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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Gruyer, François-Anatole: Le Saint Georges et les deux Saint Michel de Raphaël au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0423

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384

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

est incontestable; pour ceux-là, nous essayerons de démontrer que
la date de 1504, admise jusqu’ici, doit être remplacée par celle de
1506. Ces tableaux, qui marquent presque des points extrêmes, suffi-
sent pour faire revivre devant nous Raphaël et le temps fortuné dont
il a été l’honneur et la gloire.

I.

SAINT GEORGES 1 .

Saint Georges, à cheval, combat le dragon légendaire. Déjà il a
rompu contre lui sa lance, et il s’apprête à le frapper de son glaive...
Yôilà un tout petit tableau, singulièrement grand par le caractère,
par la pensée, par le style... Le saint guerrier, revêtu d’une armure
de fer et coiffé d’un casque empanaché, se dresse sur ses étriers,
ramène son cheval de la main gauche et lève la droite, armée
d’une épée, contre le monstre qui le poursuit et sur lequel il jette en
arrière un regard méprisant. Cette figure est d’une élégance et
d’une fierté singulières. Le visage est presque celui d’une vierge.
Minerve s’y reconnaîtrait volontiers, et notre Jeanne d’Arc s’en
accommoderait à merveille. Malgré l’impétuosité de la course 1 2 et
malgré l’imminence du danger, le héros chrétien garde un calme
souverain. Il porte en lui quelque chose de la puissance et de la
majesté d’un dieu. L’issue du combat n’est pas douteuse... Le cheval,
de son côté, est d’une beauté non moins haute. Il rappelle les admi-
rables chevaux des Panathénées : il en a la noblesse, avec quelque
chose de mystique qui appartient en propre à la Renaissance. Ce que
Raphaël avait vu déjà de l’antiquité lui faisait pressentir ce qu’il n’en
connaissait pas encore et ce qu’il devait même n’en connaître jamais.
Ce cheval blanc, harnaché de rose, lancé à fond de train sur une prairie
fraîche comme la jeunesse et verte comme l’espérance, serré de près par
le dragon dont il sent l’haleine empoisonnée, se cabrant sous l’étreinte
de son cavalier, levant la tête et les yeux au ciel, on serait tenté de
dire priant et croyant, tant il semble porter en lui de ferveur et de

1. No 369 de la Notice des Peintures italiennes au Musée du Louvre, par M. de
Tauzia; n° 381 du catalogue de M. Villot.

2. La draperie du manteau, violemment agitée, montre l’impétuosité de la

course.
 
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