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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Watteau, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0501

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WA T TE AU.

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gements, et comme on avait laissé à son libre caprice le choix du
sujet à traiter, il essaya d’y songer le plus sérieusement du monde.
Par malheur, sa fantaisie était un peu sautillante; d’autres travaux
l’occupèrent, et l’Académie qui, d’ailleurs, se montra fort indulgente
envers lui, dut attendre pendant cinq ans le morceau de réception
que le nouvel agréé lui avait promis. Elle ne perdit rien à ces retar-
dements, car, de 1712 à 1717, le jeune peintre n’a cessé de faire des
progrès, et elle gagna à ces lenteurs la glorieuse peinture qui est
une des fiertés du Louvre.

Pour le biographe épris des faits authentiques, l’histoire de ces
cinq années est difficile à raconter. Peu d’événements, beaucoup de
travail. A ce moment, Watteau ajoute un nouveau nom au catalogue
de ses amis : c'est en 1712, alors qu’il vient d’être agréé, qu’il se
lie avec le mousquetaire Caylus. Ces relations furent interrompues
par bien des entr’actes, car pendant les dernières années du règne
de Louis XIY, le comte de Caylus s’agite et se promène beaucoup.
En 1713, il est au siège de Fribourg; dans l’automne de 1714, il part
pour l’Italie et il n’y reste pas moins d’un an. Bientôt le militaire,
devenu archéologue, fait un beau voyage aux rives orientales. Mais
toutes les fois qu’il rentrait à Paris, il se mettait à la recherche de
Watteau, bien que celui-ci ne fût pas toujours facile à trouver, ayant
eu, plus que pas un, la manie du déménagement et l’amour de l’en-
droit écarté que rêvait Alceste. Caylus, parlant de ce qu’il a vu,
est ici un précieux témoin. Watteau, dit-il, était dominé par un
certain esprit d’instabilité. « Il n’étoit pas sitôt établi dans un loge-
ment qu’il le prenoit en déplaisance. Il en changeoit cent et cent fois,
et toujours sous des prétextes que, par honte d’en user ainsi, il s’étu-
dioit à rendre spécieux. Là où il se fixoit le plus, ce fut en quelques
chambres que j’eus en différans quartiers de Paris, qui ne nous ser-
voient qu’à poser le modelle, à peindre et à dessiner. Dans ces lieux
uniquement consacrés à l’art, dégagés de toute importunité, nous
éprouvions, lui et moi, avec un ami commun — c’était M. Hénin —
la joie pure de la jeunesse jointe à la vivacité de l’imagination, l’une
et l’autre unies sans cesse aux charmes de la peinture. »

Le prétexte qu’invoquait Watteau pour justifier ses perpétuels
changements de domicile n’était pas complètement imaginaire. Une
fois agréé à l’Académie, l’artiste avait connu les ennuis qui s’atta-
chent à toute célébrité naissante : il voyait son atelier envahi par des
fâcheux, amateurs ou marchands, qui le troublaient dans son travail.
Suivant le conseil du poète, il consentait à répandre son esprit, mais
 
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