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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Vierge et de saint Jean en relief sur un fond de patinettes imbriquées d’un
dessin charmant et d’une exécution très soignée ainsi que la ciselure des deux
figures. Il faut en rapprocher le reliquaire phylactère à quatre lobes que la
Gazette des Beaux-Arts a déjà publié (2e p., t. XVIII, p. 573) et qui représente
ies quatre symboles évangéliques autour d’un gros cristal de roche cabochon.
Les ateliers de Limoges doivent réclamer une charmante petite châsse dont les
figures gravées en réserve sur un fond d’émail bleu à rosettes représentent le
meurtre de Thomas Becquet. Mais ils se sont montrés terriblement négligés en
exécutant à l’usage de l'ordre des Franciscains une croix où le fondateur de
l'ordre est deux fois figuré, en émail sur fond de métal gravé.
La série des émaux peints commence par un grand triptyque du Calvaire,
d’une belle exécution, que nous publions, — émail fort intéressant par la signa-
ture qu’il porte. On lit, en effet, enlevés à la pointe dans l'émail blanc avant la
cuisson, sur l’épée de sainte Catherine, les mots : ave maria — monvaerni. M. Émile
Mobilier, dans le Dictionnaire des Émailleurs, met en doute la personnalité de
Mouvaerni. Ce nom, pourtant, pour bizarre qu’il soit, lu dès 1843 par M. Didier-
Petit sur un émail de sa collection qui n’est autre que celui possédé aujourd’hui par
M. E. Odiot, a été depuis lu deux fois par nous, sur deux aulres plaques, qui pré-
sentent absolument les deux mêmes caractères de dessin, de couleur et d’exécution.
Celui-ci d’ailleurs est français, les lettres qui ornent le collet du vêtement du roi
que la sainte foule aux pieds suivant l’habitude, forment bien les mots : J'enrage.
Nous serions donc très heureux si M. Mobilier, qui s’occupe plus spécialement
des émaux au Musée du Louvre, auquel il est attaché, nous donnait raison en
tâchant de faire entrer, dans les vitrines de la Galerie d’Apollon, un émail qui y
comblerait une lacune dans la série des peintres émailleurs primitifs.
Un second triptyque, représentant la Vierge entre saint Jean-Baptiste et
sainte Catherine, est digne, parla beauté de son exécution, d’être sorti de l’atelier
des premiers Pénicaud.
Jehan Ier a signé de ses initiales I. P. une magnifique plaque peinte dans des
colorations très puissantes, en partie sur paillons avec rehauts d’or, qui représente
le Christ au Jardin des Olives, tandis que le même monogramme I. P., sur une
grisaille qui représente le Calvaire, doit être attribué à Jehan II, à cause de
certaines particularités du dessin. Cet émail présente cette autre particularité assez
rare d’avoir eu son cuivre repoussé suivant les contours des figures qui y sont
représentées et qui se trouvent ainsi en relief.
Un Ecce Homo remarquable par la belle qualité de ses violets nous semble un
produit intermédiaire entre ceux de Jean II Pénicaud et du premier des Couly
Noylier, et nous retrouvons Pierre Ileymond dans le plein épanouissement de son
talent sur quatre petites plaques ovales qui reproduisent avec une fière allure
quatre épisodes du Quos ego tel que Marc-Antoine l’a gravé.
M. E. Odiot possède peu de faïences, mais elles sont d’un choix exquis. Après un
plat archaïque de Faenza, un autre d’exécution assez rude, représentant la Vierge
et l’Enfant avec une signature énigmatique au revers; après un petit plat creux
de Castel-Durante où un buste d’homme est encadré par le large anneau des gro-
tesques qui couvrent le bord, nous signalerons deux coupes d’Urbino. L’art de la
peinture céramique n’a rien fait de plus charmant que cette Pliilomena qui vient
de la collection Joseph Fau, et que le Rugieri qui lui fait pendant. Il faut placer à
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Vierge et de saint Jean en relief sur un fond de patinettes imbriquées d’un
dessin charmant et d’une exécution très soignée ainsi que la ciselure des deux
figures. Il faut en rapprocher le reliquaire phylactère à quatre lobes que la
Gazette des Beaux-Arts a déjà publié (2e p., t. XVIII, p. 573) et qui représente
ies quatre symboles évangéliques autour d’un gros cristal de roche cabochon.
