GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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droite, aux Arts libéraux. C’est dans la nef des Arts libéraux qu’a
été installée l’immense exposition de « l’TIistoire rétrospective du
travail », œuvre de prédilection de M. Georges Berger. Elle sera
une des grandes nouveautés et une des plus curieuses attractions
de l’Exposition de 1889. Notre ami et collaborateur, M. Paul Sédille,
chargé de toutes les installations intérieures, a présidé à l’aména-
gement original de cette « Histoire du travail », avec ses terrasses
suspendues, ses portiques, ses cours, ses escaliers monumentaux,
ses théories de sentences et d’inscriptions qui résument les grandes
découvertes humaines.
Le Palais des Industries diverses, dont le grand dôme termine
majestueusement la perpective du jardin, est de M. Bouvard. L’en-
semble architectonique de ce palais, surtout la partie centrale, pro-
duit un effet grandiose et on est tout d’abord frappé par le galbe
puissant de la coupole, l’élégance du grand arc qui surmonte l’entrée
et la richesse étoffée des dorures. Mais que dire de la décoration?
Autant celle de M. Formigé est harmonieuse et rationnelle, autant
celle de M. Bouvard est lourde, encombrante, excessive. Autant le
premier s’est astreint à accuser franchement les matières, autant le
second s’est complu à les dissimuler sous des couches épaisses de
stucage et de badigeon. Singulière aberration chez un architecte
rompu de longue date au maniement du fer!
C’est encore un architecte, M. Dutert, qui a conçu le plan et
réglé, en collaboration, avec M. Contamin, ingénieur, l’exécution de
cette fameuse Galerie des Machines qui rivalise de témérité et de
grandeur avec la Tour Eiffel. C’est à M. Dutert qu’appartient en
propre l’honneur d’avoir inventé la structure de ces grandes fermes
indépendantes dont le centre de gravité repose sur un patin en
biseau qui a la mobilité d’une charnière. On connaît les dimensions de
cette salle, la plus grande du monde : 115 mètres de largeur, d’une
seule portée, 412 mètres de longueur et 46 mètres de hauteur (la
hauteur même du chœur de Beauvais).
A côté de ces colossales manifestations du génie industriel de
notre époque, il y a les mille fantaisies issues de l’initiative indivi-
duelle. Mais attendons que le rideau se lève.
Critiques, mes frères, fourbissez vos armes; la matière en vaut
la peine.
LOUIS GONSE.
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droite, aux Arts libéraux. C’est dans la nef des Arts libéraux qu’a
été installée l’immense exposition de « l’TIistoire rétrospective du
travail », œuvre de prédilection de M. Georges Berger. Elle sera
une des grandes nouveautés et une des plus curieuses attractions
de l’Exposition de 1889. Notre ami et collaborateur, M. Paul Sédille,
chargé de toutes les installations intérieures, a présidé à l’aména-
gement original de cette « Histoire du travail », avec ses terrasses
suspendues, ses portiques, ses cours, ses escaliers monumentaux,
ses théories de sentences et d’inscriptions qui résument les grandes
découvertes humaines.
Le Palais des Industries diverses, dont le grand dôme termine
majestueusement la perpective du jardin, est de M. Bouvard. L’en-
semble architectonique de ce palais, surtout la partie centrale, pro-
duit un effet grandiose et on est tout d’abord frappé par le galbe
puissant de la coupole, l’élégance du grand arc qui surmonte l’entrée
et la richesse étoffée des dorures. Mais que dire de la décoration?
Autant celle de M. Formigé est harmonieuse et rationnelle, autant
celle de M. Bouvard est lourde, encombrante, excessive. Autant le
premier s’est astreint à accuser franchement les matières, autant le
second s’est complu à les dissimuler sous des couches épaisses de
stucage et de badigeon. Singulière aberration chez un architecte
rompu de longue date au maniement du fer!
C’est encore un architecte, M. Dutert, qui a conçu le plan et
réglé, en collaboration, avec M. Contamin, ingénieur, l’exécution de
cette fameuse Galerie des Machines qui rivalise de témérité et de
grandeur avec la Tour Eiffel. C’est à M. Dutert qu’appartient en
propre l’honneur d’avoir inventé la structure de ces grandes fermes
indépendantes dont le centre de gravité repose sur un patin en
biseau qui a la mobilité d’une charnière. On connaît les dimensions de
cette salle, la plus grande du monde : 115 mètres de largeur, d’une
seule portée, 412 mètres de longueur et 46 mètres de hauteur (la
hauteur même du chœur de Beauvais).
A côté de ces colossales manifestations du génie industriel de
notre époque, il y a les mille fantaisies issues de l’initiative indivi-
duelle. Mais attendons que le rideau se lève.
Critiques, mes frères, fourbissez vos armes; la matière en vaut
la peine.
LOUIS GONSE.