DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 4
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0356
LA GRAVURE EN COULEURS.
323
.fanfare à ses armes. Les grandes estampes de Cocliin y avaient été
.gouachées à la perfection.
Au xvme siècle d’ailleurs, la couleur fait rage. Coloriés, les
dessus de tabatières de Bernard Picard, les Vues d’optique, les recueils
de Costumes militaires, les Almanachs de poche, les Garnitures de boutons;
coloriées souvent, hélas ! les vignettes d’Eisen qui n’avaient nul
besoin de cette fausse parure ; coloriées parfois les Fables de la
Fontaine illustrées par Oudry, les Contes de la Fontaine édition des
fermiers généraux, le Daphnis et Chloé « du Régent » et le Télémaque
de Monnet. .
Coloriés, et ceci est légitime, les ouvrages de Science, d’Archéo-
logie et d’Histoire Naturelle. Citons-en trois exemples remarquables,
les exemplaires de luxe de VHistoire Naturelle de Buffon, de l’Impri-
merie royale, avec leur millier de planches, et plus récemment les
Roses de Redouté et le Règne Animal de Cuvier.
Coloriée, l'estampe populaire, la gravure d’Épinal dont l’exécution
grossière n’a plus qu’un rapport lointain avec l’art. Et cependant
l’image d’Epinal est le triomphe du coloriage! Fabriquées de temps
immémorial, ces estampes rudimentaires et naïves que le colporteur
fait pénétrer au fin fond des campagnes, apprennent l’histoire à gros
traits aux illettrés. Inutile de songer à les perfectionner. Plus elles
sont gauches, plus elles sont criardes, plus elles plaisent à ce public
■auquel elles sont destinées. Ce qui leur convient, ce sont des idées
simples et des couleurs tranchées. Au peuple, à l’enfant qui la
transfigure par l’imagination, il faut l’image à un sou.
Coloriées enfin, trois sortes d’estampes, dont la délimitation n’est
pas toujours facile à établir, car elles empiètent souvent l’une sur
l’autre, la Gravure de Modes, la Caricature, le Sujet de Mœurs.
Le coloriage est indispensable aux Gravures de Modes pour
lesquelles c’est un renseignement, un complément précieux d’infor-
mation. Sous Louis XIV, les Recueils de Bonnart, très documentaires,
sont parfois enluminés et rehaussés d’or. Sous prétexte de nous
■donner les portraits des princes et princesses, des dames et des
seigneurs de la Cour, Bonnart, de Larmessin, Trouvain et d’autres
■nous font passer en revue les habillements passementés et brodés du
temps. Gillot, Antoine Watteau sont ensuite les auteurs de séries
de costumes, principalement inspirés des personnages de la Comédie
Italienne.
La beauté des estampes gravées au burin pour le Monument du
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.fanfare à ses armes. Les grandes estampes de Cocliin y avaient été
.gouachées à la perfection.
Au xvme siècle d’ailleurs, la couleur fait rage. Coloriés, les
dessus de tabatières de Bernard Picard, les Vues d’optique, les recueils
de Costumes militaires, les Almanachs de poche, les Garnitures de boutons;
coloriées souvent, hélas ! les vignettes d’Eisen qui n’avaient nul
besoin de cette fausse parure ; coloriées parfois les Fables de la
Fontaine illustrées par Oudry, les Contes de la Fontaine édition des
fermiers généraux, le Daphnis et Chloé « du Régent » et le Télémaque
de Monnet. .
Coloriés, et ceci est légitime, les ouvrages de Science, d’Archéo-
logie et d’Histoire Naturelle. Citons-en trois exemples remarquables,
les exemplaires de luxe de VHistoire Naturelle de Buffon, de l’Impri-
merie royale, avec leur millier de planches, et plus récemment les
Roses de Redouté et le Règne Animal de Cuvier.
Coloriée, l'estampe populaire, la gravure d’Épinal dont l’exécution
grossière n’a plus qu’un rapport lointain avec l’art. Et cependant
l’image d’Epinal est le triomphe du coloriage! Fabriquées de temps
immémorial, ces estampes rudimentaires et naïves que le colporteur
fait pénétrer au fin fond des campagnes, apprennent l’histoire à gros
traits aux illettrés. Inutile de songer à les perfectionner. Plus elles
sont gauches, plus elles sont criardes, plus elles plaisent à ce public
■auquel elles sont destinées. Ce qui leur convient, ce sont des idées
simples et des couleurs tranchées. Au peuple, à l’enfant qui la
transfigure par l’imagination, il faut l’image à un sou.
Coloriées enfin, trois sortes d’estampes, dont la délimitation n’est
pas toujours facile à établir, car elles empiètent souvent l’une sur
l’autre, la Gravure de Modes, la Caricature, le Sujet de Mœurs.
Le coloriage est indispensable aux Gravures de Modes pour
lesquelles c’est un renseignement, un complément précieux d’infor-
mation. Sous Louis XIV, les Recueils de Bonnart, très documentaires,
sont parfois enluminés et rehaussés d’or. Sous prétexte de nous
■donner les portraits des princes et princesses, des dames et des
seigneurs de la Cour, Bonnart, de Larmessin, Trouvain et d’autres
■nous font passer en revue les habillements passementés et brodés du
temps. Gillot, Antoine Watteau sont ensuite les auteurs de séries
de costumes, principalement inspirés des personnages de la Comédie
Italienne.
La beauté des estampes gravées au burin pour le Monument du