LE MUSÉE POLDI-PEZZOLI A MILAN.
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mais ne possédant d’artificiel que la couleur de sa chevelure. Tout le
monde connaît le fameux tableau du Musée de Dresde, œuvre authen-
tique du maître, s’il en fût, mais très sensiblement modifiée par des
repeints successifs. Un tableau de la collection Poldi offre le portrait
■d’une de ces belles personnes, plus opulentes de formes que riches en
matière cérébrale, si l’on en juge par l’aspect un peu lourd de la phy-
sionomie et le regard qui ne dénote pas un niveau intellectuel bien
élevé. La pose est toujours à peu près la même dans ces tableaux qui
n’ont pas la prétention de nous montrer des prix de vertu; on est
loin des portraits austères et fort collet-monté du xve siècle; nous
sommes au commencement du xvie siècle et Savonarole n’a pas
fait école partout. La dame retient, d’une main fort distraite, les
plis d’une fine chemise qui glisse complaisamment de ses épaules
pour nous permettre de les admirer; on sent bien que la lourde robe
de brocart rouge pâle n’est ici qu’un pur ornement destiné à faire
ressortir lestons chauds des cheveux et des carnations. Si ce tableau
n’a point l’importance de celui de Dresde, il n’en est pas moins tout
à fait digne du maître. O11 peut seulement déplorer que la peinture
en soit tant soit peu usée.
C'est avec ce beau tableau que je terminerai cette rapide revue des
peintures de la collection Poldi-Pezzoli. Il me reste à parler des objets
d’art : là encore le visiteur n’est pas déçu et il y a pour les amateurs
quelques heureux moments à passer.
ÉMILE MOLINIER.
(La fin prochainement.)
i. — 3e PÉRIODE.
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mais ne possédant d’artificiel que la couleur de sa chevelure. Tout le
monde connaît le fameux tableau du Musée de Dresde, œuvre authen-
tique du maître, s’il en fût, mais très sensiblement modifiée par des
repeints successifs. Un tableau de la collection Poldi offre le portrait
■d’une de ces belles personnes, plus opulentes de formes que riches en
matière cérébrale, si l’on en juge par l’aspect un peu lourd de la phy-
sionomie et le regard qui ne dénote pas un niveau intellectuel bien
élevé. La pose est toujours à peu près la même dans ces tableaux qui
n’ont pas la prétention de nous montrer des prix de vertu; on est
loin des portraits austères et fort collet-monté du xve siècle; nous
sommes au commencement du xvie siècle et Savonarole n’a pas
fait école partout. La dame retient, d’une main fort distraite, les
plis d’une fine chemise qui glisse complaisamment de ses épaules
pour nous permettre de les admirer; on sent bien que la lourde robe
de brocart rouge pâle n’est ici qu’un pur ornement destiné à faire
ressortir lestons chauds des cheveux et des carnations. Si ce tableau
n’a point l’importance de celui de Dresde, il n’en est pas moins tout
à fait digne du maître. O11 peut seulement déplorer que la peinture
en soit tant soit peu usée.
C'est avec ce beau tableau que je terminerai cette rapide revue des
peintures de la collection Poldi-Pezzoli. Il me reste à parler des objets
d’art : là encore le visiteur n’est pas déçu et il y a pour les amateurs
quelques heureux moments à passer.
ÉMILE MOLINIER.
(La fin prochainement.)
i. — 3e PÉRIODE.
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