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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique: exposition rétrospective de peinture, à Gand; note complémentaire sur l'indication du lieu de naissance de Memling; mort d'un ancien élève de David
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0462

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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sionnaires du ûls prodigue grouillent au premier plan. Jordaens a fait plus grand,
rarement mieux.

Un mot, en passant, d’un tableau d’auteur inconnu, la Manne (collection Van
Zantvoorde), n° 138 du catalogue. Il s’agit probablement d'une œuvre de Corneille
Maliu, un Anversois né en 1613 et qui vécut jusqu’à la fin du siècle, curieux,
précisément, parce que le souvenir de l'époque rubénienne s’y combine avec les
influences françaises qui, petit à petit, s’infiltrent dans l’école.

Que le lecteur veuille bien n’attribuer qu’aux rigueurs de l’ordre chronologique le
retard que j’apporte à lui parler d’une œuvre capitale, mise en relief par l’exposition
de Gand : le Jean Steen du baron Van Loo. On m’assure que ce tableau n’est point
sorti de la famille, ce qui expliquerait à la fois son excellent état de conservation
et son peu de notoriété. Les figures sont de grandeur naturelle, chose des plus
rares dans l’œuvre du maître. Dans le merveilleux Repas de famille de la collec-
tion Steengracht, à la Haye, elles sont à peine au-dessus de la demi-nature. Pour
le reste, aucune comparaison à faire entre les deux œuvres. Autant le Repas de
famille est traité avec ampleur, autant la Cuisinière de la collection Van Loo se
distingue par son extraordinaire fini.

M. V an Westrheenen, l’éminent biographe de Jean Steen, insiste sur l’influence
exercée sur ce maître par Frans Mieris. Ici cette influence est absolument irrécu-
sable. Le tableau est, dit-on, signé; je n’ai pu m’en convaincre. L’authenticité
n’en demeure pas moins évidente. J’eusse grandement préféré une date. Très certai-
nement il s’agit d’une œuvre de jeunesse. La forme est d’une correction irrépro-
chable et, vraiment, suggère ce rapprochement, assez singulier à première vue,
fait par Reynolds, entre Raphaël et Jean Steen. La tête, les bras de la jeune
femme, sont d’un modelé admirable et d’une correction absolue. Comme le sont
souvent les têtes de Jean Steen, celle de la Cuisinière est éclairée de manière à
laisser la majeure partie de la face dans la pénombre. La silhouette se dessine
ainsi en lumière sur le fond et prolonge d’une manière gracieuse la ligne de
l’épaule. Par la droite arrive un jeune campagnard, un benêt vu de profil, et
portant un panier d’œufs. Sa figure niaise, éclairée en plein, est d’un dessin
étonnant. Miereveld n’a pas modelé avec plus de précision.

Dans son ensemble, — et le sujet suffit à le dire, — le tableau rappelle les
œuvres de Pierre Aertsen. La table qui occupe le premier plan, à gauche, est chargée
de victuailles traitées d’une manière supérieure. Il y a là un lapereau mort que ni
Van Utreclit, ni aucun peintre du genre nature morte n’a égalé. Le seul reproche
que l’on pût faire à ce tableau exceptionnel est d’être conçu dans une tonalité un
peu terne. Jean Steen a été plus entraînant. Il est rare de le trouver aussi complet.

Une seconde œuvre du même maître, datant de 1677, provient de la collection
de M. Soupart. C’est une scène de genre avec une société nombreuse se divertissant
dans l’enclos d’une habitation champêtre. On dirait l’œuvre d’un précurseur de
Watteau, car l’analogie n’existe pas moins dans l’interprétation que dans le
sujet. Même clarté de coloris, mêmes arrière-plans estompés. De plus, les person-
nages sont vêtus « à l’espagnole ».

Un Festin de Dirck Hais, tiré de la collection Van der Planche, a porté tout le
poids du grand nom de l’illustre famille à l’exposition. J’y ai bien vu, en réalité,
un excellent portrait de femme attribué à Frans Hais lui-même (n° 56), mais le
modelé des chairs, autant que les relations de couleurs et le goût des ajustements,
 
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