DOI issue:
Nr. 3
DOI article:Darcel, Alfred: La collection de M. Ernest Odiot
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0274
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GAZETTE DES BEAUX-A II T S.
pouvaient en avoir une. Aussi affectionnait-il surtout celles qui portent une date.
Ce qu’il possède est peu important par le nombre, mais c’est un choix dans
chaque branche de l’art, qu’il s’agisse des ivoires ou de la peinture, des émaux ou
des bois sculptés, des faïences italiennes ou de l’orfèvrerie. Il s’arrêtait avec le
xvie siècle, remontant jusqu’aux carlovingiens, après avoir jadis touché à l'anti-
que par ses terres cuites et ses monnaies.
Ce sont, suivant l’habitude, les ivoires qui nous font connaître la première
renaissance de l’art en Occident, sous l’impulsion de Charlemagne. Une plaque
qui provient du cabinet de Ch. Davillier, ornée de trois grandes rosaces, montre
une exécution très ferme et très précise. Quant à celle où l’on voit deux apôtres
conversant sous un disque qui entoure le buste du Christ, elle appartient à l’art
romain traditionnel, tel qu’il s’est perpétué par les sarcophages chrétiens. 11 est
de plus un témoignage de l’ancienneté de la tradition qui attribuait à chaque
apôtre la rédaction d’un verset particulier du Credo.
L’ivoire, que nous publions et qui nous semble appartenir à l’art de transition
du xi® au xii° siècle, — en Allemagne, peut-être? — est un exemple des libertés que
l’art a prises envers les lextes bibliques dont la traduction littérale était impos-
sible : le récit de la vision d’Éztchicl De la « ressemblance de quatre animaux »
dont l’aspect avait «la ressemblance d’un homme »; de ces monstres à deux
paires d’ailes créés par l’art assyrien; de ces roues « à quatre faces » qui les sui-
vaient dans l’emportement de leur course sans retour, accompagnées de grandes
clameurs; de ce saphir « ressemblant à un trône * où une « ressemblance d’homme»
était assise, avec l’éclat d’un métal brillant semblable au feu, —si bien que Jules
Labarte y avait prétendu reconnaître un émail étincelant, — on voit ce que les
imagiers, après de longs tâtonnements, ont retenu et fixé lorsqu’ils ont voulu
figurer l’insaisissable vision. Le Christ assis sur un trône, les pieds sur une roue,
dans une auréole qui l’enveloppe ainsi que deux chérubins vêtus de leurs ailes,
et les quatre symboles évangéliques, voilà l’image simplifiée du cauchemar qui
s’est perpétuée pendant tout le moyen âgé avec ses masses balancées et sa symé-
trie architecturale. Dans l’ivoire qui nous occupe, l’imagier a ajouté le soleil et la
lune qui appartiennent d’ordinaire à un autre ensemble, celui de la Crucifixion.
Une fort belle Vierge d’ivoire (xnr siècle), assise sur un fauteuil d’orfèvrerie
émaillée limousine a déjà été publiée dans la Gazette des Beaux-Arts (2e p.,
t. XXXIII, p. 113) lorsque nous y avons parlé de la collection de M. Ch. Stein. Il
nous suffira de la citer avec un charmant petit triptyque du xive siècle, provenant
du cabinet La Béraudière Une figure de la Vierge y est encadrée, suivant l’habi-
tude, par les premières scènes de l’Évangile.
Un olifant, aux armes d’Isabelle de Portugal, exécuté avec d’autres ornements
par une main peu habile, qui était plutôt celle d’un ciseleur que d’un sculpteur,
est surtout intéressant par sa garniture d’argent doré qui est gravée de Yimpresa
de Philippe le Bon, un briquet, et de la devise : Aui.tre naray. Il en résulte que
cette pièce a du être exécutée vers 1430, date du mariage du duc de Bourgogne
avec Isabelle de Portugal et de la création de l’ordre de la Toison d’or.
La statuette de l’une des trois Maries portant un vase de parfums présente un
caractère hybride assez singulier. La tête par sa physionomie et par le bonnet qui
la coiffe annonce l’époque d’Anne de Bretagne, tandis que le reste, par le jet et par
le style des draperies, se réclamerait du xiv' siècle. Problème intéressant qui trouve
GAZETTE DES BEAUX-A II T S.
pouvaient en avoir une. Aussi affectionnait-il surtout celles qui portent une date.
