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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0206

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WA T TE A U.

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sécheresse. Spoede a fait aussi des compositions caricaturales,
comme la Caducité de Nicolas Bolureciu, doyen des maîtres peintres, dessin
que Guélard a reproduit dans une estampe dont la publication est
annoncée par le Mercure de décembre 1743. De bonne heure, Spoede
s’était affilié à l’Académie de Saint-Luc, où il finit même par con-
quérir le titre de recteur perpétuel. Il a pris part aux expositions
organisées par la corporation en 1751,1752et 1753. Le dépouillement
des catalogues montre qu’il avait toutes les ambitions. Avec des
tableaux d’animaux et de gibier, il peignait une Fête bachique, un
Combat de hussards et des sujets tirés de la Fable. Le 2 avril 1883,
nous avons vu vendre une de ses mythologies, le Triomphe de Neptune
et d’Amphitrite (signé I. I. Spoudé), composition un peu fade où la
recherche des colorations rosées révélait un contemporain de
Lemoyne, inclinant vers le décor de pacotille. Tel était, ou du moins
tel fut plus tard l’idéal du peintre médiocre, mais galant homme,
dont l’assistance, fort à propos sollicitée et obtenue, permit à
Watteau de revoir son pays L

Nous l’avons dit : la date de ce voyage à Valenciennes n’est
fixée par aucun document précis. Entre le 31 août 1709, où l’artiste
obtient le second prix, et le 30 juillet 1712, jour où l’Académie s’oc-
cupera de nouveau de lui, il y a un hiatus dans l’histoire de Watteau.
Son dernier biographe, John Mollett, est de ceux qui acceptent, pour
la promenade à Valenciennes, la date de 1709. Nous aimerions qu’une
pièce vint authentiquer cette conjecture, vraisemblable d’ailleurs, et
que les récits de Gersaint et des autres ne démentent pas. Dans cette
hypothèse, Watteau revient à Valenciennes au lendemain de la
bataille de Malplaquet (11 septembre), et il nous est ainsi permis
d’expliquer comment il a connu un personnage qui devait devenir un
de ses plus fidèles amis. Parmi les soldats français qui, ce jour-là,
eurent le plus à se plaindre de la virtuosité des troupes du prince
Eugène et de Marlborough, il y avait un Marseillais spirituel et
brave, Antoine de la Roque. Il était exempt dans la compagnie des
gendarmes du roi. Sa mauvaise fortune voulut qu’il eût la jambe
gauche fracassée par un boulet. Malplaquet est assez voisin de Valen-
ciennes. Le gendarme blessé se fit transporter dans cette ville où l’on
eut pour lui tous les soins que mérite un homme d’esprit. C’est alors
sans doute que Watteau connut Antoine de la Roque qui devint

1. Voir, sur Spoede, les livrets de l’Académie de Saint-Luc, publiés par
M. Guiffrey, et les Nouvelles Archives de l’Art français, V, p. 234.
 
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