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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne et en Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0471

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LE MOUVEMENT DES ARTS.

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la sculpture saxonne telle que la montrent les reliefs de Wechselbourg ; mais au lieu
de la tendance à demi inconsciente vers la beauté et de l’excessive réserve dans le
mouvement et l’expression, nous voyons ici une recherche consciente et réfléchie
de l’effet dramatique : et cette recherche s’accompagne, dans les figures des
princes, d’un grand sens de la beauté plastique, dans le Crucifix et les reliefs, d'un
puissant réalisme expressif. » Ajoutons que la science, l'habileté technique, la
justesse du rendu achèvent de donner à ces ouvrages de Naumbourg une valeur
exceptionnelle. Souvent même, comme dans la figure d’une Matrone tenant un livre,
l’artiste anonyme a su trouver des lignes cl’une douceur pénétrante qui fait songer
aux Vierges de Veit Stoss et de Nurembergeois du xve siècle.

Les sculptures de la cathédrale de Bamberg se divisent en deux catégories :
l’une comprend une série d’ouvrages datant sans doute de 1200 à 1230, et tout
dépendants encore de l’art gauche et raide du xiT siècle; à l’autre appartiennent
au contraire des figures qui égalent en liberté de style, en hardi naturalisme, en
profonde originalité de conception et d’exécution, les statues de Naumbourg, dont
elles sont les contemporaines, et, suivant M. Bode, les parentes. C’est à cette
seconde catégorie qu’il faut rattacher les statues d’un couple impérial, la statue
équestre de Conrad III, une Annonciation, et la célèbre figure de femme appelée
Sainte Anne ou la Sibylle, toute pleine de sobre grandeur, digne pendant de la
Matrone cm Livre de Naumbourg.

De 1273 à 1430 fart gothique envahit enfin l’Allemagne, et la sculpture résigne
de nouveau son indépendance pour se mettre au service de l’architecture. C’est
pour elle un temps de recul ; elle s’arrête dans son effort de réalisme, et l’élégance
qu’elle atteint par instants, à Fribourg, à Strasbourg, à Cologne, à Saint-Sebald et
à Saint-Laurent de Nuremberg, ne suffit pas à compenser la forte vie qu’elle a
perdue.

Hâtons-nous donc d’arriver à la brillante période du xve siècle, où la sculpture
allemande reconquiert toute son originalité. M. Bode a écrit des pages excellentes
sur les caractères dominants de cette seconde Renaissance allemande. Il a bien
établi les deux points par où la sculpture du xve siècle se distinguait de celle
du xme : par une recherche plus grande du sentiment et de l’expression, et par un
sens nouveau de la composition d’ensemble. Pour la seconde fois la sculpture
s’affranchit de toute dépendance de l’architecture, revient cà l’observation con-
sciencieuse de la réalité naturelle. Et quelle différence dans la façon dont cette
observation est entendue par les sculpteurs allemands et les sculpteurs italiens de la
même époque! L’Italien cherche malgré lui à embellir les formes qu’il observe :
l’Allemand s’efforce de les rendre expressives, de les faire servir à traduire des
émotions intérieures. L’Italien étudie le nu, ne considère le vêtement que comme
une enveloppe sous laquelle doivent se deviner les formes du corps ; chez l’Alle-
mand, au contraire, l’étude du nu est assez peu développée : le corps apparaît
naturellement vêtu, et le vêtement est traité pour lui-mème, dans tous les détails
de ses plis. Enfin les œuvres allemandes sont presque toutes peintes, ce qui achève
de leur enlever tout caractère architectural, d’en faire ce qu’elles sont en réalité,
des tableaux en relief.

C’est à la Franconie et au Tyrol qu’appartient le premier rang dans cette
seconde floraison de la sculpture allemande. En Franconie, nous rencontrons, dès
l’abord, l’École de Nuremberg, avec ses trois grands sculpteurs, Yeit Stoss, Adam
 
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