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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0253

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228

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

l’école centrale. « la logique et l’analyse des sensations ». Au sur-
plus, il n’est novice en aucune connaissance : il sait à fond les mathé-
matiques, l’histoire, les langues, les littératures, et il est en état de
les enseigner. En 1814, les Autrichiens, passant par la ville bourgui-
gnonne, ont maille à partir avec lui et le gardent un temps en otage.
Le peuple, en guise de réparation, le nomme député et le voilà se
prononçant avec une violence inouïe contre les Bourbons, qui, natu-
rellement, ne sont pas plus tôt rentrés qu’ils l’exilent. Rude l’a
quelque peu fréquenté à Bruxelles, de 1816 à 1818, époque où
l’étrange Bourguignon, aux manières brusques, aux paroles nar-
quoises, à la dévorante intelligence, a été nommé professeur de litté-
rature française à Louvain. Il a même modelé son buste. A Paris,
après 1830, les deux amis se retrouvent porte à porte, rue d’Enfer,
et se voient beaucoup. Jacotot étonne le sculpteur en lui développant
incessamment sa méthode pédagogique : « Apprendre, c’est répéter
et comparer tout à une même chose. Vous apprenez un morceau : il
s’agit de le répéter en le paraphrasant, et vous y rapporterez par
analogie ceux que vous lirez ensuite. Les intelligences sont égales
chez les hommes bien conformés. Parvient toujours qui veut par-
venir. » On retrouve de grands échos de cette phraséologie dans la
conversation de Rude. L’influence de Jacotot sur le statuaire parait,
somme toute, avoir été sérieuse: c’est lui qui aurait poussé le fils du
poêlier dans la voie de la sculpture exacte en lui recommandant
l’emploi du compas et du fil à plomb pour la mesure du corps humain.

Un autre intime de l’artiste est le musicien dijonnais Louis
Dietsch, en ce temps-là professeur à l’école Choron. Rude aime infi-
niment la musique et l’amitié de Bietsch lui vaut, à cet égard, de
très douces jouissances. Une circonstance mémorable a, d’ailleurs,
scellé cette intimité. Louis Dietsch a pour élève, à l’école Choron,
une jeune fille de Bruxelles, Mlle Pauline Sacré, dont il s’est violem-
ment épris, et de laquelle les Rude ont connu la famille en Belgique.
Grâce au sculpteur et à sa femme, le mariage s’est vite accompli, au
mois de mai 1831 L Les heureux époux n’oublieront jamais cette par-
ticipation du parfait ménage de la rue d’Enfer à leur bonheur et ils
ne manqueront jamais de leur donner des marques de reconnaissance.

Je vois encore, dans les lettres de Sophie Rude à Mme Moyne, qu’il
est souvent parlé d’une pauvre famille Héquet, d’origine bourgui-
gnonne, composée de la mère et de deux filles, à laquelle elle s’inté-

1. Communication de M. Joseph Dietsch, de Dijon.
 
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