DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 3
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208
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Collection des Portraits des Grands Hommes, Femmes illustres et Sujets
mémorables de la France. Ce livre, où beaucoup défigurés sont gravées
par Sergent, d'autres par Ridé, et d’autres par Mme de Cernel, était
publié chez Blin, le grand imprimeur en couleurs du temps.
« Ces planches variées de forme, écrit Renouvier, heureux de
louer un « pur », témoignent de facilité dans le dessin et de beaucoup
d’agrément dans le travail de gravure. L’expression en est gentille
et le costume offre ce compromis entre la convention et la réalité
que Moreau lui-même n’avait pas dépassé. »
Un grand amour avait traversé l’existence de notre artiste pas-
sionné. Emira Marceau, sœur du général, aimée dès l’enfance par
Sergent, avait été mariée à 14 ans à un M. de Cernel, mari brutal et
jaloux qui la rendit fort malheureuse. Heureusement il mourut et
sa veuve put se livrer sans contrainte à ses goûts pour le dessin et
couronner enfin les vœux du graveur en devenant Mme Sergent.
Elle a collaboré à la Collection Blin et Le Yachez dont nous venons
de parler et son nom figure au-dessous des portraits en couleurs de
Descartes, Poussin, Duguay-Trouin, Suffren, etc. Elle grava aussi
des garnitures de boutons, aux sujets tirés des pièces représentées
en 1785.
Sergent aimait l’actualité. On remarque dans son œuvre, des
expériences d’aérostation, Mesmer et son baquet, The Day’s Folly, The
Magnetism, en couleurs (la seconde pièce gravée par Guyot); les
Fêtes de la Fédération. Les événements lui fournissent des sujets, tels
que la Vue des travaux du Champ de Mars, dans la journée dite « des
brouettes»; le Royal Allemand aux Tuileries, les Gardes-Françaises
repoussant le Royal Allemand, etc..., pièces en couleurs in-8 pour les
Tableaux des Révolutions de Paris. Quand il n’a pas de sujets, il en invente
ainsi du Convoy du très haut et très puissant seigneur des Abus, que
Mixelle a gravé à l’aquatinte sur son dessin. Parmi les portraits,
celui de Necker, d’après Duplessis, est à remarquer, et surtout le
grand portrait en pied de son beau-frère Marceau gravé magistra-
lement en couleurs : Sergent-Marceau ad vivum pinx. et scalp. C’est la
plus belle pièce de l’œuvre. Elle est martiale d’allure, d’un ton
sobre et d’une belle tenue.
Sergent lie manquait pas de talent. Ce qui lui a le plus nui, au
regard de la postérité, c’est son surnom de Sergent V agate qu’il mérita,
paraît-il, pour s’être fait adjuger à vil prix un magnifique camée
antique, confisqué sur une de ses victimes. Ajoutons comme décharge,
d’abord que le fait n’est pas absolument prouvé, ensuite que Sergent
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Collection des Portraits des Grands Hommes, Femmes illustres et Sujets
mémorables de la France. Ce livre, où beaucoup défigurés sont gravées
par Sergent, d'autres par Ridé, et d’autres par Mme de Cernel, était
publié chez Blin, le grand imprimeur en couleurs du temps.
« Ces planches variées de forme, écrit Renouvier, heureux de
louer un « pur », témoignent de facilité dans le dessin et de beaucoup
d’agrément dans le travail de gravure. L’expression en est gentille
et le costume offre ce compromis entre la convention et la réalité
que Moreau lui-même n’avait pas dépassé. »
Un grand amour avait traversé l’existence de notre artiste pas-
sionné. Emira Marceau, sœur du général, aimée dès l’enfance par
Sergent, avait été mariée à 14 ans à un M. de Cernel, mari brutal et
jaloux qui la rendit fort malheureuse. Heureusement il mourut et
sa veuve put se livrer sans contrainte à ses goûts pour le dessin et
couronner enfin les vœux du graveur en devenant Mme Sergent.
Elle a collaboré à la Collection Blin et Le Yachez dont nous venons
de parler et son nom figure au-dessous des portraits en couleurs de
Descartes, Poussin, Duguay-Trouin, Suffren, etc. Elle grava aussi
des garnitures de boutons, aux sujets tirés des pièces représentées
en 1785.
Sergent aimait l’actualité. On remarque dans son œuvre, des
expériences d’aérostation, Mesmer et son baquet, The Day’s Folly, The
Magnetism, en couleurs (la seconde pièce gravée par Guyot); les
Fêtes de la Fédération. Les événements lui fournissent des sujets, tels
que la Vue des travaux du Champ de Mars, dans la journée dite « des
brouettes»; le Royal Allemand aux Tuileries, les Gardes-Françaises
repoussant le Royal Allemand, etc..., pièces en couleurs in-8 pour les
Tableaux des Révolutions de Paris. Quand il n’a pas de sujets, il en invente
ainsi du Convoy du très haut et très puissant seigneur des Abus, que
Mixelle a gravé à l’aquatinte sur son dessin. Parmi les portraits,
celui de Necker, d’après Duplessis, est à remarquer, et surtout le
grand portrait en pied de son beau-frère Marceau gravé magistra-
lement en couleurs : Sergent-Marceau ad vivum pinx. et scalp. C’est la
plus belle pièce de l’œuvre. Elle est martiale d’allure, d’un ton
sobre et d’une belle tenue.
Sergent lie manquait pas de talent. Ce qui lui a le plus nui, au
regard de la postérité, c’est son surnom de Sergent V agate qu’il mérita,
paraît-il, pour s’être fait adjuger à vil prix un magnifique camée
antique, confisqué sur une de ses victimes. Ajoutons comme décharge,
d’abord que le fait n’est pas absolument prouvé, ensuite que Sergent