto da Majano, de Rossellino, de Michel-Ange, de Sansovino, etc.

« L’éminent administrateur à qui l’Allemagne doit depuis quinze ans le prodi-
gieux enrichissement de ses collections, est avant tout un érudit, et il n’a jamais
cessé de commenter pour le public, au fur et à mesure de ses acquisitions, les
monuments qu’il faisait entrer dans son musée. Le Journal des Musées royaux de
Puisse, toutes les revues d’art allemandes, des brochures isolées et des volumes
récapitulatifs en ont donné, par des descriptions et par des images, la primeur au
monde savant. Il y a quelques mois le public français a été initié, par la voie de la
Gazette, aux anciens et aux derniers développements des collections berlinoises. 11
restait, pour lasculpture, à en dresser le catalogue officiel, et c’est ce que M. Bode,
avec la collaboration de son adjoint, vient de faire en résumant ses précédents
travaux.
 
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