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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Watteau, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0516

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nouveau délai d’un mois. Enfin l’obstiné rêveur se décide : il s’aper-
çoit qu’après s’être longtemps fait tirer l’oreille, son maître Gillot a
peint un Christ et a été reçu en 1715, que son ami Nicolas Vleughels,
agréé des plus récents, a livré son chef-d’œuvre le 31 décembre 1716.
Il a la conscience de sa faute; il voit clairement que tout le monde
est académicien excepté lui ; il prend un jour une résolution héroïque :
il se rend au Louvre, et il peint en très peu de temps et comme pour
se débarrasser d’un pensum, une des merveilles de l’école française,
Y Embarquement pour Cythère.

Ce tableau, sans précédent dans l’histoire de l’art national,
n’était qu’une esquisse inégalement poussée et, par endroits, un peu
flottante. Mais l’Académie eût été bien difficile si elle n’eût pas
accueilli avec honneur cette composition amoureuse qui, faisant
succéder une fleur de poésie vivante à toutes les allégories surannées,
allait devenir un événement dans l’histoire de la peinture. AVatteau
fut reçu académicien. Nous donnons, d’après le texte officiel, un
extrait de procès-verbal de la séance du 28 août 1717 :

Aujourd’huy samedy vingt-huit aoust mille sept cens dix-sept, l’Académie s’est
assemblée généralle. Le sieur Antoine Watteau, peintre, né à Valenciennes et
agréé le trente juillet mil sept cens douze, a fait apporter le tableau qui luy
avoit été ordonné pour sa réception, représentant une feste galante. L’Académie,
après avoir pris les suffrages à la manière accoutumée, elle a reçeu ledit sieur
Vatteau académicien, pour jouir des privilèges attachez à cette qualité, en
observant par luy les règlemens de la Compagnie, ce qu’il a promis, en prestant
serment entre les mains de Monsieur Coypel, écuyer, premier peintre du Roy et
de Son A. R. Monseigneur le duc d’Orléans, présidant aujourd’huy à l’assemblée.
Quand au présent pécuniaire, il a été modéré à la somme de cent livres.

La réception de Watteau avait attiré à l’Académie un nombre de
membres bien supérieur à celui des fidèles qui assistaient d’ordinaire
aux séances. Peintres, sculpteurs, graveurs, tous ceux qui avaient
une situation dans l’art étaient présents à la fête que présidait
Antoine Coypel; parmi les signatures inscrites au bas du procès-
verbal, il en est même une qui est touchante, celle de Gillot. Claude
Gillot, toujours un peu indiscipliné, pouvait à bon droit passer pour
un académicien intermittent ou, du moins, fort inexact : il était
constamment occupé le samedi et on le vojmit rarement aux réunions
de l’assemblée. Mais le 28 août 1717, il a été informé de l’ordre du
jour, il a voulu voter pour Watteau, et il est là, n’inscrivant son
nom qu’après celui de son ancien élève qui, prenant immédiatement
séance, signe pour la première fois le procès-verbal. Pourquoi nous
 
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