Les ateliers de Limoges doivent réclamer une charmante petite châsse dont les
figures gravées en réserve sur un fond d’émail bleu à rosettes représentent le
meurtre de Thomas Becquet. Mais ils se sont montrés terriblement négligés en
exécutant à l’usage de l'ordre des Franciscains une croix où le fondateur de
l'ordre est deux fois figuré, en émail sur fond de métal gravé.
La série des émaux peints commence par un grand triptyque du Calvaire,
d’une belle exécution, que nous publions, — émail fort intéressant par la signa-
ture qu’il porte. On lit, en effet, enlevés à la pointe dans l'émail blanc avant la
cuisson, sur l’épée de sainte Catherine, les mots : ave maria — monvaerni. M. Émile
Mobilier, dans le Dictionnaire des Émailleurs, met en doute la personnalité de
Mouvaerni. Ce nom, pourtant, pour bizarre qu’il soit, lu dès 1843 par M. Didier-
Petit sur un émail de sa collection qui n’est autre que celui possédé aujourd’hui par
M. E. Odiot, a été depuis lu deux fois par nous, sur deux aulres plaques, qui pré-
sentent absolument les deux mêmes caractères de dessin, de couleur et d’exécution.
Celui-ci d’ailleurs est français, les lettres qui ornent le collet du vêtement du roi
que la sainte foule aux pieds suivant l’habitude, forment bien les mots : J'enrage.
Nous serions donc très heureux si M. Mobilier, qui s’occupe plus spécialement
des émaux au Musée du Louvre, auquel il est attaché, nous donnait raison en
tâchant de faire entrer, dans les vitrines de la Galerie d’Apollon, un émail qui y
comblerait une lacune dans la série des peintres émailleurs primitifs.
Un second triptyque, représentant la Vierge entre saint Jean-Baptiste et
sainte Catherine, est digne, parla beauté de son exécution, d’être sorti de l’atelier
des premiers Pénicaud.
Jehan Ier a signé de ses initiales I. P. une magnifique plaque peinte dans des
colorations très puissantes, en partie sur paillons avec rehauts d’or, qui représente
le Christ au Jardin des Olives, tandis que le même monogramme I. P., sur une
grisaille qui représente le Calvaire, doit être attribué à Jehan II, à cause de
certaines particularités du dessin. Cet émail présente cette autre particularité assez
rare d’avoir eu son cuivre repoussé suivant les contours des figures qui y sont
représentées et qui se trouvent ainsi en relief.
Un Ecce Homo remarquable par la belle qualité de ses violets nous semble un
produit intermédiaire entre ceux de Jean II Pénicaud et du premier des Couly
Noylier, et nous retrouvons Pierre Ileymond dans le plein épanouissement de son
talent sur quatre petites plaques ovales qui reproduisent avec une fière allure
quatre épisodes du Quos ego tel que Marc-Antoine l’a gravé.
M. E. Odiot possède peu de faïences, mais elles sont d’un choix exquis. Après un
plat archaïque de Faenza, un autre d’exécution assez rude, représentant la Vierge
et l’Enfant avec une signature énigmatique au revers; après un petit plat creux
de Castel-Durante où un buste d’homme est encadré par le large anneau des gro-
tesques qui couvrent le bord, nous signalerons deux coupes d’Urbino. L’art de la
peinture céramique n’a rien fait de plus charmant que cette Pliilomena qui vient
de la collection Joseph Fau, et que le Rugieri qui lui fait pendant. Il faut placer à