Ce qu’il possède est peu important par le nombre, mais c’est un choix dans
chaque branche de l’art, qu’il s’agisse des ivoires ou de la peinture, des émaux ou
des bois sculptés, des faïences italiennes ou de l’orfèvrerie. Il s’arrêtait avec le
xvie siècle, remontant jusqu’aux carlovingiens, après avoir jadis touché à l'anti-
que par ses terres cuites et ses monnaies.
Ce sont, suivant l’habitude, les ivoires qui nous font connaître la première
renaissance de l’art en Occident, sous l’impulsion de Charlemagne. Une plaque
qui provient du cabinet de Ch. Davillier, ornée de trois grandes rosaces, montre
une exécution très ferme et très précise. Quant à celle où l’on voit deux apôtres
conversant sous un disque qui entoure le buste du Christ, elle appartient à l’art
romain traditionnel, tel qu’il s’est perpétué par les sarcophages chrétiens. 11 est
de plus un témoignage de l’ancienneté de la tradition qui attribuait à chaque
apôtre la rédaction d’un verset particulier du Credo.
L’ivoire, que nous publions et qui nous semble appartenir à l’art de transition
du xi® au xii° siècle, — en Allemagne, peut-être? — est un exemple des libertés que
l’art a prises envers les lextes bibliques dont la traduction littérale était impos-
sible : le récit de la vision d’Éztchicl De la « ressemblance de quatre animaux »
dont l’aspect avait «la ressemblance d’un homme »; de ces monstres à deux
paires d’ailes créés par l’art assyrien; de ces roues « à quatre faces » qui les sui-
vaient dans l’emportement de leur course sans retour, accompagnées de grandes
clameurs; de ce saphir « ressemblant à un trône * où une « ressemblance d’homme»
était assise, avec l’éclat d’un métal brillant semblable au feu, —si bien que Jules
Labarte y avait prétendu reconnaître un émail étincelant, — on voit ce que les
imagiers, après de longs tâtonnements, ont retenu et fixé lorsqu’ils ont voulu
figurer l’insaisissable vision. Le Christ assis sur un trône, les pieds sur une roue,
dans une auréole qui l’enveloppe ainsi que deux chérubins vêtus de leurs ailes,
et les quatre symboles évangéliques, voilà l’image simplifiée du cauchemar qui
s’est perpétuée pendant tout le moyen âgé avec ses masses balancées et sa symé-
trie architecturale. Dans l’ivoire qui nous occupe, l’imagier a ajouté le soleil et la
lune qui appartiennent d’ordinaire à un autre ensemble, celui de la Crucifixion.
Une fort belle Vierge d’ivoire (xnr siècle), assise sur un fauteuil d’orfèvrerie
émaillée limousine a déjà été publiée dans la Gazette des Beaux-Arts (2e p.,
t. XXXIII, p. 113) lorsque nous y avons parlé de la collection de M. Ch. Stein. Il
nous suffira de la citer avec un charmant petit triptyque du xive siècle, provenant
du cabinet La Béraudière Une figure de la Vierge y est encadrée, suivant l’habi-
tude, par les premières scènes de l’Évangile.
Un olifant, aux armes d’Isabelle de Portugal, exécuté avec d’autres ornements
par une main peu habile, qui était plutôt celle d’un ciseleur que d’un sculpteur,
est surtout intéressant par sa garniture d’argent doré qui est gravée de Yimpresa
de Philippe le Bon, un briquet, et de la devise : Aui.tre naray. Il en résulte que
cette pièce a du être exécutée vers 1430, date du mariage du duc de Bourgogne
avec Isabelle de Portugal et de la création de l’ordre de la Toison d’or.
La statuette de l’une des trois Maries portant un vase de parfums présente un
caractère hybride assez singulier. La tête par sa physionomie et par le bonnet qui
la coiffe annonce l’époque d’Anne de Bretagne, tandis que le reste, par le jet et par
le style des draperies, se réclamerait du xiv' siècle. Problème intéressant qui trouve