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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Tourneux, Maurice: L' exposition historique de la Révolution française
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0454

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414

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nous l’apprend lui-même, de « donner une idée de la manière dont
étaient costumés les habitants de Paris dans les premières années de
la Révolution française et l’on peut être sûre (sic) que toutes ces
figures sont faites d’après nature ». Assez semblables aux découpures
des anciennes lanternes magiques, collées sur des cartons bleuâtres
qui en font ressortir le coloris et les contours naïfs, disséminées
chronologiquement dans les diverses travées, elles sont toutes accom-
pagnées d’une légende tracée de la grosse écriture du peintre et
orthographiée en conséquence. C’est un témoignage irréfutable et qui
en apprend plus long que de très savants livres.

Le théâtre qui ne ferma jamais ses portes, même au 10 août, au
21 janvier et au 9 thermidor, est, lui aussi, représenté ici par de
précieux documents manuscrits et imprimés, empruntés aux archives
de la Comédie-Française ou aux cartons de M. Charavay. M. Albert
Lenoir s’est dessaisi provisoirement de l’excellent portrait de son père
par David et d’un certain nombre de vues du Musée des Monuments
français ou de croquis pris avant son irréparable dispersion.

Un même sentiment de piété filiale a mû M. Alexandre Dumas
quand il a envoyé aux organisateurs de l’Exposition le portrait de son
grand-père « l’Horatius Codés du Tyrol » et son sabre d’honneur,
placés tous deux dans la travée voisine, consacrée aux généraux et
aux armées de la République. La série commencée par Marceau,
Hoche, Kléber, Desaix, Moreau, se prolonge à travers les modes,
les ridicules, les travestissements officiels imposés par le Directoire à
ses fonctionnaires et les rites de la théophilanthropie, et se clôt au
tournant du dernier panneau.

Un seul homme le remplit tout entier, comme il va remplir le
monde de son nom et faire momentanément disparaître dans l’éblouis-
sement de sa gloire ces jeunes et pures renommées. Toutes les
ressources graphiques, toutes les imaginations, voire les plus
burlesques, s’épuisent à fixer de face, de profil, de trois quarts, en
pied, en buste, à cheval, à chameau, en papier peint, en tapisserie,
en trompe-l’œil, ce faciès émacié, ces longs cheveux, ce menton
volontaire et dur. Si Shakespeare revenait au monde, il ne conseillerait
pas au nouveau César de se méfier des « visages pâles », mais des
hommes gras ; et un croquis de Denon d’après l’énorme tête de Georges
Cadoudal lui donnerait raison, car il est invraisemblable qu’un homme
aussi monstrueusement obèse ait joué jusqu’au bout son rôle de con-
spirateur actif. Ce croquis (appartenant, comme les autres, àM. Dide)
est la vivante traduction du signalement fourni l’affiche du grand
 
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