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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Chennevières, Henry de: La gravure du siècle au Champ de Mars: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0525

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LA GRAVURE DU SIÈCLE AU CHAMP DE MARS.

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Un homme s’est senti la fermeté d’avoir conscience, toute sa vie,
de cette saine réalité, ce fut Alexandre Tardieu. Petit-fils, arrière-
petit-fils de tous les Tardieu connus, son burin ne concéda jamais le
moindre sacrifice de rectitude à aucune des modes successives : il ne
dut même pas y songer, une seule minute, tellement son œuvre entier
est net de toute compromission. On ne le voit jamais douter, et cela
en l’espace de soixante ans, de la vertu de ses procédés de famille.
Etudiez son Barras d’LIilaire Ledru, le Saint Michel de Raphaël,
son Le Peletier de Saint-Fargeau de David, le Ruth et Booz d’Hersent
aujourd’hui à la Chalcographie du Louvre, la Marie-Antoinette de
F. Dumont, le Napoléon de Muneret puis d’Isabey, le Francklin de
Duplessis, le Blauw de David, le Maréchal Neij de Gérard : toutes les
dates de sa production se ressemblent invariablement, et rien n’y
diffère, même au détail, en dehors des naturels progrès d’un outil de
plus en plus exercé. Aussi son atelier donna-t-il naissance à la
généralité des excellents graveurs de l’Empire. Mais une école
recommandable n’aurait pas suffi au mérite de son enseignement,
s’il n’avait eu en Desnoyers le fier continuateur de sa doctrine de
style. Jamais élève ne prolongea d’une façon plus fidèle ni plus per-
sistante la manière intégrale d’un rnaitre. Il fut un temps, et ce
temps dure encore, où il était convenu de se moquer agréablement
des tailles du baron Desnoyers. La bravoure de son dessin tout de
franchise et respectueux, est pourtant bien entraînante. Les véri-
tables amateurs n’y résistent pas, et les belles épreuves de la plupart
de ses cuivres se couvrent d’or, au passage. La Chalcographie
possède la suite à peu près complète des planches de Desnoyers.
L’impeccable beauté du burin et la nature des sujets ne cessent de
leur valoir un débit toujours soutenu. Et les tout jeunes apprentis-
graveurs de l’Ecole des Beaux-Arts ne sont pas les moins réguliers
chalands de cette collection. Est-ce une manière inconsciente de
prolonger la maîtrise reconnue de l’homme, ou est-ce simple motif
de curiosité de facture? Il y a des deux, sans doute, car Desnoyers se
survit toujours par M. Henriquel et l’on ne voit guère de burinistes
soustraits en entier aux influences soit lointaines soit prochaines
de cette double personnalité... séculaire.

Un maître, contemporain de Tardieu, eut également une direction
d’école de la plus large portée, Bervic. Son Éducation d’Achille, de
l’an VI, et Y Enlèvement de Déjanire, de l’an X, furent des chefs-d’œuvre,
d’un rayonnement capital. Aux Salons d’alors, les élèves de l’un et
de l’autre se poussaient d’active ambition. Nombre de noms nouveaux
 
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