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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0205

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182

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mais il était assez fin pour deviner ce qu’on ne lui disait pas, et il
eut dès lors la conviction, d’abord que son tableau était bon, et
ensuite que Claude Audran ne le laisserait pas partir sans lutte. Or,
il avait la secrète ambition de s’affranchir. Il ne voulait cependant pas
rompre brusquement avec un maître qui l'avait bien accueilli et lui
avait procuré du travail. Il reconnut la nécessité d’avoir recours à un
prétexte : ce prétexte n’était pas difficile à trouver. Il avait alors, dit
Gersaint, « un petit désir de revoir ses parents ». C’est cette consi-
dération, très légitime d’ailleurs, que Watteau invoqua pour vaincre
les résistances d’Audran.

Mais, pour entreprendre le voyage de Valenciennes, il fallait
quelque argent. A cette époque, AVatteau n’avait fait aucune éco-
nomie. Il alla conter sa peine à son ami Spoede. Celui-ci proposa de
vendre le Départ cle troupe que son jeune camarade venait d’achever
et dont Audran avait reconnu les mérites. AVatteau ayant trouvé la
combinaison ingénieuse, Spoede porta le tableau chez Sirois, beau-
père de Gersaint. Sirois s’y connaissait, mais il était marchand et,
dans cette circonstance, il resta fidèle à la cruelle loi des affaires.
AVatteau n'étant pas coté sur la place, le prix du tableau fut fixé à
soixante livres, et lemarché ayant été immédiatementconclu, l’artiste,
enchanté et presque riche, put partir pour AMlenciennes.

Comme les livres sont très brefs sur J.-J. Spoede et qu’ils en
parlent même assez inexactement, j’ouvrirai ici une parenthèse pour
dire ce qu’a été l’ami de AVatteau. Les musées l’ont traité du haut de
leur grandeur et n’ont pas recueilli ses œuvres, mais nous en con-
naissons quelques-unes. Elles sont toutes postérieures à 1709. A ce
moment, le peintre anversois, dont la vie commence au xvne siècle
et doit se prolonger jusqu’au 26 novembre 1757, est encore très
jeune; c’est à peine s’il vient de quitter l’école académique où il a
remporté plusieurs prix de quartier. Plus tard, il s’occupa un peu de
tout, même d’enseignement, car. d’après Mariette, il aurait été, vers
1719 ou 1720, le maître du pastelliste La Tour. 11 peignait volontiers
des animaux et c’est là une aptitude flamande qu’il conserva toujours.
Les tableaux qu’il exposait en 1725 à la place Dauphine représentaient
des animaux. La même date se lisait sur une peinture de la vente
Covillard (1849), où étaient groupés un lièvre, une sarcelle et des
légumes. A Paris, chez le Dr Maximin Legrand, on peut voir Un chien
et une perdrix et Deux lièvres dans un paysage, tableau signé et daté
J. Spoede, 1736. Ce sont les œuvres d’un Flamand, qui a fort oublié
le langage du pays natal et qui peint à la française avec un peu de
 
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