EDOUARD B E RT IN.
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caduque et partant secondaire, c’est la charpente végétale, toute la
charpente continue et agencée depuis la base jusqu’au dôme : d’abord
la souche demi-souterraine avec ses pieds noueux qui affleurent,
puis le tronc rigide, penché ou tordu, enfin la courbure et l’épanouis-
sement total des branches, bref, la robuste membrure qui porte et
nourrit le reste. Pareillement, il n’insiste pas sur la saison, l’heure,
le moment, l’accident; il omet exprès de nous dire si nous sommes
en avril, en juillet ou en septembre; il ne nous dit pas ou à peine
s’il est cinq heures du matin, midi ou six heures du soir, si l’orage
ÉTUDE i> R l S E DANS LA FORÊT DE F O N T A I N E B I, E A U.
(Fac-similé d’un dessin à la plume d’Édouard Berlin.)
menace ou si le ciel vient d’ètre lavé par une pluie ; il n’est pas touché
par la singularité ou la rareté d’un aspect, par la rouille et les lichens
d’une pierre, par un coup de soleil oblique et subit sur les buissons
bas d’une futaie. Son envergure est bien plus vaste; dans le ciel, la
mer et les terrains, il ne s’attache qu’aux traits permanents, indéfi-
niment les mêmes, avant nous et après nous; ses paysages 11e sont
pas de petits coins curieux de l’édifice naturel, mais cet édifice lui-
même, son profil général et son architecture, sa façade et ses flancs,
plusieurs lieues de pays en abrégé et en résumé, une vallée entière,
trois ou quatre plans de montagnes, toute une ville avec ses bâtisses
rassemblées et échelonnées sur un promontoire de roches, toute une
côte surplombante en enfilade sur la plaine unie de la mer, et partout
I. — 3e PÉRIODE. 47
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caduque et partant secondaire, c’est la charpente végétale, toute la
charpente continue et agencée depuis la base jusqu’au dôme : d’abord
la souche demi-souterraine avec ses pieds noueux qui affleurent,
puis le tronc rigide, penché ou tordu, enfin la courbure et l’épanouis-
sement total des branches, bref, la robuste membrure qui porte et
nourrit le reste. Pareillement, il n’insiste pas sur la saison, l’heure,
le moment, l’accident; il omet exprès de nous dire si nous sommes
en avril, en juillet ou en septembre; il ne nous dit pas ou à peine
s’il est cinq heures du matin, midi ou six heures du soir, si l’orage
ÉTUDE i> R l S E DANS LA FORÊT DE F O N T A I N E B I, E A U.
(Fac-similé d’un dessin à la plume d’Édouard Berlin.)
menace ou si le ciel vient d’ètre lavé par une pluie ; il n’est pas touché
par la singularité ou la rareté d’un aspect, par la rouille et les lichens
d’une pierre, par un coup de soleil oblique et subit sur les buissons
bas d’une futaie. Son envergure est bien plus vaste; dans le ciel, la
mer et les terrains, il ne s’attache qu’aux traits permanents, indéfi-
niment les mêmes, avant nous et après nous; ses paysages 11e sont
pas de petits coins curieux de l’édifice naturel, mais cet édifice lui-
même, son profil général et son architecture, sa façade et ses flancs,
plusieurs lieues de pays en abrégé et en résumé, une vallée entière,
trois ou quatre plans de montagnes, toute une ville avec ses bâtisses
rassemblées et échelonnées sur un promontoire de roches, toute une
côte surplombante en enfilade sur la plaine unie de la mer, et partout
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