Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Watteau, 2
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0201

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
178

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

décor, et chez aucun d’eux Watteau n’était mis en présence de la
leçon qu’il jugeait alors la plus salutaire, le modèle vivant.

Or, le modèle était à l’Académie royale. Son ami Spoede lui avait
parlé bien des fois de ces longues séances où les élèves, guidés par
un professeur changé chaque mois, dessinaient d’après le vif, et,
même en un temps où l’exactitude graphique n’était pas la muse
adorée, apprenaient presque sans le vouloir les éléments essentiels
de la forme, la construction intérieure et les morbidesses de l’enve-
loppe qui recouvre l’armature cachée. N’était-ce pas là ce que
Watteau voulait savoir? En outre, l’Académie distribuait tous les
trois mois des prix de quartier pareils à celui que Spoede avait obtenu,
et tous les ans, elle organisait un concours solennel dont le résultat
impliquait pour le vainqueur, non un bénéfice certain, mais une
espérance. En ce moment surtout où le roi faisait la guerre sur les
frontières du Nord et où la situation du Trésor empêché rendait les
largesses difficiles, l’Académie n’avait nullement qualité pour accor-
der la haute récompense qui devait plus tard s’appeler le prix de
Rome : elle se bornait, ainsi que le disent les textes, à signaler à
l’attention du surintendant des bâtiments ceux de ses élèves qui
étaient le mieux en état de profiter d’un voyage en Italie. Plus tard,
le surintendant prenait les ordres du roi, et, suivant les circonstances,
que la question d’argent dominait d’ordinaire, le candidat voyait
son rêve réalisé ou était condamné à perdre toute espérance.

Ces perspectives, et plus encore l’assurance de pouvoir dessiner
à son aise d’après le modèle vivant, séduisirent Watteau. Bien qu’il
ne fût pas de tempérament fort académique — il l’a suffisamment
prouvé plus tard — il se fit inscrire au nombre des élèves de l’Aca-
démie.

Les registres de la compagnie n’étant pas d’un abord facile alors
qu’ils étaient manuscrits, nos prédécesseurs n’ont point connu
exactement les faits qui se rapportent au passage de Watteau à
l’école; mais aujourd’hui que ces précieux documents ont été impri-
més par les soins de la Société de l’Art français, il est possible de
préciser certaines dates et de dire comment l’artiste de Yalenciennes
a complété à l’Académie l’éducation commencée chez Gillot et chez
Audran. On verra qu’il prit au sérieux son rôle d’étudiant et qu’il
n’eut point maille à partir avec ses maîtres, comme ceux de ses
camarades —le jeune Lancret, par exemple, — qui, malgré les pro-
hibitions réglementaires, persistaient à porter l’épée et furent un
instant exclus de l’école.
 
Annotationen