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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0203

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fait positif : en effet, à partir du concours de 1709, et pendant plus
de deux ans, l’histoire est muette sur Watteau. C’est alors sans
doute que se place un voyage à Valenciennes, voyage certain, puisque
tous ses amis en parlent, mais qu'il est impossible d’accrocher au clou
d’une date précise. En combinant les récits des biographes avec les
faits que nous venons de rapporter, on arrive aux probabilités
suivantes :

Pendant les premiers mois de 1709 et sûrement jusqu’au 25 août,
jour où les tableaux des élèves furent publiquement exposés, Watteau
avait travaillé à l’Académie royale sans déserter l’atelier d’Audran. Si
occupé qu’il fut, il avait, « à ses temps perdus », comme dit Gersaint,
peint un petit tableau sur cuivre représentant un Départ de troupe.
Pourquoi avait-il choisi un sujet militaire, lui qui semblait si pacifique
et « même un peu berger », ainsi que Caylus devait l’écrire plus tard?
Parce qu’il se souvenait toujours des spectacles qui avaient intéressé
sa curiosité d’enfant. En ses premières années, AYatteau avait vu
beaucoup de soldats à A^alenciennes et dans les environs. Les campa-
gnes du ITainaut étaient alors sillonnées par des bataillons en marche.
Il vit à sept ans les troupes qui revenaient du siège de Mons, à huit
ans, celles qui, conduites par Yauban, allaient investir Namur.
Après un assez long entr’acte, la guerre recommençait sur la fron-
tière. L’affaire d’Audenarde est de 1708; Marlborough et le prince
Eugène devenaient menaçants et Malplaquet se préparait (11 sep-
tembre 1709). En allant à son travail, AYatteau voyait tous les jours
des troupes partir pour l’armée de Flandre; dans les ateliers de
l’Académie, la jeunesse ne parlait que de batailles et de villes
assiégées.

Le Départ de troupe terminé, Watteau, disciple courtois, ne
manqua pas de le montrer à Claude Audran. Le faiseur d’arabesques
fut d’abord très surpris : il avait employé son élève à peindre des
figurines dans ses panneaux décoratifs, mais il ne le croyait capable
ni de mettre en scène une composition à nombreux personnages, ni
de le miniaturer si finement sur le cuivre. Au dire de Gersaint, cet
étonnement se serait mêlé d’un certain effroi. Audran comprit que
Watteau pouvait le quitter, et, désolé à la pensée de perdre un pareil
collaborateur, il ajouta aux compliments qu’il prodigua au jeune
peintre le conseil de renoncer à ces sujets anecdotiques et de revenir
au décor si digne d’intéresser un artiste et qui, en présence de la
mode régnante, lui garantissait des bénéfices assurés. A ce moment
de sa vie, AYatteau ne connaissait pas encore très bien les hommes ;
 
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