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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0252

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FRANÇOIS RUDE.

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qu’il avance en âge, le caractère plébéien reprend le dessus en lui.
On le voit gauche à saluer, embarrassé de ses mains et de son chapeau :
d’une extrême politesse, d’ailleurs, et jamais vulgaire L

Si l’on veut connaître les amis de nos Dijonnais au retour de
Bruxelles, je citerai, en première ligne, le brave Roman, le dévoué
camarade de Rude, membre de l’Institut, sculpteur de second plan,
mais l’homme le meilleur du monde. En 1834, le pauvre Roman tombe
malade. Rude lui propose d’achever, sous ses yeux, une figure de
Caton à laquelle il attache grande importance ; mais elle n’est point
terminée encore que l’auteur du modèle est couché au cimetière.
Non seulement l’élève de Cartellier se consacre à l’achèvement du
Caton (actuellement au musée du Louvre), mais, par surcroît, il prend
à sa charge l’exécution de plusieurs figures décoratives commandées
au mort pour la Madeleine. « Mon mari est trop affecté pour vous
écrire, mande Mrae Rude, au peintre Navez, de Bruxelles. Il n’en a pas
le courage... Vous, monsieur, qui saviez si bien apprécier notre ami,
vous sentirez mieux que personne le chagrin qui nous accable. Jamais
nous ne le remplacerons : ce vide est bien affreux. Il partageait nos
peines et nous aidait à les supporter. S’il nous arrivait quelque bien,
il en jouissait plus que nous-mêmes. Pauvre ami! Mourir si jeune et
à la suite d’une si terrible maladie ! Nous étions bien cruels, nous
qui demandions à Dieu de prolonger une existence si affreuse 3 !... »
Le second ami intime de Rude n’arrive à Paris qu’après 1830 :
c’est Jacotot, l’inventeur de la fameuse méthode mnémotechnique
dite à’émancipation universelle. Ce Jacotot passe à bon droit pour un
personnage original. Il est né à Dijon, le 4 mai 1770, d’une famille
obscure — son père était boucher. Un de ses cousins, Pierre Jacotot,
fils de ses œuvres et savant professeur, le prend en affection, l’ins-
truit et l’élève. Jacotot se jette dans l’étude avec cette fureur qui
distingue, au moment de la Révolution, beaucoup de jeunes gens de
la bourgeoisie. A 19 ans, il fait ses humanités au collège de Dijon ;
puis, il devient avocat, embrasse passionnément les idées révolu-
tionnaires, s’enrôle dans un bataillon de la Côte-d’Or en 1791, s’a-
donne, tout d’un coup, aux sciences exactes, et finit par occuper une
chaire à l’École polytechnique auprès de Monge, de Yauquelin et de
Prony. En ce poste supérieur, il est hautement apprécié. Il n’im-
porte! On apprend, un beau jour, qu’il s’en va professer à Dijon, à

L Renseignements donnés par M. E. Frémiet.

2. Lettre de Mme Rude au peintre Navez, du 20 février 1835, dans les papiers de
Navez à la Bibliothèque royale de Bruxelles.
 
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